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Bac en poche, Audrey décide de poursuivre ses études à la fac de Rennes. Elle quitte le cocon familial, son amie d’enfance, son copain... Au contact de sa nouvelle colocataire, elle découvre le militantisme politique et croise le chemin d’un jeune groupe de squatters qui lui propose de vivre autrement et lui offre une nouvelle vision du monde. Audrey choisit de partager leur expérience, de plus en plus radicale...
Le film de Bénédicte Pagnot raconte une histoire de notre temps, celle d’une jeune fille de la classe moyenne, Audrey, saisit à l’âge où tous les futurs devraient encore être possibles, mais qui comprend vite qu’elle ne veut pas appartenir à ce monde qui ne tourne pas très rond (et qui de toute façon ne veut pas d’elle, ni de son père au chômage).
A travers son parcours, s’esquisse le portrait d’une nouvelle génération pleine d’énergie et de révolte qui s’invente chaque jour une vie immédiate à mesure que les lendemains rapetissent. Désenchantée par la politique « classique », Audrey rejette les luttes traditionnelles pour s’incarner dans le slogan : « le monde sinon rien ! ». Ce sont les petits-enfants de mai 68 qui bricolent leur monde à eux (et entre eux).
Dans les scènes de vie du squat, l’organisation au quotidien, les discussions, les disputes et les contradictions, Bénédicte Pagnot s’intéresse à une jeunesse souvent inaccessible et des situations rarement représentées au cinéma. Et ça résonne dans le présent avec spontanéité et justesse. Pour obtenir ce résultat si réaliste, la cinéaste a choisi de faire jouer leurs propres rôles à des squatteurs. Elle a construit son scénario à partir d’improvisations répétées sans caméra, de discussions politiques qu’elle avait avec eux et qu’elle enregistrait en vue de construire ses dialogues. Cependant, il fallait faire fonctionner cette difficile rencontre entre des comédiens formés pour jouer et des comédiens amateurs interprétant des personnages proches de leur propre vie. Et c’est très réussi. Audrey est magnifiquement interprétée par la jeune comédienne professionnelle Pauline Parigot, qui nous rappelle (carrément !) les débuts de Sandrine Bonnaire chez Maurice Pialat.
La cinéaste quarantenaire pose un regard sensible sur une nouvelle génération, un regard tendre mais sans complaisance. Aucune leçon n’est donnée. C’est à prendre ou à laisser.
Les Mutins de Pangée, 2016
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Quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015, le philosophe Alain BADIOU donnait une conférence devant une salle comble pour, disait-il, « aider à ce que les meurtres de masse du vendredi 13 novembre, à Paris et à Saint-Denis, soient pensés au-delà des indispensables affects : horreur, barbarie, stupéfaction ». Il est rare que des intellectuels se risquent à analyser à chaud de tels évènements au moment même pourtant où le choc de l’émotion offre une opportunité à l’autoritarisme. Devant les victimes, devant tout un pays en état de choc, le pouvoir politique de l’époque répondait par « la guerre » et l’état d’urgence.
Extermination, déportation. Comme des métastases, le massacre de Gaza répand effroi, haine et aveuglement. Il est urgent de comprendre les racines de ce conflit qui a commencé bien avant le 7 octobre 2023. Dans cette étude historique et juridique implacable qui remonte à la naissance du sionisme, Monique Gemillier-Gendreau, grande spécialiste du droit international, montre que jamais Israël n’acceptera de reconnaître un État Palestinien vivant à ses côtés. D’autant qu’aujourd’hui, au massacre des êtres s’ajoute le massacre du droit. Adossé à la toute puissance des États-unis, le pouvoir israélien viole depuis toujours le droit international en toute impunité. C’est pourtant le moyen le plus important pour sortir de cette guerre coloniale qui n’en finit pas. La force du droit contre le droit de la force. C’est la conviction de l’autrice : « ramener le conflit sous la lumière du droit »
OMER BARTOV, historien israélien de la Shoah, dénonce l’aveuglement et la lâcheté devant le génocide de Gaza et s’inquiète de la radicalisation de la société israélienne. D’autres historiens de l’Holocauste comme Daniel Blatman ou Amos Goldberg ne cessent d’alerter sur le crime en cours, en direct, au vu et au su du monde. Autant de voix qui peinent à passer à travers l’énorme soutien, l’énorme indifférence et l’énorme ignorance.
Dans cette première partie de notre entretien, Sylvain Cypel, qui connaît depuis longtemps la scène américaine, éclaire ce divorce entre juifs américains et juifs israéliens « engoncés dans le tribalisme ».