D’habitude c’est loin, c’est Tunis, c’est Ankara, c’est Beyrouth. Parfois même, c’est Londres ou Madrid. Mais cette fois, c’est ici et c’est nous. « Ça aurait pu être nous », c’est la phrase qui tourne depuis vendredi dernier. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes en état de choc. Nous qui découvrons à quel point nous sommes vulnérables, ici, à Paris, dans ce pays. Et qui dit vulnérable, dit malléable.
Nous voulons protéger nos enfants, nos familles, nos biens. Et ce traumatisme général nous expose à une demande de sécurité. Une aubaine pour tous les faucons et tous ceux qui veulent de l’union sacrée et du sécuritaire.
Nous revoilà plongés dans une histoire qui ne date pas d’hier. On se souvient de ce qu’a été la guerre contre le terrorisme après le 11 septembre 2001. C’est ce à quoi nous allons réfléchir aujourd’hui. Pour lutter contre le mal, la meilleure arme n’est pas le bien, mais la pensée et la réflexion... Ça aurait pu être nous.
Entretien avec :
– Laurence BLISSON, magistrate, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature
– Julien SALINGUE, docteur en science politique (université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis) et auteur du blog À la recherche de la Palestine
– Alain GRESH, journaliste à Orient XXI
– Patrick HAIMZADEH, ancien diplomate français à Tripoli (de 2001 à 2004), auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi (2011, éditions JC Lattès)
Émission Là-bas Hebdo n°27 du 20 novembre à écouter en cliquant ici.
« Nous sommes en guerre »
Daniel Mermet : Le président de la République, le premier ministre, Nicolas Sarkozy, la presse, tout le monde nous le dit : « nous sommes en guerre ».
Julien Salingue : En fait, ce n’est pas tant le mot « guerre » qui me dérange que le « nous » de la formule « nous sommes en guerre ». Ce « nous » est inclusif, il permet d’associer l’ensemble de la population, y compris ceux qui n’ont jamais décidé de faire la guerre et qui n’ont d’ailleurs jamais été consultés là-dessus.
Aujourd’hui, la France, qui se vante d’être le deuxième exportateur d’armes, se désole qu’il y ait de plus en plus de violence ! Difficile de ne pas faire la connexion. Le 13 novembre, ce ne sont pas les responsables de ce paradoxe qui ont été visés. Il serait donc vraiment temps qu’on réponde à ce « nous ». Et qu’on dise, « vous » êtes en guerre et « nous » refusons de nous y laisser entrainer. « Vos guerres, nos morts », pour reprendre la formule de Louise Michel. Un mot d’ordre que le mouvement anti-guerre espagnol avait déjà eu le réflexe de mettre en avant, lors des attentats de Madrid, le 11 mars 2004 et que j’ai moi-même relancé sur les réseaux sociaux après les tueries du 13 novembre. C’est une façon de ne pas relativiser l’horreur et en même temps, de ne pas s’interdire de sortir de la sidération. Tout simplement parce que pendant le temps de la sidération, il y en a qui votent des lois, font des déclarations et des bombardements. Donc, ne nous interdisons pas de faire nous-mêmes de la politique, au nom du respect des gens qui sont morts.
Daniel Mermet : De toute façon, si j’ai bonne mémoire, nous étions déjà en guerre en 1991 pendant la première guerre du Golfe puisque la France faisait partie de la coalition. Puis, en 2001, en Afghanistan… À part la parenthèse de 2003 en Irak, on est de toutes les guerres, que ce soit en Libye, en Centrafrique ou au Mali. C’est assez curieux, aujourd’hui, d’en faire une surprise.
Patrick Haimzadeh : Effectivement ! On découvre qu’on est en guerre parce qu’il y a eu des morts sur notre sol. Mais ça fait quand même plus d’un an qu’on est associé à une coalition qui bombarde quasi quotidiennement la Syrie. On a beau appeler ça des « frappes », elles ne sont en rien « chirurgicales » et ne tuent pas que les méchants. Nos bombardements font des morts, même si on ne sait pas très bien qui et combien de civils on a tués. Donc la guerre, on y est déjà depuis un moment !
