Contre l’extrême droite et ses idiots utiles, un article de Dominique Vidal

No pasarán !

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

Djihad contre les djihadistes

Nous sommes en guerre, il faut frapper, hurle Monsieur Valls. « Il faut un Guantanamo à la française », demande Monsieur Ciotti [1]. Les crimes de Conflans-Sainte-Honorine et de Nice ont déclenché un concours de vengeance haineuse, d’extrême droite, de droite, de partout, en continu. Experts toutologues et polémistes les plus réacs et les plus revanchards se sont dépassés, rejoints par plusieurs ministres en tenue de combat. Amalgame, stigmatisation, désignation de personnes à abattre, provocations pousse-au-crime. Des propos qui tombent sous le coup de l’incitation à la violence, incitation à la haine et à la haine raciale mais qui restent impunis au nom de la liberté d’expression. En somme, un véritable djihad contre les djihadistes. Salafisme contre salafisme, et aboutissement de la vague des problématiques identitaires qui ont pris la place des questions sociales depuis quelques années, pour le plus grand soulagement des maîtres. Ils savent bien comment la question sociale est désamorcée lorsqu’elle est formulée en termes ethnico-culturels. La loi sur « les » séparatismes est prévue pour détourner la lutte sociale. Inégalités, chômage, précarisation, la grande colère sociale qui résulte de quarante années de néolibéralisme ne trouve plus de débouché politique du côté d’une gauche trop embourgeoisée et trop éparpillée. Celles et ceux qui partagent cette colère, méprisés et réprimés lorsqu’ils portaient des gilets jaunes, pourraient glisser vers ce djihad contre le djihad et venir grossir les rangs d’une droite xénophobe qui partout marque des points.

D’où cet empressement à exploiter le choc émotionnel de tout un pays, avec le chacal pour modèle.

Daniel Mermet

Clarinada, Argentine, juin 1937

CONTRE L’EXTRÊME DROITE ET SES IDIOTS UTILES

No pasarán !

Si je reprends l’inoubliable cri des Républicains espagnols, c’est que l’irrespirable climat politique actuel me fait penser aux années qui précédèrent la Seconde guerre mondiale.

La France de 2020 n’est évidemment pas l’Allemagne de 1933. Mais les mêmes forces, qui œuvrèrent là-bas à la victoire du nazisme et chez nous à la collaboration avec lui, hurlent à nouveau leur haine, dans un contexte nationaliste mondial très inquiétant. L’« islamo-gauchisme » a remplacé dans leur bouche le « judéo-bolchevisme ». Au nom de la défense de la liberté d’expression, elles veulent en réalité étouffer notre liberté d’expression.

Je ne suis pas un fan d’Éric Dupond-Moretti, mais il a d’emblée répondu à Léa Salamé (en fait, je crois, à Gérald Darmanin) : « l’exploitation de cette émotion à des fins politiciennes me dégoûte. [2] » C’est tout l’objet de ce cri du cœur.

Oui, il faut combattre les tueurs islamistes. Oui, il faut défendre la loi de 1905 – toute la loi mais rien que la loi. Oui, la laïcité est le seul régime qui puisse nous permettre de vivre ensemble dans notre diversité sociale, politique, idéologique et religieuse. Mais faut-il débattre encore de l’utilité d’une réécriture des Livres saints – au pluriel, car l’Ancien Testament contient au moins autant d’appels au génocide que les sourates guerrières du Coran ? Nul besoin cependant d’être grand clerc pour savoir que cette perspective n’a guère de chance de se réaliser avant des décennies, sinon des siècles. Combien de temps a-t-il fallu à l’Église catholique, avec ses papes et ses conciles, pour renoncer à accuser les juifs d’avoir tué le Christ (sans cependant modifier la Bible) ? Imagine-t-on l’islam, dépourvu de hiérarchie, réécrire demain le Coran ? Quant au blasphème, toute personne informée sait qu’il n’est ni prôné ni interdit, notion religieuse qui ne figure – évidemment – dans aucune loi d’un État laïque comme le nôtre.

Franchement, la priorité n’est pas là. Charognarde, l’extrême droite s’empare du cadavre de l’enseignant assassiné pour appeler à une épuration à l’envers. Irresponsables, des ministres lui emboîtent le pas [3]. Les idiots utiles de l’Hiver républicain de Gilles Clavreul suivent le mouvement : pour mieux servir les ambitions frustrées de l’ex-futur maire de Barcelone ? Et, hélas, nombre de « Je suis Charlie », indiscutablement sincères, entérinent bon gré mal gré l’amalgame entre islamisme et islam, au risque de repousser les plus fragiles des musulmans, déjà souvent humiliés et discriminés, dans les bras des fondamentalistes. Et pourtant, contre ces derniers, il faut de toute évidence unir, et non diviser.

