Là-bas 2024 : douze mois, douze articles

Plus vite, plus haut, plus fort dans le mur

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Là-bas 2024 : douze mois, douze articles. Un choix de douze articles qui ont marqué cette année. 2024, c’était l’année tant attendue des Jeux olympiques, et la médaille d’or du fonçage dans le mur est revenue à l’extrême droite pour son indignation exacerbée devant la cérémonie d’ouverture. Souvenez-vous.

« Surperformance » des athlètes français ! Mais ils ne sont pas les seuls, les réacs surperforment aussi ! Plus vite, plus haut, plus fort… sauf que eux, c’est dans le mur.

C’est la scène de la Cène sur la Seine qui ne passe pas.

Tout le monde a fait ce jeu de mot, tout le monde connaît ces images lors de l’inauguration des JO à Paris. « FESTIVITÉ » : la scène vue dans le monde entier par deux milliards de paires d’yeux et d’oreilles, avec un Bacchus tout bleu et tout nu ou presque, entouré des personnages traditionnels des bacchanales version Fellini, version parade foraine, version bal des Quat’z’Arts d’autrefois. Rien de bien outrancier.

Mais pourtant la fachosphère a foncé dans le mur au quart de tour.

Un régal. Rien que pour ça, cette ouverture des JO est une réussite : orgie de mauvais goût, propagande wokiste infecte, saccage français pour la culture, plébiscité par les ennemis de la France, de ses racines, de son identité… Tous les influenceurs de Facholand se sont lâchés. Une mise en scène « obscène », dit Alain Finkielkraut. Une « laideur générale » pour Marion Maréchal. Unanimité à l’extrême droite, de Matteo Salvini à Donald Trump qui l’a répété en boucle : « c’est une honte ».

En Allemagne, Beatrix von Storch, vice-présidente du groupe AfD (extrême droite) au Bundestag et petite-fille du ministre des finances d’Hitler, a ainsi réagi sur X : « Quelle cérémonie d’ouverture ? À juste titre, la tendance sur X est : #disgusting. D’abord une bande de transsexuels, ensuite le christianisme tourné en ridicule. Qui sont ces gens qui mettent en scène des choses comme ça ? »

C’est en effet surtout du côté chrétien qu’on a crié au scandale. La Conférence des évêques de France a déploré « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme ». L’évêque de Nîmes a célébré une messe de « réparation ». Le haut clergé l’a répété partout : « une véritable offense a été faite au Seigneur à Paris lors de la cérémonie d’ouverture des JO par la représentation d’une parodie de la Dernière Cène ». Oui, partout et en même temps, la même réaction réactionnaire parfaitement synchronisée, comme si on s’était donné le mot…

Et les malins n’ont pas manqué un étonnant rapprochement entre Elon Musk qui dénonce un « extrême manque de respect envers les chrétiens » et Jean-Luc Mélenchon qui demande : « à quoi bon risquer de blesser les croyants ? »

Sauf que tout ça ne repose sur rien. C’est un emballement médiatique qui a piégé tous ces indignés, telle la mouche sur le papier tue-mouches. Plus vite, plus haut, plus loin, une bonne façon de se faire piéger.

Car pourquoi cette vague d’indignation ?

Léonard de Vinci, L’Ultima Cena, tempera sur gesso, 460 × 880 cm, 1495-1498 (détail)

Parce que la fameuse scène « FESTIVITÉ » serait une parodie blasphématoire d’un tableau de Léonard de Vinci (1452-1519), La Dernière Cène, c’est-à-dire le dernier repas de Jésus avec les apôtres, à la veille de sa mort. D’où cette levée de boucliers et de crucifix brandis sur toute la planète contre le diable queer et autres drag-queens qui offensent gravement les braves croyants sans autre défense que leur foi.

Au passage, ceux qui fustigeaient hier ces musulmans arriérés qui ne supportaient pas les caricatures de Mahomet fustigent cette fois les wokistes dégénérés caricaturant notre Seigneur Jésus-Christ.

Sauf que c’est d’une tout autre peinture que le metteur en scène Thomas Jolly s’est inspiré pour cette « festivité ». C’est Le Festin des dieux de Jan van Bijlert, peint entre 1635 et 1640 et exposé depuis 1938 au musée Magnin à Dijon. Thomas Jolly s’en est expliqué longuement partout. Il ne souhaitait nullement offenser la foi de quiconque mais célébrer la vie, l’amour et le vin avec ces divinités de l’Olympe, puisqu’il s’agit d’olympisme.

Jan van Bijlert, Le Festin des dieux, huile sur toile, 110 × 104 cm, vers 1635-1640

Tout penauds en apprenant ça, mais mauvais joueurs, certains adeptes du blasphème se sont entêtés en accusant le metteur en scène de duplicité. Et même plus, puisqu’il a reçu des menaces de mort prises au sérieux.

Cette indignation devant cet improbable détournement de la Cène est soit malhonnête, soit inculte. Car même si La Cène de Léonard avait inspiré « Festivité », il n’y aurait guère de matière à scandale sauf avec une mauvaise foi intéressée.