En 2003, on a beaucoup glosé sur le fait que la France se démarquait d’un type de position à la Bush et refusait d’intervenir en Irak. Mais depuis quelques années, on a réadopté, à notre niveau, l’idéologie néoconservatrice américaine. Si on analyse les discours avant l’intervention en Libye, on voit déjà qu’on a repris la logorrhée de Bush sur la guerre contre le terrorisme. Que ce soit Fabius ou le gouvernement précédent, ils sont tous sur la même ligne. Non seulement, on n’a pas de politique autonome, ni de politique au Moyen-Orient, mais surtout, on est devenu plus va-t-en-guerre que les Américains. Cette logique de guerre est vraiment la pire des réponses. S’engouffrer là-dedans, c’est satisfaire la logique de l’autre et s’interdire de penser les causes profondes. (À commencer par notre politique de ventes d’armes.) On est dans le binaire, c’est noir ou blanc, vous êtes avec moi ou contre moi. J’espère qu’on va rapidement entendre des voix dissidentes parce que pour l’instant, dans les grands médias, c’est l’union sacrée.
Daniel Mermet : Et que répondez-vous à ceux qui parlent de guerre contre le terrorisme ?
Alain Gresh : Même s’il n’y a pas de définition juridique, on peut dire que le terrorisme est une forme d’action qui vise des civils innocents. Mais on ne mène pas une guerre contre une « forme » d’action. On peut dire qu’on mène une guerre contre le communisme, le fascisme, le nazisme, mais sûrement pas contre le terrorisme.
Qu’il y a-t-il de commun entre le terrorisme de l’État islamique et celui de l’ETA en Espagne ou du FLN algérien qui mettait des bombes dans les cafés ?
On voit bien à quel point, dans la vision occidentale, c’est un concept à géométrie variable : on a célébré, il y a un an, la résistance des Kurdes à Kobané, qui étaient pourtant liés au Parti des travailleurs kurdes de Turquie, lui-même désigné par les Français et les Américains comme une organisation terroriste. Ca ne nous a pas empêché de leur envoyer des armes, au prétexte qu’ils luttaient contre des plus terroristes qu’eux. Pour moi, l’usage du mot terrorisme, c’est la démission de la politique. À partir du moment où on dit « terroriste », on dit, c’est le méchant. Donc on ne peut pas discuter avec lui, ce qui est faux. Le terrorisme a été utilisé par les groupes sionistes en Palestine, ce qui n’a pas empêché, par exemple, Menahem Begin de devenir premier ministre. Même l’ANC a été qualifiée d’organisation terroriste par Thatcher et Reagan. Il faut se rappeler qu’Amnesty international n’avait pas adopté Mandela comme prisonnier de conscience parce qu’il avait utilisé la violence. Donc, on est dans quelque chose d’absurde qui n’a d’autre logique que de dépolitiser le débat.
La civilisation contre la barbarie. Tuez-les tous !
Daniel Mermet : Si l’on suit l’avis de presque tous, cette guerre serait celle de la civilisation contre la barbarie ?
Alain Gresh : Selon les hebdomadaires résolument va-t-en guerre qui sont sortis après le 13 novembre, le but de l’État islamique serait de détruire notre mode de vie, de nous empêcher de danser ou de boire du vin en terrasse. Nous serions engagés dans une guerre dont l’enjeu est de défendre la civilisation contre la barbarie. Autant dire que cette guerre s’annonce sans fin parce que la barbarie existera toujours. Il faudra donc tous les tuer ?
