Version écrite et augmentée

Monique Pinçon-Charlot : « c’est la première secousse d’un séisme plus profond »

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

(photos : Jonathan Duong/LÀ-BAS SI J’Y SUIS)

Vous avez été très nombreux à écouter notre entretien avec la sociologue Monique Pinçon-Charlot. En voici la version écrite et augmentée afin d’aller plus loin, à oreille reposée.


Vieux amis de Là-bas, les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot auront passé leur vie à mettre leur savoir au service du contre-pouvoir. Pas n’importe lequel, celui des jetables contre les notables.

Pour eux, ce que nous vivons aujourd’hui, c’est un « virus de classe », la première secousse d’un séisme plus profond, c’est aussi un rendez-vous historique. Mais pour finir, ils s’interrogent sur la portée de leur engagement et nous incitent à dépasser le confortable « marché de la contestation sociale ». Des mots lucides et rares : « le capitalisme nous donne des miettes en reconnaissance de tout le travail que nous faisons pour dévoiler leurs turpitudes, leurs corruptions, leurs fraudes en tous genres, car cela contribue paradoxalement à les aider à affiner leur asservissement et à engranger toujours plus de profits. Il y a une sorte de marché de la contestation sociale. On se retrouve dans des fêtes ensemble, dans des entre-soi joyeux, on est contents de nous. Et finalement, on n’ose pas aller plus loin face à la violence des riches. »

Voici la version écrite – intégrale – de l’entretien du 13 avril dernier avec Monique Pinçon-Charlot, sociologue, ancienne directrice de recherche au CNRS.

Daniel Mermet — Monique, comment se passe cette « confinerie » pour vous, les Pinçon-Charlot ?

Monique Pinçon-Charlot — Pour nous deux, ça va ! On a un jardin, donc c’est un confinement de classe favorisée, je dirais. Cela nous permet d’admirer le ciel bleu immaculé de nos enfances, sans aucune trace d’avions. L’air est pur et cela nous procure un sentiment d’apaisement bienvenu.

Daniel Mermet — Si, en ce moment, vous deviez travailler sur vos amis les riches, ça vous emmènerait à la campagne, au bord de la mer, parce qu’ils ont quitté les beaux quartiers.

Monique Pinçon-Charlot — Oui, ils sont dans leurs châteaux. Les plus riches ont tout de suite pris leur jet privé pour aller se mettre à l’abri. Ce coronavirus, c’est vraiment un virus de classe, et Macron a été parfait en tant que fondé de l’oligarchie à l’Élysée, en favorisant les favorisés, par exemple avec le télétravail.

Daniel Mermet — Mais enfin, il nous a bien dit que c’était la guerre, l’union sacrée. Monique, ce n’est pas le temps de la polémique !

Monique Pinçon-Charlot — Oui, mais quand tu es combattante, tu ne changes pas d’arme en fonction des diktats de celui que tu combats. Donc pour moi, l’union sacrée n’existe pas dans la mesure où, dès son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron a divisé, comme jamais, la société française en traitant les Français les plus démunis de rien, de fainéants, dans un mépris de classe incompatible avec la fonction présidentielle. Avec ses amis du Medef, Macron ne cesse de rappeler que les travailleurs ne sont que des coûts et des charges. Toujours le mot qui blesse pour ceux qui n’appartiennent pas à sa France des premiers de cordée, du coup nous l’avons rebaptisé le méprisant de la République !

De plus, il a donné – comme jamais aucun président de la République ne l’avait fait – des dizaines de milliards d’euros sans aucun contrôle, sous forme de cadeaux fiscaux, à ses camarades de classe – les riches – qui l’ont placé à l’Élysée ; méprisant les travailleurs et gavant d’argent les propriétaires des moyens de production, d’échanges et d’informations.

Donc, le grand diviseur, c’est lui, et maintenant il déclare, comme tu l’as dit, la guerre en effet, mais… contre un virus. Il a employé six fois cette expression, « nous sommes en guerre », pour que les Français n’entendent pas qu’en réalité, c’est une guerre dont il est le grand chef des armées, une guerre des riches contre le peuple de France, contre ceux qui aujourd’hui sont au front, contre tous les soignants, les éboueurs ou les travailleurs des chantiers qui doivent continuer à bâtir, à s’exposer et à mettre leur vie en danger.

Daniel Mermet — Tu es un peu dure quand même avec tes amis les riches, parce qu’ils se montrent très généreux. Ils font assaut de dons, de fonds, ils donnent beaucoup d’eux-mêmes. Ils fabriquent des masques, des liquides pour l’hygiène, etc. Ils s’étaient déjà montrés très généreux au moment de l’incendie de Notre-Dame. Et, comme disent les gens : ils ne sont pas obligés ! Mais même ça, ça ne te satisfait pas ?

