Des renseignements sur ceux qui renseignent . Un « texte à l’appui » de Pierre Souchon.

Quand un flic des RG abuse de son pouvoir contre une jeune femme vue en manif

Le

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J’AI UN GROS DOSSIER SUR TOI...

La police de Darmanin dépasse tellement les bornes qu’on ne s’étonne plus quand un flic des RG abuse ouvertement de son pouvoir contre une jeune femme qu’il a vue dans des manifs. C’est ce qui s’est passé dans un coin de l’Ardèche que connait bien notre collègue, le journaliste Pierre Souchon. Aujourd’hui, l’informatique permet à Big Brother de contrôler chacun jusqu’au moindre recoin de son intimité la plus intime.

Mais le bon vieux système du renseignement « de terrain » fait encore des merveilles. Le petit rapporteur de sous-préfecture fait toujours son joli métier. Et en cas d’un improbable abus, le citoyen est protégé, le ministère de l’intérieur est inflexible : « Si vous avez connaissance de faits compromettants concernant des agents de la police nationale, vous pouvez le signaler via la plateforme de signalement de l’IGPN ».
Vous voila donc rassuré !
Heu... Oui ?

En Ardèche, une militante Gilet jaune et insoumise a été intimidée cet été par un membre des RG. Fonctionnaire égaré, ou technique policière répandue ? Enquête.

« Tu es Julie Mounier (1) ? »
Attablée avec des amis autour d’un verre dans une brasserie d’Alissas (Ardèche), jeudi 20 juillet à 21 heures, Julie serre la main tendue de cet homme qu’elle n’a jamais vu.
« Oui, c’est moi.
– Enchanté, je suis Simon, du Service départemental du renseignement territorial (SDRT) de l’Ardèche.
– Ah ? Tu es des RG, alors ?
– Oui, c’est ça. On a changé de nom. Mais attention, je suis en congés, là ! Je bois un verre tranquille, avec ma femme… Tu sais, j’en ai, des infos sur toi !
– Ah bon ?
– Oui. Tu n’es pas d’Ardèche, tu es originaire de Picardie. Tu es infirmière à domicile (2). Et tu es séparée du père de ton fils, qui est très jeune.
– Dis donc, t’es bien informé ! Oui, c’est exactement ça !
– Tu vois, ça rigole pas. Et puis tu as été Gilet jaune, et il y a quelques semaines tu as organisé une action pour La France insoumise dans le quartier chaud de Privas en solidarité avec la mort de Nahel.
– C’est juste, confirme à nouveau Julie.
– Donc tu vois, j’ai un gros dossier sur toi. Et je vais t’appeler très rapidement pour qu’on en parle, parce que j’ai ton numéro.
– D’accord. »
La soirée de Julie se poursuit.À plusieurs reprises, « Simon » reviendra vers elle pour lui proposer un verre de vin rouge, sans succès : Julie ne boit jamais d’alcool.

La police parle de la police

Alors, mon cher Daniel, il faut bien faire son métier, parfois.
Tu connais le truc : les histoires de journaleux. Corroborer, sourcer, analyser, documenter, vérité, objectivité, contradictoire, et toutes ces histoires.
Première étape franchie avec succès : les deux témoins de cette scène, Aline et Sébastien (3), que je contacte, confirment point par point le témoignage de Julie.
La seconde étape est également avalée : il se trouve qu’Aline et Sébastien connaissent « Simon » de longue date, et attestent qu’il est effectivement fonctionnaire au Service départemental du renseignement territorial de l’Ardèche.
RG, comme dit Julie.
La troisième étape est alors effectuée : contacter le ministère de l’Intérieur pour lui demander sa réaction à ces faits.