En fait, penser ainsi nous permet de nous défausser de nos responsabilités et accrédite l’idée que l’Europe vivrait un processus d’islamisation. Je suis convaincu que l’État islamique se fiche complètement de la manière dont nous vivons. Lors des attentats meurtriers de Madrid et de Londres en 2004 et 2005, ce n’est pas le mode de vie des occidentaux qu’Al-Qaïda visait. Mais les pays engagés dans la guerre en Irak. Cet argument est d’autant plus inquiétant qu’il conduit à dire qu’ils nous haïssent, non pas à cause de ce que nous faisons, mais à cause de ce que nous sommes. Après le 11 septembre 2001, c’est exactement ce que Bush répondait à ceux qui pointaient la responsabilité de la politique américaine : ce qu’ils haïssent, c’est notre démocratie, notre liberté, notre Congrès « si démocratique ». Ce à quoi Ben Laden avait ironiquement répondu dans une interview : « Si nous visions vraiment les pays les plus démocratiques, ce n’est sûrement pas les États-Unis que nous attaquerions »…
Aujourd’hui tout le monde dit qu’il faut détruire l’État islamique. Je rappelle quand même qu’il y a deux ou trois ans, cet État islamique n’existait pas. C’était Al-Qaïda. Si demain nous détruisons l’État islamique avec les mêmes politiques, on aura quelque chose de pire, puisque, de l’avis de tous, l’État islamique est pire qu’Al-Qaïda.
C’est vrai, on assiste à une radicalisation des formes de lutte contre les occidentaux, mais nous oublions de voir que cette radicalisation est aussi provoquée par notre politique et les guerres que nous menons. Refuser de s’interroger sur cette politique est aberrant. Ce qui l’est encore plus, c’est que dès qu’on tente de le faire, on est accusé de justifier les actes criminels ! Bien sûr que non ! Il s’agit bel et bien d’actes criminels, mais qui sont la conséquence d’actes politiques. Nous avons au Proche-Orient, une multitude de conflits. Quand je vois le gouvernement français vouloir entrer là-dedans avec une espèce de vision absolue, j’ai envie de rappeler la formule du général De Gaulle : « je m’envolais vers l’orient compliqué, je m’envolais avec des idées simples ». Le problème c’est que si le général De Gaulle a su apprendre de la situation, ça ne semble pas être le cas de nos dirigeants qui vont dans ce Proche-Orient comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Radicalisation de l’islam ou islamisation de la radicalité ?
Daniel Mermet : Quelle est la responsabilité de l’Occident, de l’Islam dans la construction de Daesh ?
Alain Gresh : D’abord, il ne faut pas oublier qu’Al-Qaïda, dirigé par Ben Laden, s’est construit à la suite de la guerre en Afghanistan. Et que ce qui se passe aujourd’hui est consécutif à la guerre américaine en Irak après le 11 septembre 2001.
Quand en 2003, les Américains envahissent l’Irak, Al-Qaïda n’existe pas encore là-bas. Évidemment, au bout de deux ans, ce sera chose faite. Al-Qaïda se constitue non seulement en Irak, mais, en 2012, profite de l’insurrection contre le régime de Damas, pour s’installer également en Syrie, sous le nom de Front Al-Nosra.
Un an plus tard, les deux branches irakiennes et syriennes tentent de fusionner pour former l’État islamique en Irak et au Levant. Ce qui provoque des tensions avec Al-Qaïda qui s’apparentent d’ailleurs plus à une lutte pour le pouvoir qu’à une scission idéologique. La rupture sera consommée quand le Front Al-Nosra fera allégeance à Al-Qaïda et désavouera l’alliance avec l’État islamique en Irak et au Levant. Lequel proclamera, en 2014, l’instauration d’un califat sur les territoires qu’il contrôle et se rebaptisera l’État islamique (Daesh).
Bien sûr, tous revendiquent l’Islam puisqu’aujourd’hui, dans le monde arabe, c’est l’essentiel de l’idéologie dont on se réclame. Mais étant donné que l’islam - tout comme le christianisme - peut servir à tout, ils restent très divisés.
À commencer par les Sunnites et les Chiites. Mais pas seulement. Si l’on prend, par exemple, les Frères musulmans, on voit qu’ils sont eux-mêmes divisés et condamnés par Al-Qaïda ou l’État islamique parce que trop pacifiques.