Monique Pinçon-Charlot — Pas du tout, pour deux raisons. La première, c’est que la seule chose qu’on leur demande, c’est de payer leurs impôts, d’arrêter de planquer leur argent dans les paradis fiscaux, de refuser de contribuer à la solidarité nationale. La note est extrêmement lourde pour les contribuables français, soit 100 milliards d’euros qui, chaque année, manquent dans les caisses de l’État.

Je pourrais encore rajouter une autre enveloppe de 100 milliards d’euros qui manquent dans les caisses de l’État avec les niches fiscales qui profitent massivement aux plus riches. Et puis il y aurait même une troisième enveloppe de 100 milliards d’euros, mais je m’arrêterai là, sinon vous allez avoir les oreilles cassées. Dans cette troisième enveloppe se cachent les MPCI (les modalités particulières de calcul de l’impôt) : c’est en réalité un magma de niches fiscales, de choses qu’il ne faut pas trop savoir, mais qui sont favorables aux puissants.

Ça fait des sommes énormes en regard de ce que les riches donnent, de manière méprisante car charitable, pour calmer la colère d’un peuple qui n’admet plus les fortunes indécentes des grandes fortunes capitalistes. Celles-ci pressentent fort bien qu’elles vont se retrouver dans le même rapport de force que dans l’après-guerre, à la Libération, où la bourgeoisie avait collaboré directement ou indirectement avec les nazis allemands, tandis que les travailleurs s’étaient engagés avec courage dans la Résistance. Nous avons un livre avec 2 672 notices de cheminots, victimes de la répression des autorités nazies allemandes ou de celle du régime collaborationniste de Vichy. C’est dans ce contexte qu’a pu être conçu, en 1944, le programme du Conseil national de la Résistance, dit « Les Jours heureux », qui définissait les cadres sans lesquels le retour du passé serait inévitable. L’État-providence a pu ainsi se construire avec notamment la Sécurité sociale, tout ce système sanitaire unique au monde de notre France solidaire et rebelle.

Daniel Mermet — D’après toi, quelle est l’origine de cette pandémie, où la fais-tu commencer ?

Monique Pinçon-Charlot — La seule et unique cause de cette pandémie, c’est véritablement le pillage par les capitalistes de la nature, avec la déforestation, la bétonisation, l’urbanisation intensive, la pollution, et tout ce qui relève du « réchauffement climatique », ou plutôt du « dérèglement climatique ». Le capitalisme a toujours exploité l’être humain en lui volant sa force de travail et en ne la payant pas à sa juste valeur ; et simultanément il a exploité le monde animal et le monde végétal.

Aujourd’hui, il n’y a donc plus de frontière biologique entre les virus, notamment de la faune sauvage, et les humains. On est face à ces nouvelles maladies que les écologues appellent des zoonoses, que sont le SIDA avec les primates, le SRAS (dû à une autre forme de coronavirus), et avec ce COVID-19 qui est une forme extrêmement pathogène pour l’humain, à cause d’un virus qui arrive tout droit d’une chauve-souris. Donc c’est le capitalisme, ce sont les capitalistes qui portent l’entière responsabilité de cette pandémie qui nous vaut ce confinement et cet entretien par téléphone ! N’ayons pas peur des mots pour désigner les maux !

Daniel Mermet — Oui, parce que « capitalisme » est un gros mot ! Enfin, c’est de moins en moins un gros mot…

Monique Pinçon-Charlot — Oui, c’est vrai. Nous étions l’année dernière à Arras pour le 1er Mai. Nous sommes allés, Michel et moi, à la manifestation bon enfant, ouverte et fermée par la police. Parmi les manifestants, beaucoup criaient et chantaient des slogans anticapitalistes. C’était la première fois qu’on entendait ça, parce que nous allons tous les 1er mai à Arras. Nous avons fait part de notre étonnement à un militant communiste qui nous a avoué tendrement : « ben non, avant nous étions anticapitalistes, mais on n’osait pas le dire ! »

Daniel Mermet — Moi je parle de l’ « autruche capitaliste » qui est capable de tout avaler, d’avaler toutes les crises. Le capitalisme a toujours su en tirer parti, les surmonter. Alors que nous, on est toujours en train de dire : ça y est, il est foutu, la bête est morte ! Et hop, à chaque fois il remonte sur ses pattes et c’est reparti pour un tour. Et nous, on est juste là à tenir la digue, à essayer de résister comme on peut. On n’est sans doute pas assez offensifs. C’est une crise sans précédent : de mémoire de sociologue, as-tu déjà vécu ce genre de choses ?