En effet, l’immense peinture de Léonard est depuis longtemps l’objet d’innombrables détournements sacrilèges ou en hommage, depuis Salvador Dali (1955) ou Andy Warhol (1986) jusqu’à la publicité pour Volkswagen (1998) sans oublier la scène dans Viridiana de Luis Buñuel (1961). On ne compte plus ces parodies qui ne posent aucun problème. S’en indigner aujourd’hui procède de l’intention de porter préjudice. On ne dira jamais assez que s’il y a sacrilège, c’est qu’il y a sacré, ce dont tout bon croyant devrait se réjouir.

Les Simpson, saison 16, épisode 19, 2005

Enivré par son succès électoral, le RN fait dans la grosse propagande en montrant son mépris profond pour son électorat. Il faut aider les électeurs du RN à comprendre que le RN les prend pour des cons. En plus, on a là un aperçu de sa conception de la culture. Il y a un rapprochement à faire avec l’exposition de « l’art dégénéré » organisé au temps du IIIe Reich : « Entartete Kunst ». On y montrait des horreurs telles que des peintures de ce cinglé de Picasso ou de ce juif de Chagall et autres peintres modernes tels Otto Dix, Oskar Kokoschka ou Max Beckmann. Un succès. L’exposition de 1937 reçut plus de 2 millions de visiteurs.

Il n’est pas abusif de revenir au mot « dégénéré ». Il y a « genre » dans « dégénéré ». Or le genre pose un problème à l’extrême droite. Et c’est les artistes drag-queens présentes dans cette scène qui offusquent le très réactionnaire RN. Un rejet raciste qui s’ajoute à son racisme fondamental.

Sauf que là, ça ne passe pas. C’est le gros flop. L’extrême droite a pris une claque. Il faudra trouver du nouveau. Plus vite, plus haut, plus fort.

Ces JO ont le mérite de réveiller tout un tas de polémiques. Sous l’enthousiasme pour les épreuves et les médailles, l’engouement pour Teddy Riner ou Léon Marchand, on sait bien que les problèmes courent toujours. Mais cette gaieté passagère est bonne à partager, même si elle contrarie les militants des passions tristes et les gourous de l’anxiogène. La joie ne rend pas dupe, au contraire. L’amer désabusé, aigri et gris, est l’ami de nos ennemis. Macron a beau se démener pour se faire bien voir avec les championnes et les champions et leur voler une part de leur gloire, il est attendu au tournant.

Mais là, excusez-moi, ma petite-fille m’appelle pour regarder la finale de natation…

Daniel Mermet

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    C’est pas tout le monde qui sait parler à tout le monde.

    Parler à quelques-uns, entre soi, entre convaincus, c’est courant, entre ceux du même parti et du même monde. Mais c’est autre chose que de parler à tout le monde, aux mômes qui se marrent, à la mère qui conduit l’auto, au maçon qui a mis la radio, au grand philosophe qui se gare et aux peuples coloniaux qui sont en train de couper les ponts avec les grands ciseaux de l’histoire. Et ça, ça ne plait pas à tout le monde.

    C’est en 1952 que Jacques Prévert et André François envoient cette lettre. Le combat anticolonialiste se développe partout et la répression n’est pas tendre. La France massacre à Madagascar et va cogner en Indochine. La majorité approuve le pouvoir. À l’époque, sous ses airs poétiques et bon enfant, cette histoire est un grinçant pamphlet anticolonialiste. Les indépendances arriveront plus tard avec cette interminable traînée de sang.

    Aujourd’hui tout va bien, Donald Trump va coloniser le Groenland et Elon Musk la planète Mars.

    Nous, il nous reste les îles Baladar.

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    « La jeunesse emmerde le Front national, la jeunesse emmerde le Front national ! » Comment un appendice à une chanson de 1985, qui ne figurait même pas dans les paroles originales, est-il devenu un slogan antifasciste pour plusieurs générations, jusqu’à être entonné dans les rassemblements contre l’extrême droite en ce mois de juin 2024 ? Pour ce 37e numéro de ses « Chants de bataille », Olivier Besancenot revient sur la chanson des Bérurier noir : « Porcherie ».

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    Existerait-il des « faux » chants de bataille ? Des chansons qu’une écoute distraite attribuerait trop rapidement au mouvement ouvrier et aux luttes sociales alors qu’elles en sont en fait une caricature et une satire ? C’est peut-être le cas justement avec cette chanson notamment reprise par Marc Ogeret, Raoul de Godewarsvelde ou encore Pierre Perret. Qu’avait en tête Maurice Mac-Nab quand il écrit en 1887 les paroles du Grand métingue du métropolitain ? Olivier Besancenot a enquêté.

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    De la Gaule à de Gaulle, l’histoire de France est un scoubidou. Des fils de différentes couleurs tressés les uns avec les autres. Des couleurs qui ne veulent surtout pas se mélanger et d’autres qui s’accordent volontiers. Des fils qui aiment se nouer et d’autres qui sont des cordes en quête de pendus. Quel sens peut bien avoir cet interminable nœud ? Les puissants en ont fait de l’eau pour leur moulin avec des racines chrétiennes, des monarques exorbitants, des victoires sans pareil et des grandeurs éternelles. Autant de « valeurs » véhiculées par la puissante diffusion de la vulgarisation de l’histoire jusqu’au moindre interstice.