Détaillons nos nombreux échanges, écrits et téléphoniques, dans la journée du 21 juillet. La place Beauvau m’appelle une première fois pour me dire qu’il y a un problème : ils ont besoin de temps pour me répondre. Ils demandent cinq jours de délai supplémentaire. Je leur accorde bien volontiers. Ils me rappellent pour me remercier.
Puis ils m’appellent à nouveau pour me dire que ce n’est pas le délai, le problème. Il y a un autre problème. Ah bon ?, dis-je. Mais alors qu’est-ce-que c’est ? (Car je suis discipliné et toujours prêt à régler les problèmes du ministère de l’Intérieur.) Le problème, Monsieur Souchon, c’est que les faits que vous nous rapportez sont graves. S’ils sont avérés. Donc on va ouvrir une enquête interne. Très bien, dis-je, mais quelle est votre réaction officielle ? Eh bien, me répondent-ils, on ne peut pas en avoir, puisque on n’a pas le droit de s’exprimer quand une enquête se déroule. Très bien, dis-je, ça veut donc dire que vous avez ouvert une enquête ? Non, me répondent-ils, pas encore, les faits sont trop récents.
Très bien, dis-je, donc si je résume, vous ne pouvez pas me répondre parce qu’il y a une enquête en cours qui n’a pas été ouverte ? Oui, c’est ça, Monsieur Souchon. Mais nous avons un conseil à vous donner.

À ce stade, j’étais très heureux et profondément comblé que le ministère de l’Intérieur me conseille à propos de mon métier, que j’exerce avec difficulté et paresse depuis longtemps, tout le monde le sait.
« Vous devriez dire à Julie Mounier, si vous êtes toujours en contact avec elle, de faire un signalement à l’IGPN grâce à la plate-forme en ligne.
– Très bien, je lui transmettrai. »
Nous nous sommes chaleureusement salués, et puisque je suis discipliné, j’ai répercuté les consignes du ministère de l’Intérieur à Julie, qui les a respectées et effectué dans l’heure un signalement IGPN.

Tu vois, mon cher Daniel, dans quelles sphères insoupçonnées peut mener de faire correctement son métier : pour tenter de comprendre ce que fait la police, j’ai appelé la police qui m’a demandé de m’adresser à la police. On en oublierait presque, là-dedans, que le ministère de l’Intérieur, ce n’est pas la police. C’est l’autorité civile, constituée, donc politique. Qui n’a rien à dire, ne répond pas, et laisse la police parler des policiers. C’est très intéressant, de faire correctement son métier…

Darmanin conscient, militants inconscients

Alors tu vois, c’est fatigant, mon cher Daniel, de faire son métier.
Il faut mal le faire, au fond, pour le faire bien.
Allons-y.

Interrogé sur ce qu’a fait « Simon », fonctionnaire du SDRT, le ministère de l’Intérieur affirme donc que les faits, s’ils sont avérés, sont « graves », évoque l’ouverture d’une enquête interne et conseille un signalement IGPN.
Lorsque Julie a vécu cette « intimidation », qu’elle a ressentie comme une « menace », selon ses mots, les deux témoins présents, Aline et Sébastien, eux, n’ont pas réagi. Ils n’ont rien dit, pas un mot, face à un mec qui se présente comme un RG en congés avec sa femme, verre à la main, et qui débite le curriculum vitae précis de leur copine devant tout le monde, jusqu’à parler de son enfant. Ils ont même, ensuite, discuté avec « Simon » toute la soirée. Parce qu’ils sont copains. Discuté, oui. De politique. En buvant des coups avec lui. C’est nettement plus intéressant, la politique, le réchauffement climatique, Macron, les migrants et Gabriel Attal que de protéger une amie…

On pourrait s’en foutre, au fond : Aline et Sébastien font ce qu’ils veulent, non ?
Oui.