Monique Pinçon-Charlot — Non, je ne l’avais pas vécu. Nous avons toujours beaucoup alerté, Michel et moi, sur la violence du dérèglement climatique que les riches ne freinent pas, sur lequel ils spéculent même, à travers des produits financiers comme les dérivés – les « catastrophe bonds » –, aujourd’hui, c’est les « pandemic bonds ». Ils ont toujours des tas de raisons pour continuer à déforester, à foutre des pesticides, en veux-tu en voilà. Ça nous a toujours beaucoup alertés, Michel et moi. Pourquoi ne freinent-ils pas le dérèglement climatique puisqu’il va éliminer la partie la plus pauvre de l’humanité, sûrement plus de 3 milliards d’êtres humains ? Comment est-il possible de supprimer des vies pour faire des profits ?

Aujourd’hui, ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que c’est la première secousse d’un séisme qui va avoir des répliques très nombreuses. C’est-à-dire que là, on ne doit pas se placer dans la posture : « et le jour d’après ? ». On doit se placer dans une posture anticapitaliste sur très long terme pour sauver la planète et l’humanité dans son intégralité. Et là, nous pouvons constater qu’avec le confinement, les moins protégés sont les plus pauvres, et ceux qui sont obligés de travailler. Et comme par hasard, en France, il n’y a ni masques ni tests. Ça n’est pas fait exprès ? D’où ça sort, toutes ces lacunes, comment c’est possible ? Ils devront rendre des comptes, parce que ces erreurs, ces lacunes sont en réalité criminelles, elles ont en tout cas des conséquences criminelles.

Daniel Mermet — Il y a déjà des plaintes déposées devant les tribunaux, il y a quand même des boucliers qui se lèvent, des voix qui s’élèvent. Il y a une chose qui ajoute à l’angoisse générale, c’est leur incompétence. La défaillance et l’incompétence de ce pouvoir sont très inquiétantes.

Monique Pinçon-Charlot — Non, je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas une incompétence, c’est une stratégie de classe, et on le voit très bien, par exemple, avec les découvertes de Mediapart : Laurent Mauduit et Martine Orange ont eu accès à la note de route de Macron à destination des hauts fonctionnaires de la Caisse des dépôts et consignations. Or cette note entend réformer le système de santé dans le sens d’une privatisation et d’une marchandisation accélérée ! Les citoyens seront sidérés de constater les manipulations de celui qui dit blanc, la voix tremblotante, lors de ses allocutions comme chef d’État mais qui, dans les coulisses, fait noir comme fondé de pouvoir de l’oligarchie qui l’a placé à l’Élysée [1]. Mais les manipulations seront encore au rendez-vous des médias de ses amis milliardaires, quand il faudra à la sortie du déconfinement camoufler un tel camouflet ! Avec, par exemple, l’annonce de partenariats public-privé. Donc avec le mot « public », les gens vont croire que c’est bon. La revendication de l’innovation, avec un grand coup de pouce à la « santé numérique », fera chic, alors que c’est le processus de la déshumanisation du rapport entre le malade et le médecin qui se détériorera encore un peu plus.

Enfin, les hôpitaux publics et les établissements de santé publics non lucratifs seront présentés comme si c’était la même logique. Les gens ne verront pas la différence entre les mutuelles, les fondations qui font du fric et les hôpitaux publics. On va donc se retrouver face à une offensive idéologique et linguistique de grande envergure. Pourquoi le directeur de l’Agence régionale de santé du Grand Est a-t-il été limogé ? Parce qu’il a osé dire ce qu’il savait. C’est-à-dire qu’il allait y avoir 174 lits supprimés dans le Grand Est dès le mois de juin, et 598 postes supprimés.

Daniel Mermet — Je comprends ce que tu veux dire. Il y a une chose qui inquiète aussi beaucoup ces temps-ci, c’est le « tracking » qui, sous prétexte évidemment de nous protéger, peut nous surveiller encore davantage.

Monique Pinçon-Charlot — On retrouve toujours la même logique, celle du très beau livre de Naomi Klein, La Stratégie du choc. Montée d’un capitalisme du désastre [2]. Le coronavirus a été traité à longueur d’antenne avec ses morts, la panique a été instaurée d’une manière illisible, certains confinés, d’autres devant travailler et pour cela diminuer le nombre de rames de métro, il faut être masqués, mais on n’a pas de masques ! La stratégie du choc, c’est de profiter d’une pandémie dangereuse pour faire peur, sidérer la population avec des injonctions contradictoires afin de museler la possibilité de critiquer le président de la République. Pourquoi ? Pour précisément faire ce dont tu as parlé tout à l’heure : permettre au système capitaliste dans sa phase néolibérale de transformer cette pandémie en une aubaine pour faire rebondir un système capitaliste aujourd’hui à la peine.

