La lettre hebdo de Daniel Mermet

La résistance d’un prof israélien accusé de trahison

Le

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

On peut continuer ce genre de nouvelles, la liste est longue, le ciel est sombre, la coupe est pleine et on n’a plus qu’à se jeter par la fenêtre.

Mais…

Mais voilà une lumière. Un trait de lumière qui vous retient.

Juste une histoire.

L’histoire de Meir Baruchin, un prof israélien accusé de trahison.

Meir Baruchin (photo : Ramona Lenz)

C’était il y a un an, le 8 octobre 2023, il publie deux textes courts pour dénoncer la mort des civils palestiniens tués par les frappes israéliennes sur la bande de Gaza. Il demande à son gouvernement de « stopper cette folie ».

Il est arrêté, placé à l’isolement, pieds et poings liés, comme « détenu à risque », longuement interrogé durant quatre jours. Il perd son emploi de prof d’éducation civique avant d’être réintégré. À son retour, ses élèves l’insultent et lui souhaitent de crever d’un cancer. Mais Meir Baruchin tient bon. Il balance : « dans trois générations, les enfants demanderont à leurs parents, comment avez-vous pu ne pas vous opposer à cette folie ? ».

Depuis un an, sans jamais avoir fait la une, cette histoire a été reprise dans les médias à travers le monde. « Nous avons atteint le plus bas de la moralité dans l’histoire du peuple juif. »

Ils sont peu nombreux en Israël à résister au coup (et au coût) de l’émotion, de la haine aveugle et de la répression. Exemple : la professeure d’arabe Sabreen Masarwa, Palestinienne qui vit en Israël et enseigne à l’Université hébraïque, elle a été suspendue de son poste pour avoir participé à une marche de commémoration de la Nakba, l’exil forcé des 700 000 Palestiniens chassés lors de la création d’Israël en 1948.

La résistance, c’est souvent d’abord solitaire, d’abord le fait d’une minorité, d’une poignée de poings. Ça se casse souvent les dents ou ça se les fait casser. C’est comme les brins de chiendent entre les plaques de béton, ça crève étouffé ou bien ça refait des prés et des forêts. C’est cet esprit de résistance qu’il faut cultiver, apprenez-le aux enfants. C’est comme les bulles d’oxygène dans l’aquarium, sans ça les poissons crèvent.

Voyez Julian Assange. Libéré en juin après des années d’enfermement et de diffamations médiatiques pour avoir dévoilé la réalité crue du pouvoir américain [1]. Celui que Joe Biden qualifie de « terroriste » va tenir son premier discours officiel en France, à Strasbourg, au Conseil de l’Europe, le premier octobre. En liberté. Un beau moment pour celles et ceux qui depuis des années à travers le monde militent pour la libération de Julian.

Il y a un an, sur sa messagerie, juste avant son arrestation, le prof Meir Baruchin a cité le poète britannique Samuel Johnson : «  celui qui devient une bête échappe à la douleur d’être un homme ».

Dites quand même aux enfants que c’est les méchants qui perdent à la fin.

Et attendez qu’ils s’endorment pour ajouter : « en principe ».

Daniel Mermet
À venir sur Là-bas, une rencontre avec le dessinateur américain Joe Sacco qui publie en urgence GUERRE À GAZA, un livre court et grinçant sur ce « génocide humanitaire ». La France de Macron est tellement devenue le caniche des États-Unis qu’on oublie la totale responsabilité des États-Unis dans le massacre de Gaza, une formidable aubaine pour le business militaro-industriel américain.

Cette résistance, c’est aussi la nôtre, celle des médias indépendants, celle de toute l’équipe de Là-bas et c’est aussi celle de ceux et celles qui nous soutiennent surtout dans ces temps obscurs. Faites connaître Là-bas autour de vous, faites circuler nos articles en accès libre. Ces articles sont possibles grâce aux abonnements de soutien qui permettent d’abonner les étudiants et les plus fauchés. Offrez des abonnements, on pensera à vous tous les jours. Ou encore faites-nous un don. Vous bénéficiez d’une réduction d’impôt de 66 %. Un exemple : vous nous faites un don de 10 millions d’euros, ça vous coûtera à peine 3,4 millions d’euros. Pour un don de 100 millions, c’est encore plus intéressant pour vous. Il ne vous reste plus qu’à voir avec Leïla au 01 86 95 25 02 pour les modalités de versement…

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  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 02 : Sylvestre de la ferme collective de Bragat Abonnés

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  • Une série d’Antoine Chao « Vive la Conf’ », épisode 01 : Kévin et Agnès, éleveurs de brebis à Saverdun Accès libre

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  • Submersion migratoire Abonnés

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    Rhinocéros, orangs-outans, léopards et pangolins sont en voie de disparition, de même que les abeilles, les insectes et des milliers de plantes. Constat alarmant mais on oublie une espèce menacée : le Français !