Sauf que Aline et Sébastien sont militants. De la France insoumise. Julie aussi.
En d’autres termes, de nos jours, tu es militant, un RG intimide une camarade devant toi, non seulement tu ne réagis pas, mais tu bois des coups avec. Le ministère de l’Intérieur juge ça « grave » et veut ouvrir une enquête. Le militant, lui, ne voit pas le problème. Ce qui signifie que Darmanin est beaucoup plus conscient du cadre républicain et légal que les militants.
Nous, la gauche, sommes désagrégés à ce point-là.

Mieux : lorsque je contacte Aline, témoin numéro 1, elle confirme la scène, mais me demande expressément de ne surtout pas la citer, nulle part, au grand jamais, ce serait terrible, car ça pourrait lui nuire, elle connaît beaucoup de monde. Elle ajoute que dans une organisation dont elle est membre, la femme de « Simon » figure à ses côtés. La femme du RG. Ça pourrait nuire en effet à beaucoup de monde, on le voit.

Sébastien, témoin numéro 2, de son côté, confirme également les faits mais ne veut pas en parler au téléphone. Pourquoi ?, je l’interroge. « Parce qu’on est sur écoutes. » C’est parfaitement cohérent : tu passes la soirée à discuter avec un RG, mais tu n’en parles pas au téléphone car les RG t’écoutent…

Le bonus ?
Le bonus, c’est Chantal et Jocelyne (3). Des militantes ardéchoises insoumises chevronnées, elles, passées par mai 68, les facs, le trotskysme, le Larzac et tout ce qu’on voudra. Alertées par Julie, ces combattantes se montrent impitoyables. Pas avec le RG. Avec Julie. Car « c’est trop gros, un RG ne ferait jamais ça, c’est n’importe quoi, et puis tu es du menu fretin, tu n’intéresses pas les RG ».

On en est là, Daniel.
On en est là.

Dans ce brouillard idéologique à couper au couteau, on distingue seulement le fracas de nos défaites – disparition des solidarités militantes, démantèlement des collectifs qui structuraient la pensée : les voies broussailleuses de la dépolitisation sont impénétrables.

Le gros dossier

Et puis tu vois, c’est marrant.
« Simon », notre ami du Service départemental du renseignement territorial de l’Ardèche, a affirmé à Julie posséder un « gros dossier » sur elle.
Personne, et surtout pas Julie, après la démonstration éblouissante de « Simon », ne se hasarderait à remettre en cause son professionnalisme.
Moi moins que les autres : il se trouve que j’ai aussi un « gros dossier » sur lui. Épais. Dans une chemise jaune, cartonnée. Tenu journalistiquement depuis cinq ans, dans le cadre de mon travail. Avec des heures, des jours, des dates. Et des faits, surtout, des faits. Beaucoup. Dans mon « gros dossier », figure même son nom de famille, ses origines familiales, et une foule d’autres choses.
Je n’ai pourtant jamais porté aucun intérêt journalistique à la police. Depuis dix-sept ans que je fais ce métier, je n’ai jamais publié un seul article sur ce thème. Je laisse ce soin à d’autres, valeureux, compétents et nombreux. Mon truc, c’est le plutôt le politique, le social. Pendant le mouvements des Gilets jaunes, par exemple, j’ai passé huit mois sur le terrain, en Ardèche, avec eux. C’est là. C’est là que « Simon » s’est retrouvé à garnir mes cahiers de notes, jamais publiés jusqu’ici. Car « Simon », dans le cadre de son métier, était affecté au suivi quotidien des Gilets jaunes.

J’ai par conséquent de très nombreux témoignages de Gilets jaunes, uniquement de femmes, curieusement, qu’il a suivies pendant le mouvement. J’ai noté, à l’époque, scrupuleusement, de quelle manière ses appels et visites incessantes mettaient ces femmes au bord de la crise de nerfs, de l’effondrement – jusqu’à parfois quitter le mouvement. J’ai tout noté, elles me le racontaient au quotidien. J’ai même noté, à l’époque, que « Simon » avait plusieurs pseudos sur Facebook, dont « Marco Durand ». Il était intéressant, ce profil : ami avec tout ce que l’Ardèche comptait de militants… et de Gilets jaunes. Profil avec lequel « Marco Durand » conversait avec les Gilets jaunes la nuit – ses correspondantes me faisaient lire leurs échanges qu’elles trouvaient passionnants, se confiaient à lui –, et les appelait le jour comme « Simon ». Jusqu’à ce que découvert, il reconnaisse devant elles la supercherie…

