Punishment Park Abonnés

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En 1970, les États-Unis s’embourbent au Vietnam. Face à la contestation accrue du mouvement pacifiste, Nixon décrète l’état d’urgence et active le McCarren Act lui permettant d’arrêter tout opposant politique susceptible de mettre en danger la sécurité intérieure du pays. Militants des droits civiques, objecteurs de conscience, féministes, communistes, anarchistes sont aussitôt placés en détention. Au terme d’un jugement expéditif, les jeunes condamnés ont le choix entre vingt ans d’emprisonnement ou passer trois jours à Punishment Park, un centre de redressement situé dans le désert californien, qui sert aussi de lieu d’entraînement aux forces de police.
Deux équipes de journalistes européens vont suivre deux groupes d’accusés, un premier qui s’apprête à être jugé, le second qui l’est déjà.


Le film a été réalisé aux Etats-Unis à la suite du procès des Sept de Chicago (Abby Hoffman, Jerry Rubin, Bobby Seale, etc.), de l’assassinat de l’activiste noir Fred Hampton par la police de Chicago et de la mort de quatre étudiants blancs sur le campus de l’Université de Kent State tués par la Garde Nationale de l’Ohio.

Le gouvernement de Richard Nixon, de plus en plus paranoïaque, constituait une liste noire de citoyens américains opposés à sa politique nationale et internationale (qui prévoyait secrètement un bombardement du Cambodge).

Les comédiens amateurs que j’ai trouvés à Los Angeles étaient typiques de la jeunesse militante américaine de l’époque – un certain nombre d’entre eux avait déjà été emprisonnés, plusieurs avaient été confrontés au harcèlement raciste et violent de la police de Los Angeles. Les membres du Tribunal étaient également amateurs, certains exprimant leur propre conservatisme, d’autres se faisant les « avocats du diable ».

Punishment Park est-il un film démodé ? Oui… Et décidément non ! [...] On retrouve le même contexte social répressif. Sous des apparences trompeuses, la situation est encore pire actuellement – surtout pour les afro-américains et les américains d’origine indienne – et il est certain que comparé à la violence de l’Amérique contemporaine, Punishment Park ressemble à un pique-nique champêtre.

Le film fut interdit de projection aux USA dès sa sortie et jusqu’à présent n’a toujours pas été diffusé à la télévision américaine. [...] Le refus des Américains d’assumer leur histoire n’est que l’une des étonnantes réactions provoquées par le film, l’une des rares fictions ouvertement politiques jamais réalisée dans ce pays. La censure de Punishment Park aux Etats-Unis, et, par la suite de l’ensemble de mon œuvre dans la plupart des pays occidentaux, traduit la peur qu’a la télévision d’un public s’exprimant clairement et avec force, surtout lorsque cela concerne l’hégémonie du système économique, militaire et médiatique qui contrôle le monde aujourd’hui.

Le déni de la parole publique dans les médias est une des tragédies politique et culturelle de ce siècle. Ce n’est pas un hasard si un des thèmes majeurs de Punishment Park est l’ambivalence des médias qui tentent de couvrir les événements du Park avec leur coutumière « objectivité ».

Punishment Park n’est pas seulement un constat portant sur une période spécifique de l’histoire américaine. Ce n’est pas seulement une opportunité pour de jeunes américains de s’exprimer sans censure. C’est également une métaphore de l’évolution d’une société, régie par l’exploitation et la loi du marché, transformant la planète entière en un Punishment Park généralisé. Un monde où les sans voix, les pauvres, les exclus d’Internet, et tout ce qui n’est pas blanc, est totalement marginalisé. Punishment Park se voulait à l’époque un constat de l’état psychique de notre société. Rien ne prouve que la situation ait changé – si ce n’est dans un sens négatif. La polarisation et le conflit décrits par le film se sont constamment vérifiés depuis 1970, sous forme locales et/ou internationales...

Peter Watkins, 1997

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Un film de Peter Watkins

avec : Patrick Boland, Kent Foreman, Carmen Argenziano,
Luke Johnson, Katherine Quittner, Scott Turner...
bande originale : Paul Motian

pays d’origine : Etats-Unis
date de sortie : 1971
date de sortie en DVD : 24 janvier 2002

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Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.