Pour répondre à ta question sur les bracelets électroniques pour tous les malades à partir de ce « tracking », c’est une étape de plus pour peaufiner la surveillance de masse du peuple de France. Les dominants profitent de la pandémie comme ils l’ont fait avec les attentats, et une fois que ces dispositions seront en place, eh bien elles y resteront. Et on arrivera à 1984 d’Orwell (tous potentiellement contrôlés, tous surveillés) et à Surveiller et punir de Michel Foucault. Il n’y a qu’une solution, c’est abattre la propriété privée lucrative. Macron a achevé la création d’un État néolibéral au service des plus riches. Il faudra donc changer les hauts fonctionnaires compromis avec le monde des affaires et tous les chiens de garde des grands médias. Acrimed a donné récemment la liste de ceux qui devraient laisser leur place pour y mettre d’autres personnes – par exemple toi et moi, ici présents ! – pour informer sur d’autres manières de voir le monde, avec la création de coopératives, de mutuelles et une appropriation sociale et collective des grands moyens de production et d’échange [3]. Il faut absolument créer à l’issue du confinement un rapport de force favorable au monde de ceux qui travaillent, et il faut vraiment que vos auditeurs et tous les Français comprennent que nous sommes à un rendez-vous historique de l’humanité. Le Covid-19 est la première secousse d’un séisme mondialisé, dû au pillage de la nature, qui va nous faire vivre de pandémie en pandémie, de catastrophe climatique en catastrophe climatique.

Je donne un autre exemple de ce qui va advenir : les glaciers ont fondu, maintenant on en est à la décongélation du pergélisol. C’est un magma qui est congelé depuis plus de 30 000 ans, où on trouve plein d’animaux préhistoriques. Ce pergélisol ressemble à du ciment. Et c’est une bombe. Il y a des virus qui vont ressortir, et surtout, dans le pergélisol, tenez-vous bien, il y a deux fois autant de gaz à effet de serre qu’il y en a aujourd’hui sur la planète. C’est donc une bombe à retardement !

Daniel Mermet — C’est du permafrost dont tu parles, de toute la Sibérie ! Ce que tu dis fait écho à un entretien qu’on a publié avec Noam Chomsky [4]. Il est très alarmant, il dit : ce Covid-19 est terrible, mais on survivra. Par contre, ce qui arrive derrière ! Lui parle d’un risque de guerre nucléaire, et exactement ce que tu dis sur cette destruction de l’environnement qui, selon lui, verra la disparition de notre espèce. Ce n’est pas un savant fou, il sait très bien la portée de ce qu’il dit.

Monique Pinçon-Charlot — Tout ce que je dis aussi est complètement validé. Il y a mille chercheurs qui ont appelé à la désobéissance civile au mois de février. C’est un truc inouï : mille chercheurs, confrontés aux problèmes de l’écologie, de la climatologie, de la vulcanologie, à tous ces problèmes liés au dérèglement climatique, appellent à la désobéissance civile : allez rejoindre Alternatiba, allez rejoindre Attac, faites de la désobéissance civile, pour qu’enfin ils fassent leur travail pour tenter de sauver le climat ! C’est énorme !

Daniel Mermet — Est-ce que la recherche, c’était mieux quand vous étiez jeunes ? Comment étiez-vous financés ?

Monique Pinçon-Charlot — On était tous les deux chercheurs au CNRS. C’est d’ailleurs ce statut de fonctionnaire à vie qui explique que nous ayons pu faire le travail que nous avons fait. C’est-à-dire que nous avions un statut qui relevait d’une bulle que je dirais « communiste », puisque c’était les contribuables qui payaient nos salaires chaque mois. Et on avait la garantie de l’emploi toute notre vie jusqu’à la mort, puisqu’on a notre retraite maintenant. Ce statut privilégié nous a permis de décortiquer par tous les bouts la classe possédante. Michel et moi, nous avons fait en quelque sorte de la désobéissance institutionnelle, puisque presque tous les sociologues travaillaient sur les catégories sociales défavorisées. Par contre, les dominants étaient largement préservés de l’investigation sociologique.

Daniel Mermet — C’était demandé, ou « ça se faisait » ?