En d’autres termes, lorsque Julie m’a contacté pour me raconter son histoire, j’ai retrouvé avec plaisir un vieil ami, et des pratiques qui m’étaient familières. C’est une continuité, en quelque sorte, pour ce fonctionnaire. À mon sens, nulle surprise.
Je te prie maintenant, Daniel, d’imaginer ce que le territoire national compte de « Simon ».
Et je t’interroge : penses-tu qu’il s’agisse d’un fonctionnaire égaré ? Ou bien ces agissements – coups de fil incessants, visites, « intimidations », faux profils sur les réseaux sociaux – sont-ils simplement une technique policière banale, largement partagée dans le pays ?
Et puis j’en ai encore d’autres, dans mon « gros dossier », des témoignages. Ce sont sans doute les pires. Ils sont à pleurer. Ils démontrent les relations très amicales de « Simon » avec plusieurs militants ardéchois, pas des moindres, à qui il arrive de bénéficier de ses avisés conseils politiques… Qu’ils reçoivent sans mot dire.

Connaître pour réprimer

Un aspect fondamental du problème, c’est que « les RG » nourrissent une foule de fantasmes, dans la population en général et chez les militants en particulier. Pour comprendre leur travail, il existe une lecture essentielle, que les militants du monde entier lisaient dans toutes les langues pendant des décennies – c’était avant que la gauche ne soit désagrégée : Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression, de Victor Serge. Dans ce livre magnifique, issu d’une étude minutieuse des archives de l’Okhrana, la police de renseignement russe, modèle de toutes les polices européennes, Serge écrit : « Le but immédiat de la police de renseignement est beaucoup plus de connaître que de réprimer. Connaître afin de réprimer à l’heure choisie, dans la mesure voulue. » Voilà l’essentiel : les RG ne produisent que de l’information – pas plus. Mais celle-ci peut être utilisée différemment selon les circonstances politiques, à des fins répressives. Serge poursuit : « On doit s’organiser de manière à se soustraire le plus possible à la surveillance policière de manière, dans les pays dits démocratiques, à n’être pas à la merci d’un coup de barre à droite de la bourgeoisie. » Ces lignes datent de 1926 : toute ressemblance avec l’actualité politique française serait une coïncidence… Il conclut par ce conseil de bon sens aux militants : « Dans notre travail, on devrait se montrer assez averti de la surveillance policière, même invisible, même inoffensive comme elle paraît l’être dans les périodes de calme. » Du bon sens…

Pour terminer, mon cher Daniel.
Tous les témoignages autour de « Simon » concordent sur ce point : il est très sympa, chaleureux, super gentil, et politiquement marqué à gauche. On n’en doute pas une seconde. On fait simplement remarquer que c’est une qualité professionnelle : n’importe qui est nettement moins enclin à raconter sa vie à un type terrorisant qu’à un mec très chouette… Simon est donc un excellent professionnel. En témoigne particulièrement ce qu’il affirme à Julie, à la fin de leur échange : « Tu as été Gilet jaune, et il y a quelques semaines tu as organisé une action pour la France insoumise dans le quartier chaud de Privas pour la mort de Nahel. » L’information est juste, et absolument pas compliquée à obtenir, puisque l’action était à la fois publique et légale. « Simon » devrait tout de même connaître une promotion rapide : une « note de renseignement » détaillée de sa direction centrale a précisément établi que durant les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le danger principal était la convergence… des quartiers populaires et des militants de gauche (4). Voilà pourquoi Julie n’est pas du « menu fretin », contrairement à ses amies insoumises chevronnées qui elles, n’ont strictement rien organisé dans aucun quartier populaire ardéchois. Ah si ! Elles parlent de rédiger un communiqué de presse depuis la mort de Nahel. Un mois plus tard, il n’est pas encore sorti… Mais ne doutons pas qu’il trouvera un écho phénoménal dans les banlieues déshéritées de ce pays : Nanterre et Vaulx-en-Velin l’attendent.
Et puis, tout de même.
Relativisons ces histoires policières.