L’ex-président de France-Israël, Gilles-William Goldnadel, vient d’appeler à « venger Samuel Paty » [4]. J’ose espérer que sa langue a fourché. Car des esprits enfiévrés par toute cette propagande pourraient passer des paroles aux actes et s’en prendre à des musulmans, assimilés du fait de leur foi aux tueurs qui s’en réclament, voire à leurs soi-disant « complices ». Le 24 octobre, une courageuse main anonyme a tagué « collabo » sur le siège du parti communiste français (PCF), place du Colonel-Fabien – quel paradoxe, un descendant spirituel des véritables collabos accusant de cette infamie les héritiers du principal parti de la Résistance française !

Gare aux gestes symboliques : ils annoncent souvent le passage des paroles aux actes. Déjà, des traqueurs d’islamistes et d’« islamo-gauchistes » frappent dans l’indifférence générale. Le 20 octobre, les vitres d’une mosquée de Bordeaux brisées, et ses murs ornés d’un « Mahomet = lâche » et d’un « enlève ton voile » (sic). À Béziers, le lendemain, un appel sur Facebook à « cramer la mosquée » – signalé vainement à Pharos. Le surlendemain, à Angers, deux Jordaniens, un frère et sa sœur, agressés parce qu’ils discutaient… en arabe. Le 25, une femme voilée poignardée sous la tour Eiffel, acte qualifié par le parquet de « raciste », contrairement au « fait divers » présenté par les médias – on imagine la réaction des mêmes si la victime était juive ou chrétienne. Faut-il rappeler que, tout au long de l’année, des policiers avaient donné de tristes exemples de brutalités souvent racistes, dont Un pays qui se tient sage, l’incroyable film de David Dufresne, donne une vision saisissante qui se passe de commentaires ?

Et je ne reviens pas ici sur les discriminations que subissent, en France notamment, les enfants de l’immigration – et dont le Défenseur des droits, alors le courageux Jacques Toubon, dénonçait en juin dernier la « dimension systémique ». Celle-ci menace, ajoutait-il, les « droits fondamentaux » de « millions » de personnes ainsi que la « cohésion sociale » [5].

Sont-ils conscients du danger ? Certains n’hésitent pas à accuser nommément de complicité avec le terrorisme des responsables politiques :

 Gérald Darmanin semble champion toutes catégories dans cet exercice. Ce ministre d’État, qui revendique dans l’enquête pour viol qui le vise une présomption d’innocence qu’il refuse au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), a répondu à Alexis Corbière à l’Assemblée nationale : « je ne m’explique pas qu’un parti comme le vôtre, qui a dénoncé pendant longtemps l’“opium du peuple” en soit désormais lié avec un islamo-gauchisme qui a détruit (?) la République. [6]. »

 Jean-Michel Blanquer, lui aussi, dans le Journal du dimanche, désigne à l’opprobre publique Jean-Luc Mélenchon – Marine Le Pen l’avait fait avant lui – ainsi que… Edwy Plenel. Sa vindicte englobe les universités et plus généralement les sciences sociales « gangrenées » par une « vision du monde qui converge avec les intérêts islamistes » [7].

 ô surprise, l’ineffable Manuel Valls participe également à la curée contre le leader des Insoumis : « il a été d’une très grande complicité, il a une très grande responsabilité dans tout ce qui s’est passé, dans tout le rapport de la gauche avec la lutte contre l’islamisme. » Conclusion : Mélenchon n’est plus « dans le camp des républicains » [8].

 même l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve fustige (sans précision il est vrai) « un islamo-gauchisme qui regarde avec les yeux de Chimène certaines organisations communautaristes qui ont en elles une défiance, pour une pas dire une forme de haine, de la République » [9].

 Valeurs actuelles, il y a un an, présentait à sa « une » un « panel » plus large d’« islamo-collabos » [10].