Monique Pinçon-Charlot — Ça se faisait. C’est-à-dire que si tu travaillais sur les dominants, comme on l’a fait, tu te retrouvais face à des problèmes nouveaux de réception de ton travail, que ce soit pour le financement des enquêtes, pour la carrière ou avec des critiques inhabituelles des collègues . Tout cela a été écrit dans notre journal d’enquête (Voyage en grande bourgeoisie, PUF, Quadrige, 2015).

Par rapport au coronavirus, il y a eu deux exemples intéressants de chercheurs qui ont connu des difficultés de financements : Bruno Canard, qui était spécialisé à Marseille sur le coronavirus, et Hubert Laude, vétérinaire, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique, devenu une sommité mondiale sur ce virus, et tous deux ont vu leurs financements supprimés pour raison de non-rentabilité.

Daniel Mermet — Là, il y a une carence terrible. Il faut absolument renflouer la recherche. Parce qu’on l’a déjà fait, on voit ce que ça a donné, ça a donné des Pinçon-Charlot ! Malgré tout ce qu’on a pu dire de vous, vous avez une certaine utilité !

Monique Pinçon-Charlot — On ne préfèrerait pas. On est des sociologues heureux, mais des citoyens malheureux !

Daniel Mermet — En tout cas, il faut vraiment se mobiliser. Il y a des pistes. J’espère que ça ne va pas être comme en 2008. Tu te souviens ? En 2008, il y a beaucoup d’espoirs, de débats, avec au bout un retour à la normale.

Monique Pinçon-Charlot — Je voudrais terminer sur quelque chose qui nous tient beaucoup à cœur. C’est que nous, les Pinçon-Charlot, vous, Daniel Mermet et toute votre équipe, tous ceux qui luttent contre les inégalités, contre cette classe sociale prédatrice, contre le capitalisme, nous tous qui voulons vivre de façon humaine, tranquille, heureuse, amoureuse, avec la conscience de notre finitude dans une humanité savourée, eh bien, du néolibéralisme, nous sommes aussi responsables. Le capitalisme nous donne des miettes en reconnaissance de tout le travail que nous faisons pour dévoiler leurs turpitudes, leurs corruptions, leurs fraudes en tous genres, car cela contribue paradoxalement à les aider à affiner leur asservissement et à engranger toujours plus de profits. Nous avons des éditeurs et des moyens d’expression, même si cela devient de plus en plus difficile. Il y a une sorte de marché de la contestation sociale. On se retrouve dans des fêtes ensemble, dans des entre-soi joyeux, on est contents de nous. Et finalement, on n’ose pas aller plus loin face à la violence des riches.

On n’arrive pas, par exemple, à généraliser la désobéissance civile en appelant le plus grand nombre à se mobiliser. En effet, pour que cette désobéissance civile soit non-violente, il faut qu’on soit très nombreux. Nous n’avons pas à être violents, parce que la violence, elle est du côté des riches qui nous volent nos vies pour engranger des profits financiers. Je pense que la non-violence est parfaitement jouable car le peuple représente beaucoup de monde et c’est lui, comme nous le constatons en cette période de confinement, qui assure le fonctionnement de l’économie réelle.

Donc nous devrions tous ensemble, après le confinement, envahir l’espace public qui nous a été interdit, et faire preuve d’imagination. Je sais qu’il y a déjà beaucoup de choses qui se passent au niveau des partis, des syndicats et des associations. Il faut que toutes les luttes convergent avec une grande visibilité dans les espaces publics, y compris dans les beaux quartiers !

On ne peut pas attendre chacun chez soi avec nos petites pétitions, à continuer comme avant. Ça, ce n’est plus possible.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

  • Faut-il réduire l’immigration ? Réponse avec François Héran, professeur au collège de France « M. Retailleau enfile les poncifs et les idées reçues à une densité absolument saisissante » Abonnés

    -

    Écouter

    Depuis que Bruno Retailleau a été nommé au ministère de l’Intérieur, il a remis l’immigration au cœur de l’agenda politique et médiatique. Et comme à chaque fois que ce sujet est instrumentalisé, on entend un certain nombre d’idées reçues se balader d’un plateau télé à l’autre sans qu’on en vérifie la véracité : y a-t-il une explosion de l’immigration ? La France est-elle envahie ? L’immigration est-elle une « chance » ou un « coût » pour les Français ? L’immigration menace-t-elle l’identité française ? La nationalité française est-elle accordée trop facilement ? Autant de questions qui appellent des réponses précises et documentées. Pour en avoir, on a appelé le grand spécialiste de l’immigration, François Héran, professeur au collège de France.