Le camarade Serge nous appelle à la raison : « Il n’est pas de force au monde qui puisse endiguer le flot révolutionnaire quand il monte, et face auquel toutes les polices, quels que soient leur machiavélisme, leur science et leurs crimes, sont à peu près impuissantes. »


1. L’identité a été modifiée.
2. La profession a été modifiée.
3. Les prénoms ont été modifiés.
4. Mediapart, « Nahel : pour les services de renseignement, le danger vient de l’ultragauche et Mbappé », 29 juin 2023.

texte : Pierre Souchon
Illustrations : Roland Topor

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Une sélection :

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991 avec Jean-Luc Einaudi. Radio. PODCAST 17 octobre 1961 (1) : « Si c’était vrai, ça se saurait » Accès libreÉcouter

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Soixantième anniversaire du 17 octobre 1961. Mais c’est aussi le trentième anniversaire de la fin d’un silence de trente ans. De 1961 à 1991, ce pogrom qui eut lieu en plein Paris, au vu et au su de tous, fut passé sous silence malgré quelques courageuses publications. Oui, trente ans d’omerta. Quiconque interrogeait ou voulait témoigner s’entendait répondre : « si c’était vrai, ça se saurait ». En 1991, enfin, La Bataille de Paris, le livre de Jean-Luc Einaudi, a été un évènement important dans la prise de conscience de ce massacre. Films, articles, débats ont marqué alors la fin de ce silence. Sur France Inter, fin 1991, Là-bas si j’y suis diffusait une suite de reportages qui ont contribué à révéler ce crime d’État au grand public.

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991. Des témoignages historiques (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (2) : combattre la gangrène aujourd’hui Accès libreÉcouter

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J’avais 18 ans le 17 octobre 1961. J’étais avec mon copain Paulo au coin du pont Saint-Michel, à la sortie du métro, près de la pendule. On savait qu’il y aurait une manif des Algériens contre le couvre-feu que Papon leur avait imposé. Paulo devait faire des photos. Nous étions étudiants aux arts appliqués, rue Dupetit-Thouars, et comme toute cette génération, nous avions la trouille de partir pour l’Algérie. C’était un sujet quotidien de discussion et d’engueulade entre ces dégonflés de partisans de « la paix en Algérie » et nous autres qui soutenions le FLN et souhaitions l’indépendance. Des terroristes en somme.

17 octobre 1961. Nos émissions de 1997 (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (3) : entendre sans broncher l’écho des fusillades Accès libreÉcouter

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17 Octobre 1961 (4) Macron et son clientélisme mémoriel. Des documents, des archives et vos messages sur le répondeur dans les années 90 (Vidéo | Radio | Texte) 17 octobre 1961 (4) : Macron se refuse à reconnaître ce massacre d’Etat Accès libreÉcouter

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Déception pour celles et ceux qui depuis tant d’années se battent pour que la tragédie du 17 Octobre 1961 soit reconnue par la France comme un massacre d’État. Rappelons-le, entre 100 et 200 algériens sans armes furent abattus, torturés et noyés par la police française cette nuit-là. Si Emmanuel Macron est venu ce samedi déposer une gerbe sous le pont de Bezons, c’est par un simple communiqué que l’Élysée s’est limité à dénoncer « ces crimes inexcusables », comme s’il existait des crimes excusables : « Les crimes commis cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ».