La veille de leur mariage, un jeune couple, Eva et Mustapha, regarde la télé. Sur CNEWS, ils ont la surprise de voir le maire qui va les marier le lendemain. Un certain Robert Ménard, maire extrême droite de Béziers. Il annonce qu’il refuse cette union. Quoi ? Un choc pour les deux fiancés. Mais pourquoi donc ? C’est que Mustapha, qui est algérien, est en situation irrégulière et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.
Effondrés, les deux amoureux !
Sauf que c’est Robert Ménard qui est hors-la-loi. Un maire n’a pas le pouvoir d’empêcher un mariage. Avec ou sans papiers, il y a une liberté matrimoniale fondamentale, c’est l’article 12 de la Convention européenne des droits de l’homme. C’est aussi la jurisprudence du Conseil constitutionnel de 2003 : le séjour irrégulier d’un étranger ne fait pas obstacle à son mariage.
Tout ça, Ménard le sait et c’est contre ça qu’il lance une nouvelle castagne médiatique dont il est virtuose depuis des années, surtout dans la chasse à l’étranger, surtout s’il vient d’Algérie, pays où Robert a vu le jour et où son père était un ardent militant de l’OAS.
Robert, l’ancien trotskiste, journaliste et directeur de Reporters sans frontières, modèle du parfait renégat, est devenu un des grands maîtres du buzz démago. De la blouse à l’école à l’interdiction des kebabs, de la défense de la corrida au fichage ADN des chiens pour faire la chasse aux crottes, sans oublier des « unes » particulièrement accueillantes dans le journal municipal.
Aussi, ce mardi 18 février, le maire de Béziers était-il convoqué devant le procureur. Fier et inflexible, soutenu par une trentaine d’élus ceints de leurs écharpes tricolores, il a refusé de reconnaître l’infraction.
L’affaire est renvoyée devant le tribunal correctionnel. Et comme prévu, l’histoire est reprise dans tous les médias.
Dans cette lutte héroïque, Robert n’est pas seul. Toute la vieille droite du Sénat veut modifier tout ça. Il peut compter sur le RN et ses amis, Darmanin et Retailleau le soutiennent. Pour Darmanin, « le mariage est un droit, ce n’est pas un passe-droit ». Pour Retailleau : « quand la règle est mal faite, il faut la modifier » [1].
Vous croyez vraiment qu’on gagne les élections dans la France d’aujourd’hui avec des histoires comme ça ?