  • De 2005 à Michel Barnier, vingt ans de déni démocratique Abonnés

    -

    Voir

    Vous avez voulu Mélenchon ? Vous aurez Retailleau. C’est en substance la réponse qu’a apportée le chef de l’État aux élections législatives anticipées qu’il avait lui-même convoquées en juin dernier. Ceux qui s’étonnent encore d’un tel déni démocratique devraient pourtant commencer à avoir l’habitude : depuis au moins 20 ans et le « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen, les gouvernements n’ont même plus besoin de se cacher quand ils veulent s’asseoir sur le vote populaire. Vous en avez marre de vous faire avoir ? Gérard Mordillat aussi.

  • Le lettre hebdo de Daniel Mermet Marine et Manu préparent la dissolution* Accès libre

    -

    Lire

    Cher Manu,

    Je trouve enfin un moment pour te répondre pendant ces audiences et ces plaidoiries à mourir d’ennui. J’espère que vous allez bien Brigitte et toi depuis l’autre soir, cette omelette aux cèpes était une merveille. Dis-lui que le manteau de mi-saison qu’elle m’a conseillé pour le procès est parfait, pas de fantaisie mais chic quand même. Cette affaire est kafkaïenne. Les médias ont repris nos éléments de langage, ces petits moutons sont toujours parfaits avec nous. On perd du temps dans ce tribunal mais on risque quoi ? Une grosse amende ? Pas de souci, on paiera, comme dit Jordan, on est pété de thunes. Une peine d’emprisonnement ? Trop bien ! Me voila embarquée. « Qui va s’occuper de ses chats ? » Je vois déjà les titres et mes chats tout maigres. Un record de com ! On prend dix points. Reste l’inéligibilité. Là, c’est encore mieux ! C’est cadeau ! Enfin libre ! Je prends un aller simple pour les Bahamas avec mes chatons et je laisse tout tomber. 38 ans que je suis dans ce vieux potage. Que Bardella reprenne la boutique, la star de TikTok avec ses deux millions de followers et ses dents qui rayent le parquet. Mais c’est vrai qu’il y a du boulot. Là, il vient de finir les coloriages qu’on lui a donnés à faire pour qu’il apprenne où est le Liban, Gaza, Israël et tout ça.

  • De Gaulle, Poutou : même combat ! Abonnés

    -

    Voir

    Cette semaine, ceux qui étonnent Dillah Teibi, ce sont deux culottés qui ont en commun d’avoir été ministres des comptes publics, entre autres fonctions, sous la Macronie. Nos deux culottés sont donc co-responsables de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les finances publiques. Et vous savez quoi ? Loin de faire amende honorable, ces deux faucons ont le culot de faire des propositions pour nous sortir du pétrin dans lequel ils nous ont mis. Vous voyez de qui on parle ?

  • Entretien avec le délégué général des Petits frères des pauvres En France, tous les vieux ne sont pas riches… Accès libre

    -

    Écouter

    Repousser au 1er juillet la revalorisation des pensions de retraite prévue le 1er janvier, c’est la bonne idée du premier ministre pour faire des économies (temporaires). Inadmissible pour Yann Lasnier, délégué général de l’association Petits frères des pauvres, qui rappelle que les retraités ne forment pas une « classe sociale homogène ». Pire, sur les 9 millions de personnes qui vivent en France sous le seuil de pauvreté, 2 millions ont plus de 60 ans. Pour eux, juillet ça fait loin… et la vie est courte ! Entretien.

  • Rencontre avec l’auteur de BD Joe Sacco, qui publie « Guerre à Gaza » (Futuropolis) Gaza, un génocide gentil… Abonnés

    -

    Voir

    C’est JOE SACCO qui dit ça. Qui le dit et qui le dessine dans GUERRE À GAZA, une BD grinçante et urgente. Le héros, c’est GENOCIDE JOE, c’est-à-dire un certain JOE BIDEN quelque peu impliqué dans les massacres en cours. La France est devenue le caniche des États-Unis au point de ne plus s’émouvoir de la totale responsabilité de cette Amérique qui fait mine de s’apitoyer et d’implorer la paix tout en livrant des tonnes d’armes à Nétanyahou. Mais d’abord, est-ce un génocide ou un cas de légitime défense ? Joe SACCO propose « AUTO-DÉFENSE GÉNOCIDAIRE ».