 à L’Express, Élisabeth Badinter assure : « cela ne peut plus se régler dans le pacifisme, car c’est allé trop loin. C’est une guerre que nous devons mener ». Et de dénoncer : « à nouveau, une partie de la population se dira que, peut-être, on exagère la menace. Nos adversaires vont jouer là-dessus, avec la complicité de leurs alliés à gauche, que ce soit une bonne partie des Insoumis, comme dans les universités où des clusters vont développer cette argumentation victimaire. [11] »

 une autre Élisabeth (Lévy), avec un prodigieux sens de la prémonition, avait tout prévu voici quatre ans : « certains, comme les indigènes de la République et tous ceux qui rejouent sans arrêt la guerre d’Algérie, ne sont pas des idiots utiles de l’islamisme mais des complices assumés. En revanche, il y a effectivement, à l’extrême gauche du paysage médiatique, un parti de l’Islam qui fait le jeu, sous couvert de libertés, de l’islam le plus archaïque. Plenel ou Lancelin se sentiront toujours plus proches d’un Tariq Ramadan ou peut-être pire que d’Alain Finkielkraut. [12] »

 le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ne pouvait rester à l’écart : le réalisateur Yves Azéroual (dont le film accusateur a été déprogrammé… à Neuilly-sur-Seine) en est certain, « l’islamo-gauchisme est avant tout une idéologie qui passe par une alliance objective entre la gauche radicale et l’islam politique ». Et de se demander « pourquoi cette gauche prétendument anticléricale a-t-elle conclu cette alliance avec l’islamisme [13] ? »

 dans la même veine mais à la manière de Je suis partout, Dreuz.info rebaptisait le chroniqueur quotidien de France inter « Claude Mohammed Askolovitch », formule reprise par plusieurs sites ultra-sionistes [14].

 Philippe Karsenty, sur celui de Causeur, fait porter à Charles Enderlin la responsabilité de l’assassinat de Samuel Paty – basse vengeance du débouté de l’affaire Al-Doura [15].

 last but not least, plus récemment, dans l’émission « 28 minutes » d’Arte, Pascal Bruckner se répand en diatribes antiféministes pour mieux attribuer rétroactivement à Rokhaya Diallo la responsabilité de l’attentat sanglant contre Charlie [16].

 à propos de Charlie, enfin, un « ami » me traite sur Facebook d’« assassin » parce que… je critique des « unes » signées de Riss – à qui, comme à tout caricaturiste, il est arrivé de déraper, sans doute plus souvent qu’à son tour…

Je le répète : la France de 2020 n’est pas l’Allemagne de 1932, a fortiori de 1942. Il faut néanmoins tirer les leçons du passé. Les aïeux des islamophobes les plus hystériques d’aujourd’hui étaient alors des antisémites non moins hystériques. Faites l’expérience réalisée il y a longtemps par Esther Benbassa : remplacez, dans les pires des textes d’incitation à la haine de l’islam, le mot « musulman » par le mot « juif »… Ceux qui s’en prenaient aux « youpins » dans l’entre-deux-guerres se rendaient-ils compte que leurs cibles finiraient à Auschwitz ? Et que leur propagande ignoble aurait ainsi contribué à l’extermination de six millions d’entre elles, avec tant de Tsiganes, de Slaves, de handicapés et d’homosexuels ?

À chacun sa sensibilité, à chacun son histoire. Parmi les déportés de ma famille paternelle, tous sont revenus, excepté mon grand-père Nissim, mort à Dachau en mai 1945, après la libération du camp par l’armée américaine. Mon père, Haïm, est revenu de Birkenau et des Marches de la mort. Ma grand-mère Esther et ses filles Adèle et Germaine de Ravensbrück. Mon oncle Jacques a survécu à Buchenwald et à Dachau. Sauvée par les protestants du Chambon-sur-Lignon, où l’avaient cachée ses parents entrés dans la Résistance, ma mère Jacqueline a été marquée à vie comme tant d’enfants cachés – c’est d’ailleurs pourquoi elle est devenue « porteuse de valises » pendant la guerre d’Algérie. En leur mémoire, je l’écris comme je le pense : un Éric Zemmour, récidiviste multi-condamné, qui continue à déblatérer sur les musulmans dans les émissions de CNews, ne vaut pas mieux qu’un Philippe Henriot honnissant les juifs sur Radio Paris – même si je ne lui souhaite pas la fin du Goebbels vichyssois.