  • Là-bas 2024 : douze mois, douze articles « Indépendance cha cha » : l’hymne de l’indépendance du Congo Abonnés

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    Parmi l’histoire mondiale de toutes les exploitations, celle du Congo et des Congolais par le roi des Belges est sans doute l’une des plus effroyables et des plus exemplaires. Exemplaire jusques et y compris l’« indépendance » du pays, officiellement décrétée le 30 juin 1960.

    Non contente de faire croire que l’indépendance du Congo fut l’aboutissement de la politique coloniale belge et une largesse généreusement accordée par le roi, la Belgique fit assassiner, avec l’appui de la CIA, son premier Premier ministre, Patrice Lumumba. Ses torts ? Avoir sollicité le soutien de l’URSS face aux impérialismes belge et états-unien, et s’être farouchement opposé à la mainmise de l’ancienne puissance coloniale sur la riche province minière du Katanga. La légende raconte que c’est Patrice Lumumba lui-même qui invita le chanteur Grand Kallé à venir jouer pour célébrer l’indépendance du pays. Il interpréta avec son groupe African Jazz ce qui devait devenir un tube pour les 65 années à venir : Indépendance Cha Cha.

  • Tous les mois, Là-bas offre plusieurs films gratos à ses chères abonnées et ses chers abonnés ! Le ciné Là-bas de janvier : chaque mois des beaux films pour nos abonnés adorés Abonnés

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    Fondateur avec Henri Langlois de la Cinémathèque française en 1936, George Franju fut le créateur, avec Les Yeux sans visage, d’un des mythes les plus fertiles de l’histoire du cinéma. Au-delà de ce classique, Franju ne cessa de mettre en scène la lutte des puissances anarchistes du rêve et de la nuit avec celles, aliénantes, du pouvoir.

    Le visage ciselé, idéal mais artificiel de Christiane recouvre un cauchemar : une face mutilée et crevassée de cicatrices noires. Ce masque de Colombine rêveuse est la prison des fantasmes de son père, mandarin gonflé de son pouvoir. Génessier a fait du visage de Christiane son chef-d’œuvre inconnu, sans cesse recommencé à partir de la peau qu’il arrache à d’autres jeunes filles. Le miroir obscur menant aux Yeux sans visage, Franju l’a d’abord traversé dans le documentaire. Dans le court métrage Poussières, la délicatesse et la blancheur de la porcelaine dissimulent les poumons cancéreux des ouvriers du kaolin. La belle visiteuse blonde du musée d’Hôtel des Invalides, qui se recoiffe dans un périscope, a quant à elle pour reflet les gueules cassées de 14. L’envers de la beauté, de la paix ou du confort est la maladie, la défiguration et le pouvoir qui s’exerce sur un peuple réduit à ce que Franju nommait les « métiers d’épouvante ». Ceux-ci se pratiquent sous la surface de la terre, les mines, le métro, ou dans les abattoirs des faubourgs, monde « noble et ignoble » (Cocteau, sur Le Sang des bêtes, 1949) dont le décor devient cet assemblage de peau, de viande fumante et d’os. Là réside l’épouvante pour Franju, dans un fantastique débarrassé de tout folklore mais qui touche à des angoisses profondes, et en premier lieu les siennes. Il déclarait souvent avoir tourné Le Sang des bêtes alors qu’il adorait les animaux, La Tête contre les murs alors que rien ne l’effrayait plus qu’être « contaminé par les fous », et Les Yeux sans visage alors que les lames le terrorisaient.

  • Là-bas 2024 : douze mois, douze articles Lucie Castets, pas seulement le tube de l’été ? Accès libre

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    Comme par magie, elle est sortie du chapeau de la gauche le 23 juillet 2024. La voix des dieux de gauche est sortie des nuages : « petite Lucie, tu vas faire première ministre ! ». « Quoi ? Moi ? Qui n’ai aucun mandat, qui ne demande rien, qui ne connais guère la jungle politicienne ? »

    La voilà poussée en pleine lumière et, miracle incroyable, toutes les gauches sont d’accord pour l’installer à Matignon. Après Léon Blum et François Mitterrand, la gauche unie s’appelle Lucie Castets. On l’acclame, on lui joue Lucy in the Sky, oui mais c’est qui ? Énarque, économiste, militante des services publics, ouverte au compromis et toutes gauches compatible. Dans les rédactions, on est partagé, doit-on écrire haut fonctionnaire ou haute fonctionnaire ? Vite fait la voilà médiatisée, la voilà peopolisée, la voilà dézinguée : Lucie et son rouge à lèvres, ce sera juste le tube de l’été, et basta. Matignon, c’était pour de rire, pour le carrosse c’est retour citrouille. Oui mais dans Castets, il y a castagne, la gauche ne l’a pas lâchée et pour la suite elle est très décidée. Mais décidée à quoi ? Dialogue avec Laurence De Cock.

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.