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Connaissez-vous le Boudienny ? Abonnés

    -

    Voir

    Le Boudienny est un cheval. C’est même une race de chevaux très prisée dans les courses hippiques et les concours d’équitation. Mais savez-vous d’où vient son nom ? Le Boudienny doit son nom à son créateur, le maréchal Semion Mikhaïlovitch Boudienny, à qui l’Union soviétique a ainsi voulu rendre hommage pour son implication dans la Révolution russe. Le corps de cavalerie qu’il a créé en 1918, surnommé la « cavalerie rouge », joua un rôle décisif dans la guerre qui opposa les bolchéviques aux armées blanches qui menaçaient la révolution. Élevé au statut de héros de l’Armée rouge, Semion Boudienny n’eut de cesse de vouloir améliorer la qualité de la cavalerie soviétique, en créant une race censée être sportive et endurante. Il ne manquait donc à ce grand homme qu’une chanson à sa gloire… Eh bien elle existe, elle date de 1935 et s’appelle le Chant de la cavalerie rouge ! Et savez-vous qui la chante à tue-tête dans sa salle de bains ? Olivier Besancenot. Si si.

  • « Nous combattons des animaux humains » 6 octobre 2023, beau temps sur Gaza Accès libre

    -

    Lire

    La veille du 7 octobre, à quoi ressemblait Gaza ? La question palestinienne n’était plus une question. La Palestine n’était plus dans la course, vaincue, occultée par Israël, éclipsée par d’autres questions brûlantes, la page Palestine était tournée. Les accords d’Abraham allaient sceller le rapprochement entre Israël et plusieurs pays arabes, les experts le confirmaient, le temps des idéologies est dépassé, la cause palestinienne aussi. Et soudain, ce bloc d’abîme.

  • Un hommage à Manfred DEIX et un long-métrage d’animation d’après son œuvre. Des contrepoisons face à l’extrême droite en Autriche Autriche : contre l’extrême droite, des contrepoisons Accès libre

    -

    Lire

    Autriche. Victoire historique de l’extrême droite aux législatives. Le 29 septembre, pour la première fois, le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), parti fondé par des nazis, arrive en tête dans une élection nationale avec 28,8 %, soit un bond de 13 points depuis 2019. Herbert Kickl (55 ans), chef du parti, ex-ministre de l’Intérieur, veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

  • Toute sa vie (1949-2016), le génial dessinateur Manfred Deix a montré le pire de l’Autriche Autriche : Manfred DEIX, un contrepoison Abonnés

    -

    Lire

    Le 29 septembre en Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche) a remporté les législatives avec 28,8 %, un score historique chaudement salué par le RN de Marine Le Pen. Le génial caricaturiste Manfred Deix a eu la chance de mourir avant de voir ça, lui qui toute sa vie a montré tous les signes annonciateurs du retour d’un refoulé qui ne le fut jamais. Voilà un choix de ses dessins en guise de contrepoison posthume et aussi un film d’animation inspiré de ses dessins.

  • 1924-2024. Armand GATTI aurait cent ans ! Voici une superbe rencontre en 1992 avec le « poète volcan » et son équipe (RADIO/PODCAST 45’20) Armand Gatti, poète volcan aurait cent ans ! Accès libre

    -

    Écouter

    « Je suis une ponctuation, dont le rêve est de faire respirer une phrase. » C’était en 1992, il y a 25 ans, une rencontre avec Armand Gatti et sa bande de La Parole Errante, chez Magne, un bistrot qui lui était entièrement dévolu près de la place d’Alésia. Foisonnant, débordant, anar, mystique, lyrique, visionnaire du réel, griot des sans-mots, généreux surtout, solidaire, révolutionnaire avant tout. Prenez le temps de découvrir ou de redécouvrir Armand Gatti, histoire de remettre un peu d’huile sur le feu.

  • Discriminer, c’est mal et en plus ça coûte cher Abonnés

    -

    Voir

    C’était le grand oral de Michel Barnier ce mardi à l’Assemblée nationale. Dans un contexte de déficit public historique, notre premier ministre a cité le général de Gaulle : faire beaucoup avec peu et en partant de presque rien. Il aurait tout aussi bien pu citer Churchill et son fameux « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » car le gouvernement Barnier a déclaré la guerre au déficit. Sauf que, avant de partir en guerre, le nouveau chef de Matignon serait bien avisé d’ouvrir ses tiroirs. Dans l’un d’eux, il trouverait un rapport pondu en 2016 par de pertinents fonctionnaires (qui coûtent moins cher que les consultants de McKinsey !). Et ces fonctionnaires ont eu une idée lumineuse : la lutte contre le racisme et les discriminations est une mine d’or ! Vu l’état des finances publiques, ça étonne Dillah que le gouvernement ne saute pas sur l’occasion…

  • Entretien avec Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias qui publient « La conscience juive à l’épreuve des massacres » (Textuel) radio/podcast Palestine, une arête de poisson dans la gorge du monde Accès libre