Tant que j’en suis aux confidences, je veux en ajouter une, importante, car elle explique ma sensibilité particulière, à fleur de peau, à toute forme de racisme anti-arabe, même camouflé en islamophobie. Ma maman, je l’ai dit, doit la vie aux magnifiques protestants auvergnats qui l’ont cachée, comme des milliers d’enfants juifs – et jamais personne, jamais, ne les a dénoncés à la Gestapo. Cette dette, elle s’en est acquittée en devenant « porteuse de valises », dans les réseaux Jeanson-Curiel, pour le Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie. Dans notre tout petit appartement, s’empilaient les journaux interdits – Vérité Liberté – et les livres prohibés, de La Question à La Torture dans la République. Des réunions s’y tenaient aussi, avec des dirigeants indépendantistes et leurs « complices », comme Pierre Vidal-Naquet ou Laurent Schwartz – deux de ces « traîtres » qui sauvèrent l’honneur de la France.

Tout cela dépassait l’enfant, puis le pré-adolescent que j’étais. Mais, le dimanche, j’allais souvent chez ma tante, locataire d’un HLM tout neuf face au bidonville de Nanterre : j’y jouais avec les mômes arabes, qui me firent visiter leur « gourbi ». Dans le métro, quand les flics contrôlaient les « basanés », je n’y coupais pas. Durant la nuit du 17 octobre 1961, j’attendis pendant des heures, tremblant, le retour de ma militante de mère : elle revint la tête en sang. Quatre mois plus tard, ma première manif fut l’enterrement des neuf morts du métro Charonne. Le lendemain, dans ma classe de quatrième au lycée Michelet, je pris longuement la parole, avec la complicité de la prof de français et malgré l’obstruction des « minets » OAS.

« Amis Facebook » qui me reprochez une comparaison « indigne » entre deux époques, vous oubliez que la longue tradition arabophobe ancrée dans la colonisation ne fut pas que verbale : des Français ont humilié, torturé, assassiné des millions de musulmans à commencer par les Algériens. Ressaisissez-vous ! Croyez-vous sincèrement qu’on puisse associer la mémoire de Samuel Paty aux diatribes contre les musulmans de France, y compris ces enfants arabes qu’il a, comme tous les autres, tant aimés ? Avez-vous oublié qu’il emmenait ses classes à l’Institut du monde arabe ?

« Venger » Samuel Paty, c’est d’abord combattre les djihadistes et leurs complices. Je témoigne que les associations de solidarité avec la Palestine ont dénoncé publiquement depuis des années le collectif Cheikh Yassine et son chef Abdelhakim Sefrioui, d’ailleurs lié à l’extrême droite comme des photographies l’attestent, sans que les « services » ne sévissent [17]. Il aura fallu qu’il soit impliqué dans le drame de Conflans pour que le Conseil des ministres dissolve son groupuscule. « Venger » Samuel Paty, c’est aussi combattre d’un même mouvement les prêcheurs de haine islamistes et islamophobes. C’est enfin rassembler toutes les forces démocratiques et républicaines contre l’extrême droite et ses alliés/rivaux au sein du gouvernement. En 2022, il faudra s’en souvenir !

No pasarán !

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

  • « Déportation de masse maintenant » Une dame avec une pancarte Abonnés

    -

    Lire

    Dans un flot d’images, un torrent, un gavage d’images, voilà une seule photo dans un meeting de Trump, une dame avec cette pancarte : « MASS DEPORTATION NOW ».

    Elle est tout heureuse, toute ravie, le genre de mamie qui sait choisir les airelles pour la dinde de Thanksgiving, qui s’occupe de l’entraide dans son église, quelque part en Alabama et qui adore gâter ses petits-enfants.

    Comment en est-elle arrivée à arborer cette pancarte ? Comment en est-elle arrivée à exiger une déportation de masse, là, maintenant avec ce grand sourire ? Dix à treize millions d’hommes, femmes, enfants doivent être « déportés », elle l’exige.

    Elle applaudit quand Trump, pour la millième fois, dit qu’il vient sauver ce pays envahi par « des criminels dangereux, dont beaucoup proviennent de prisons et d’institutions psychiatriques et qui sont entrés illégalement dans notre pays depuis le monde entier ».

  • Contre angoisse et résignation, un entretien avec Alain DENEAULT qui publie FAIRE QUE ! (Lux) PODCAST FAIRE QUE ! Une réponse à la question « que faire ? » : FAIRE QUE ! Accès libre

    -

    Écouter

    QUE FAIRE ? C’est la question mille fois posée face à toutes les turbulences comme devant les grands horizons. Comment s’orienter dans des bouleversements écologiques sans précédent, auxquels, manifestement, ni les États ni le capital ne remédieront ? Comment s’engager quand l’extrême droite sème la confusion et détourne la colère des objets réels ? Comment s’y prendre quand le libéralisme dissout tous nos repères dans la gouvernance technocratique ? Comment agir quand on est passé de Lénine à Calimero, du souffle révolutionnaire à la complainte victimaire ?