Quant au mouvement salafiste, ce sont des rigoristes et des fondamentalistes, mais qui, pour l’essentiel, ne font pas de politique et dont l’objectif vise la vie quotidienne des musulmans : séparation des hommes et des femmes, interdiction de boire de l’alcool, etc. Pour autant, à l’intérieur de ce même courant salafiste, il y a aussi un courant djihadiste qui lui, veut mener un combat armé…
Essayer de comprendre tous ces mouvements à partir de l’Islam, c’est prendre les choses à l’envers. Ce sont des mouvements qui trouvent leurs racines dans les luttes nationales ou régionales et qui utilisent l’islam parce que, dans cette région du monde, c’est le langage politique qui prévaut. Donc, au lieu de prendre l’islam comme grille d’analyse, il faut considérer la situation politique et les forces en présence. En bref, il faut analyser le monde musulman avec les mêmes outils de sociologie politique et de géopolitique qu’on utilise pour n’importe quelle autre région du monde.
En résumé, s’il est vrai que dans cette région, l’islam est devenu pour beaucoup un élément d’identité et une idéologie au nom de laquelle on se révolte, ce n’est pas à une radicalisation de l’Islam qu’on assiste, mais à une islamisation de la radicalité, selon la formule de l’anthropologue Alain Bertho de Paris VIII.
Julien Salingue : Ces courants islamistes, par exemple, ne regroupent pas seulement ceux qui sont en révolte dans les pays concernés. Bon nombre d’étrangers rejoignent les rangs des djihadistes pour poursuivre un combat. À commencer par les jeunes Tunisiens qui sont les frustrés de l’échec de la révolution tunisienne et de l’Islam politique au pouvoir.
On ne peut pas comprendre l’ascension de l’État islamique si on ne la réinscrit pas dans l’histoire, à la fois courte et longue, de la région ; si on oublie que nous avons appuyé pendant des décennies les dictateurs qui ont détruit toute forme d’opposition politique et que nous n’avons pas soutenu les soulèvements démocratiques quand ils ont eu lieu. Souvenons-nous que Mme Alliot-Marie proposait d’aller assister la police de Ben Ali au moment où les démocrates tunisiens étaient dans les rues ! Sans vouloir rejeter, à tout prix, la responsabilité sur les uns ou les autres, il s’agit de comprendre qu’on est dans une période de plusieurs décennies qui a vu l’écrasement de toute forme d’opposition démocratique et progressiste.
Patrick Haimzadeh : Sur ce type de terrain, Il faudrait faire un travail sérieux d’anthropologie, y compris au niveau micro local. Chaque personne a des identités multiples. Si l’on se contente de prendre les choses au premier degré, on va analyser les revendications de l’État islamique sans essayer de comprendre la rationalité politique qu’elles sous-tendent.
En Libye, quand on descend au niveau micro local, on se rend compte que les adhésions à l’une ou l’autre milice sont parfois totalement conjoncturelles et opportunistes : on a envie de s’emparer de la ferme de son voisin, donc on va dire qu’il est dans le camp d’en face, que c’est un Khadafiste ou un méchant islamiste, un salafiste ou un antirévolutionnaire… Du coup, si celui contre lequel on a des griefs personnels est dans un camp, on va aller dans la milice d’en face.
Ce n’est pas blanc ou noir, mais complexe, imbriqué, et si on ne fait pas ce travail d’analyse, on en reste aux généralités : les gentils contre les méchants, la guerre au nom du bien et de civilisation. Comme si la démocratie et la liberté pouvaient être importées à coups de canons. Ça n’a jamais marché. À chaque fois qu’on est intervenu militairement, on a laissé une situation plus catastrophique qu’avant. Mais on n’a toujours pas compris.
Le lendemain des attentats du 13 novembre, on a à nouveau bombardé Rakka, on a détruit trois pick-up pourris et trois hangars, et on est retombé dans cette logique de guerre sans fin qui ne sera jamais gagnée. Souvenez-vous des cris de victoire de Sarkozy et Cameron à Benghazi, en septembre 2011 ! Six mois après, la Libye était en pleine guerre civile.