    -

    Écouter

    Le colonisateur peut gagner des batailles mais il perd toujours la guerre. De l’Algérie à l’Irlande, du Vietnam au Mozambique, partout le colonisateur a fini par perdre. Même les autochtones anéantis dans les Amériques reprennent peu à peu leur place dans l’histoire. Le sionisme est né au temps du colonialisme triomphant au XIXe siècle avec l’idée de créer un État comme refuge pour le peuple juif persécuté. Mais où ? Le lieu, comme le projet, étaient très loin de faire l’unanimité dans le monde juif où le sionisme a connu beaucoup d’adversaires. Le débat a persisté et se ranime aujourd’hui dans le monde au moment où Israël s’enfonce dans l’impasse sans issue d’une violence sans borne. Dans un livre court, les deux universitaires spécialistes de l’histoire du judaïsme, Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, familiers d’Israël et soutiens de la cause palestinienne depuis toujours font part de leur questionnement.

  • Le géographe Pascal Clerc publie « Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle » aux éditions Autrement « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Abonnés

    -

    Voir

    Qu’est-ce qu’un géographe ? Un chercheur qui étudie les paysages, l’organisation des espaces et la façon dont les humains arpentent ces espaces. Appliquer sa méthodologie à l’école, c’est ce qu’a fait le géographe Pascal Clerc qui publie Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle aux éditions Autrement. La sociologie nous enseigne que les « formes informent », mais également que les « formes forment ». Alors nos écoles de la République ressemblent-elles à des monastères ou à des prisons ? Comment les a-t-on dessinées et construites ? Ces lieux où nos enfants passent toutes leurs journées sont-ils des lieux d’émancipation ou des lieux de contrôle et de discipline des corps et des esprits ? Puisque les espaces définissent le type d’apprentissage qu’on y fait, on devrait concevoir les écoles en fonction des objectifs pédagogiques. « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Éléments de réponse avec le géographe Pascal Clerc, qui est l’invité de Laurence De Cock dans ce nouveau numéro de « Si j’aurais su ».

Une sélection :

Tout un été Là-bas La vérité, un concept étranger à Raphaël Enthoven AbonnésVoir

Le

Dimanche 12 mai, le très médiatique Raphaël Enthoven était invité de Benjamin Duhamel dans son émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur BFMTV. L’occasion pour le talentueux orateur d’asséner une de ces belles sentences dont lui seul a le secret : « nous périssons de la criminalisation de l’opinion d’en face ». Criminaliser l’opinion d’en face, c’est pourtant exactement ce que le philosophe a fait pendant toute l’émission, en repeignant systématiquement en odieux antisémite toute personne qui critiquerait les bombardements israéliens sur Gaza. Et ce grâce à une série d’approximations, de contre-vérités et de mensonges dont le nombre et l’ampleur – en seulement vingt-sept minutes d’entretien – forcent le respect. Extraits.

L’État d’Israël contre les juifs. Dialogue avec Sylvain Cypel (2e partie) (VIDÉO | 50:02) AbonnésVoir

Le

La Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la force » s’obtient par l’« esprit ». Or aujourd’hui en Israël, un dicton populaire a transformé ce message, c’est devenu : « ce qui ne s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force ». Comment en est-on arrivé là ? Comment une extrême droite raciste et suprémaciste est-elle arrivée au pouvoir ? Un gouvernement soutenu par toutes les extrêmes droites du monde, y compris les plus antisémites ?

Tout un été Là-bas Alain Gresh : « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » AbonnésÉcouter

Le

Ben oui, mais c’est la guerre, que voulez-vous… Rarement un conflit aura été accompagné par tant de mauvaise foi, par tant de mensonges, de désinformation, d’affabulation. Rarement le manichéisme n’aura autant dominé et fait oublier la profondeur historique d’une crise que nous redécouvrons à chaque conflit. Rarement la politique française n’aura été aussi lâche, se contentant d’un suivisme affligeant à l’égard du gouvernement israélien et de son parrain américain.

Tout un été Là-bas : réécoutez ce grand entretien, trois jours après le 7 octobre 2023, avec l’ex-ambassadrice de Palestine LEÏLA SHAHID : APRÈS LA TERREUR, LA TERREUR Accès libreÉcouter

Le

« Il ne peut y avoir aucune explication », disait le premier ministre socialiste Manuel Valls, « car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Malgré cette forte pensée, nous vous proposons cet entretien à chaud avec Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine, témoin et actrice engagée en première ligne et toujours militante de la cause palestinienne. Sommée de dénoncer le terrorisme islamiste, elle répond : « toute action contre des civils, qu’elle soit une action palestinienne, israélienne ou française, est un crime contre l’humanité ».