  • L’extrême centre amène toujours le pire Accès libre

    -

    Voir

    Les extrêmes, voilà le mal. Le bien, c’est le centre, la mesure, l’équilibre. Nos esprits sont ainsi solidement construits. Le bien, c’est le compromis et la modération, c’est le fameux « en même temps » de Macron. Sauf que cet extrême centre nous amène l’extrême droite aujourd’hui en France. Depuis longtemps, l’historien Pierre SERNA a mis en évidence dans notre histoire les moments où ce ventre mou a entraîné le pire. Déjà Zeev Sternhell avait évoqué les conséquences du « ni droite, ni gauche ». En 2015, Alain Deneault publiait LA MÉDIOCRATIE. « Il faut penser mou et le montrer. » Ce que le premier ministre François BAYROU réalise parfaitement aujourd’hui en France.

  • Épiphanie La plus belle nouvelle du monde Accès libre

    -

    Lire

    Elle est née il y a cinq minutes dans ce canot de migrants qui dérive vers les îles Canaries. Elle est vivante, elle est sauvée, sa mère aussi. Les secours sont arrivés quinze minutes après l’accouchement. C’est les secours en mer qui ont diffusé cette photo. Un chef-d’œuvre. Voyez le visage infini de la mère, les mains qui se tendent vers l’enfant nue, les bras qui protègent et toute cette grave grappe humaine… Tout notre monde tient dans cette image. Un infime battement de vie dans une barbarie planétaire.

  • Les socialistes trahissent-ils toujours ? Abonnés

    -

    Voir

    Suite au dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement Bayrou et au refus des députés socialistes de la voter, voilà que la question de l’ontologie de la trahison est reposée : les socialistes trahissent-ils toujours ? Réponse en quinze minutes avec Gérard Mordillat et un exemple vieux de plusieurs décennies : le droit de vote des étrangers aux élections locales.

  • Laurence De Cock reçoit la réalisatrice Hélène Desplanques Où sont passés les cahiers de doléances ? Abonnés

    -

    Voir

    En décembre 2018, quelques semaines après le début du mouvement des « gilets jaunes », l’association des maires ruraux propose aux maires volontaires de mettre à disposition des cahiers vierges pour y recueillir les revendications des Françaises et des Français. Reprise et amplifiée par le président de la République, l’idée accouchera de 20 000 cahiers et 2 000 000 contributions. Que contiennent ces cahiers ? On ne sait pas ! Aucune étude nationale ne s’est jamais penché sur le contenu de ces cahiers, relégués sur les étagères des archives départementales, jusqu’à…

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Georges Moustaki : « Nous sommes deux » Abonnés

    -

    Voir

    En 1967, une junte militaire prend le pouvoir à Athènes et inaugure sept années de dictature. Arrestations massives des opposants de gauche. Tortures et censures généralisées n’empêchent pas les chants contestataires. Míkis Theodorákis compose « Imaste Dyo ». En 1970, Georges Moustaki l’adapte et enregistre « Nous sommes deux ». Olivier Besancenot revient aujourd’hui sur le travail et l’engagement du compositeur grec, disparu en 2021.

  • Jacques Prévert illustré par André François, interprété par Daniel Mermet Jacques Prévert : « Lettre des îles Baladar » Abonnés

    -

    Écouter

    Baladar, une île heureuse, est envahie et exploitée par les continentaux de Tue-Tue-Paon-Paon attirés par la fièvre de l’or. Mais le balayeur municipal immigré, Quatre-Mains-à-l’Ouvrage, grâce à son courage et à son astuce, renverra à la mer les colonisateurs déconfits.

    C’est pas tout le monde qui sait parler à tout le monde.

    Parler à quelques-uns, entre soi, entre convaincus, c’est courant, entre ceux du même parti et du même monde. Mais c’est autre chose que de parler à tout le monde, aux mômes qui se marrent, à la mère qui conduit l’auto, au maçon qui a mis la radio, au grand philosophe qui se gare et aux peuples coloniaux qui sont en train de couper les ponts avec les grands ciseaux de l’histoire. Et ça, ça ne plait pas à tout le monde.

    C’est en 1952 que Jacques Prévert et André François envoient cette lettre. Le combat anticolonialiste se développe partout et la répression n’est pas tendre. La France massacre à Madagascar et va cogner en Indochine. La majorité approuve le pouvoir. À l’époque, sous ses airs poétiques et bon enfant, cette histoire est un grinçant pamphlet anticolonialiste. Les indépendances arriveront plus tard avec cette interminable traînée de sang.