État d’urgence
Daniel Mermet : Parlons de cet état d’urgence qui a été prolongé de trois mois et qui risque d’entraîner une certaine suspension de l’état de droit.
Laurence Blisson : La rhétorique guerrière « Nous sommes en guerre » n’a rien d’anodin parce qu’elle nous plonge dans la logique de l’état d’urgence et des mesures d’exception. Ceux qui ont commis ces actes ne sont pas considérés comme des criminels mais comme des ennemis. Ce qui n’a pas du tout les mêmes incidences sur un plan juridique, car le droit de l’ennemi n’est pas le droit pénal. Et l’état d’urgence entraîne une concentration des pouvoirs dans les mains du ministre de l’Intérieur et des préfets.
Questionner l’état d’urgence, ce n’est pas mettre en cause la légitimité de la justice, de la police et des services de renseignements qui doivent évidemment agir et enquêter face à ces actes criminels. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut rien faire. Je remarque simplement que, si l’on met de côté la presse qui ne semble pas visée par une volonté de contrôle du gouvernement, le reste du projet crée les conditions d’une atteinte très forte aux libertés publiques.
Il permet notamment des interdictions de réunion et de manifestation qui doivent nous préoccuper parce qu’elles s’inscrivent déjà sur le long terme. Le risque c’est que l’état d’urgence qui vise une radicalité particulière, criminelle, en vienne à toucher aux radicalités politiques. On le voit déjà avec l’interdiction des manifestations prévues à l’occasion de la COP21.
Deux autres mesures posent également question : les perquisitions administratives et les assignations à résidence. On parle beaucoup de sécurité aujourd’hui, mais ce que crée l’état d’urgence est une insécurité juridique. Parce que concrètement, la perquisition administrative va pouvoir être faite au nom de l’ordre public et de la dangerosité, qui sont des concepts extrêmement flous mais qui permettent à l’autorité administrative de mener des mesures très attentatoires aux libertés, en dehors du cadre rigoureux et protecteur du droit pénal.
L’assignation à résidence, c’est la même chose, avec des conséquences très lourdes. Normalement l’assignation à résidence est une mesure de contrôle judiciaire, prononcée par un juge indépendant, qui touche une personne ayant été mise en examen, autrement dit contre laquelle on a des indices graves ou concordants laissant penser qu’elle a commis une infraction pénale. Autant de critères qui permettent à la personne de se défendre et d’avoir des possibilités de recours. Avec l’état d’urgence, on bascule dans le domaine de la potentialité, qui conduit à des mesures extrêmement restrictives. Déjà, plus d’une centaine d’assignations à résidence ont été prononcées, sans qu’on sache vraiment qui elles touchent.
Il ne faut pas penser que toutes ces mesures ne vont concerner que les « autres », ceux qui ont quelque chose à se reprocher. L’état d’urgence produit un glissement qui touche non seulement toute l’organisation juridique, mais également la pensée et ce qu’on est susceptible d’accepter. Et ça peut se faire très vite.
Rappelons-nous qu’en début d’année, suite à la mort de Rémi Fraisse, la commission d’enquête parlementaire a présenté un rapport sur le maintien de l’ordre. Quelle en était la proposition phare ? L’interdiction administrative de manifester pour les personnes « susceptibles » de commettre des violences. Cette logique d’action préventive, déjà à l’œuvre avant l’état d’urgence, risque, aujourd’hui de paraître d’autant plus légitime que se sera installée l’idée que la sécurité est à ce prix.
Julien Salingue : Ceux-là mêmes qui disent à propos des terroristes « ils s’en prennent à nous parce que nous sommes une démocratie, mais nous ne changerons pas nos modes de vie » sont les premiers à restreindre les droits démocratiques. Si c’était ça l’objectif de l’État islamique, ils ont gagné !
Dessins Daniel MERMET
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