La lettre hebdo de Daniel Mermet

Pour les fachos, c’est « à chier »

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« Laideur, wokisme et perversion ».

« Un festival de mocheté et de vulgarité ».

« Crade, satanique, apologie d’une idéologie déconstructrice et morbide ».

La fête de l’ouverture des JO de Paris n’a pas plu à l’extrême droite, mais alors pas du tout. Sur X c’est un flot de messages furibards qui donnent une petite idée de ce que pourrait être le spectacle et la culture si le RN arrivait au pouvoir.

La colère, c’est pas que tout ça soit sous le haut patronage de Louis Vuitton et Coca-Cola, c’est pas non plus Paris bloqué et vidé de ses habitants, c’est pas le fric énorme que ça coûte, non. C’est pas parce que c’était lourd et interminable cette soirée sous la pluie. La soirée « Macron prend l’eau ». C’est pas non plus l’hommage au baron Pierre de Coubertin, pourtant un vrai réac, un vrai colonialiste, un vrai admirateur d’Hitler. C’est un modèle pour Bardella, un héros à faire rentrer au Panthéon.
Non, c’est pire.

« C’est un spectacle d’une violence rare à l’égard de la religion chrétienne, ses symboles et ses incarnations : décapitation de Marie-Antoinette ».

« Des jeux woklympiques et une gay pride olympique ».

« Un plan cul à trois, non genré ».

« Marie-Antoinette ensanglantée ? C’est un clin d’œil au HamaSS ? ».
(Notez SS !)

« Le satanisme revient à la mode ces derniers temps ».

« Un carnaval kitsch. Catalogue exhaustif de toutes les modes militantes ».
etc...

Non, vraiment les fachos sont fâchés.

Pourtant Philippe Katerine tout nu et peint en bleu, pourtant, parmi les figures de femmes remarquables, une immense Gisèle Halimi et une Louise Michel en or, pourtant Aya Nakamura dansant et faisant danser la garde républicaine, pourtant Céline Dion chantant l’Hymne à l’amour, non rien de tout ça n’a ému notre extrême droite.

Et surtout pas, bien sûr, la délégation palestinienne chaudement applaudie et surtout encore moins la délégation algérienne qui, en passant sous le pont Saint Michel, a rendu hommage à la mémoire des algériens assassinés le 17 octobre 1961 par la police française, en jetant des roses dans le fleuve.

63 ans après, devant l’Institut et sur le Pont des Arts, Aya Nakamura et ses danseuses, dansent et rigolent avec la Garde républicaine.

Des symboles, bien sûr, seulement des images.


Daniel Mermet

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.