    Aujourd’hui tout va bien, Donald Trump va coloniser le Groenland et Elon Musk la planète Mars.

    Nous, il nous reste les îles Baladar.

  • The witch Le Pen is dead ! Un reportage pour donner des idées à la jeunesse (PODCAST) J’irai danser sur ta tombe ! Ding, dong, the witch Le Pen is dead ! Accès libre

    -

    Écouter

    Le matin on est Charlie. La main sur le cœur, on défend la liberté d’expression et le droit au blasphème. Le soir, on envoie les flics contre des manifestants qui fêtent joyeusement la mort d’un antisémite, tortionnaire et raciste qui a ramené l’extrême droite au premier rang en France. Bien souvent, dans l’histoire, la mort du tyran déclenche la liesse populaire. On dit que dans l’heure qui a suivi la mort de Franco le 20 novembre 1975, on avait déjà bu tout le champagne de Barcelone. À Santiago du Chili, on se souvient des énormes feux de joie pour la mort de Pinochet en décembre 2006.

  • Laurence De Cock reçoit les professeurs et un ancien élève de l’école Vitruve (Paris XXe) « Entreprendre pour apprendre » : quand une école publique expérimente la pédagogie par projets depuis plus de soixante ans Abonnés

    -

    Voir

    Voilà plus de soixante ans que l’école dite « Vitruve » fait figure d’exception. « Dite » Vitruve, car cela fait déjà trente ans que l’école a déménagé non loin de la place de la Réunion, passage Josseaume, même si tout le monde continue de l’appeler par son ancien nom, « école Vitruve ». L’exception, c’est que Vitruve est l’une des très rares écoles primaires publiques à s’autoriser une pédagogie différente, fondée sur l’organisation de projets et la responsabilisation des élèves. Alors à quoi ressemble le quotidien à l’école Vitruve ? Quels sont les principes de la pédagogie mise en œuvre à Vitruve ? Comment ce qui n’était en 1962 qu’un « groupe expérimental » initié par un inspecteur de l’éducation nationale pour lutter contre l’échec scolaire a-t-il pu se perpétuer jusqu’à maintenant ? Laurence De Cock reçoit Anna et Fabien, deux professeurs à l’école Vitruve, et Léo, ancien élève.

  • Chants de bataille #37 : « Porcherie » LA JEUNESSE EMMERDE LE FRONT NATIONAL ! Abonnés

    -

    Voir

    « La jeunesse emmerde le Front national, la jeunesse emmerde le Front national ! » Comment un appendice à une chanson de 1985, qui ne figurait même pas dans les paroles originales, est-il devenu un slogan antifasciste pour plusieurs générations, jusqu’à être entonné dans les rassemblements contre l’extrême droite en ce mois de juin 2024 ? Pour ce 37e numéro de ses « Chants de bataille », Olivier Besancenot revient sur la chanson des Bérurier noir : « Porcherie ».

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Mac-Nab : « Le grand métingue du Métropolitain » Abonnés

    -

    Voir

    Existerait-il des « faux » chants de bataille ? Des chansons qu’une écoute distraite attribuerait trop rapidement au mouvement ouvrier et aux luttes sociales alors qu’elles en sont en fait une caricature et une satire ? C’est peut-être le cas justement avec cette chanson notamment reprise par Marc Ogeret, Raoul de Godewarsvelde ou encore Pierre Perret. Qu’avait en tête Maurice Mac-Nab quand il écrit en 1887 les paroles du Grand métingue du métropolitain ? Olivier Besancenot a enquêté.

  • Daniel Mermet reçoit Laurence De Cock pour son livre « Histoire de France populaire » Histoire de France populaire Abonnés

    -

    Voir

    De la Gaule à de Gaulle, l’histoire de France est un scoubidou. Des fils de différentes couleurs tressés les uns avec les autres. Des couleurs qui ne veulent surtout pas se mélanger et d’autres qui s’accordent volontiers. Des fils qui aiment se nouer et d’autres qui sont des cordes en quête de pendus. Quel sens peut bien avoir cet interminable nœud ? Les puissants en ont fait de l’eau pour leur moulin avec des racines chrétiennes, des monarques exorbitants, des victoires sans pareil et des grandeurs éternelles. Autant de « valeurs » véhiculées par la puissante diffusion de la vulgarisation de l’histoire jusqu’au moindre interstice.

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

Le

On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

Le

En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

Le

« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.