Là-bas vous propose la traduction d’une importante tribune de Noam CHOMSKY, publiée récemment dans le New York Times (traduction : Claire Joly)

Noam Chomsky : les fausses promesses de ChatGPT Abonnés

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Plus besoin de se casser la tête, ChatGPT vous donne tout de suite les réponses à toutes vos questions et fait tout le boulot pour vous, vous n’avez plus qu’à copier-coller. ChatGPT est un « agent conversationnel » qui utilise l’IA (intelligence artificielle) et qui compte déjà plus de 100 millions de comptes enregistrés. Ses promoteurs affirment que ChatGPT pourrait à terme disposer d’une intelligence artificielle proche des capacités offertes par le cerveau humain. Une bonne nouvelle ?

Un tas de questions se posent : risque de manipulations, de détournements, de suppressions d’emploi, de confidentialité, de plagiats… mais surtout le risque d’une intelligence servile et sans pensée. Le pire est sans doute l’irresponsabilité. Pour Martine Leibovici et Aurore Mréjen, qui ont dirigé le numéro spécial des Cahiers de l’Herne sur Hannah Arendt, « ne plus se sentir responsable de ce que l’on fait, voilà le ressort de la banalité du mal pour Hannah Arendt ». Pour Noam Chomsky et ses collègues, ChatGPT est une fausse promesse.

Là-bas vous propose la traduction en français d’une récente tribune de Noam Chomsky avec Ian Roberts, professeur de linguistique, et Jeffrey Watumull, directeur du pôle Intelligence artificielle de la société Oceanit, publiée le 8 mars 2023 dans le New York Times.

Jorge Luis Borges a écrit un jour que vivre dans une période de grand danger et de grands espoirs, c’était faire à la fois l’expérience de la tragédie et de la comédie, avec « l’imminence d’une révélation » dans notre compréhension du monde et de nous-mêmes. Aujourd’hui, les avancées prétendument révolutionnaires de l’intelligence artificielle sont effectivement source à la fois d’inquiétude et d’optimisme. D’optimisme parce que l’intelligence est un outil qui nous permet de résoudre des problèmes. D’inquiétude parce que nous redoutons que le courant le plus répandu et le plus en vogue de l’intelligence artificielle – l’apprentissage automatique – discrédite notre science et dénature notre éthique en intégrant dans notre technologie une conception fondamentalement fausse du langage et du savoir.

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traduction : Claire Joly

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.