    Oui, tout comme l’outarde barbue, le pluvier guignard et le traquet rieur, la Française et le Français sont en voie de disparition. Nous sommes menacés de « submersion migratoire ». Le premier ministre François Bayrou a tiré le signal d’alarme, la France est menacée de submersion migratoire. Il a bien insisté : « quiconque s’est confronté à la situation à Mayotte – et ça n’est pas le seul endroit de France – mesure que le mot de "submersion" est celui qui est le plus adapté » (Assemblée nationale, 28 janvier 2025). Oui, il insiste bien : « ça n’est pas le seul endroit de France ». Le premier ministre « centriste » d’un gouvernement français reprend et renforce le thème fondamental de l’extrême droite.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Eugène Pottier : « Jean Misère » Abonnés

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    Quel est le point commun entre l’auteur de L’Internationale, l’artiste Marcel Mouloudji et la chanteuse Agnès Bihl ? Réponse : un homme nommé Jean Misère. Jean était un ancien communard, qui échappa à la répression menée par les Versaillais et finit sa vie dans la solitude et le dénuement le plus total, d’où son surnom, Jean « Misère ». Un surnom trouvé par le poète Eugène Pottier, car en fait Jean Misère n’a pas réellement existé.

  • Gérard Mordillat : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement » Abonnés

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    Alors, censureront ou censureront pas ? Le sort du gouvernement Bayrou est suspendu aux tergiversations des socialistes et du Rassemblement national qui laissent planer le doute sur leurs intentions. En attendant de voir si François Bayrou passera la fin de l’hiver à l’hôtel Matignon ou à la mairie de Pau, Gérard Mordillat n’a aucun doute, lui : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement ».

  • Olive vous souhaite une bonne année en chanson Ballade pour l’an nouvel Abonnés

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    Ça y est, c’est la nouvelle année
    Je veux que ma chronique chante
    L’alexandrin ? J’ai déjà fait
    L’octosyllabe ?… Allez, je tente !

    Pour écrire en octosyllabe
    On se plie, on prend pas la fuite,
    Y’a une règle indépassable :
    Le nombre de pieds sera huit.

    Or, deux fois quatre (ni plus ni moins),
    C’est très court si on veut tout dire
    Pour que la rime ne choit point,
    Il faut que le propos déchire.

  • Laurence De Cock reçoit la députée communiste des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon : « pendant l’examen du budget, le RN est venu plusieurs fois au secours des macronistes » Accès libre

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    Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes. Elsa Faucillon, si. Marie-Pierre et Jean-Marie sont communistes et même syndicalistes à la CGT. C’est sur leurs genoux qu’Elsa Faucillon a chanté sa première Internationale. C’est sur leurs épaules qu’elle a fait sa première manif. C’est dans leurs bras qu’elle a visité son premier piquet de grève. Elle doit son prénom non pas à La Reine des neiges mais aux poèmes d’Aragon pour Elsa Triolet. Elle a toujours vécu, depuis qu’elle est née, dans des municipalités communistes. Il est donc guère surprenant qu’Elsa Faucillon soit devenue depuis 2017 députée communiste de Colombes, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne. Georges Ibrahim Abdallah, le système carcéral, les migrants, le renouvellement du PCF : Elsa Faucillon raconte tous ses combats à Laurence De Cock dans ce nouvel épisode du podcast « Si j’aurais su ».

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Ana Tijoux : « Antipatriarca » Abonnés

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    Il y a dix ans, en 2014, la chanteuse franco-chilienne Ana Tijoux sortait son album Vengo. Parmi les dix-sept titres présents sur le disque, il y en a un qui a connu un grand succès en Amérique latine, c’est « Antipatriarca ». Une chanson qui résonne comme un manifeste de ce qu’on peut appeler la « troisième vague » féministe, après une première vague qui a lutté pour obtenir le droit de vote au début du XXe siècle et une deuxième vague qui s’est levée dans les années 1960 contre le système patriarcal. Olivier Besancenot revient aujourd’hui sur les combats et la musique d’Ana Tijoux.

  • UN SEUL DANS LA FOULE Des nazis ? Où ça, des nazis ? Abonnés

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    On ne peut plus rien dire, on vous traite de nazi ! Regardez cette photo : des gens qui saluent, qui remercient et qui vous envoient leur cœur. Aussitôt les wokistes crient au nazisme ! Voyez sur cette image : ils ont même entouré le seul qui ne salue pas, comme par hasard, un seul dans la foule ! Mais qui est ce type qui ne salue pas ?

    On va le découvrir. Mais d’abord il faut revenir au 9 janvier dernier, marqué par cette rencontre historique entre Elon MUSK et Alice WEIDEL, leader de l’AFD (Alternative für Deutschland), parti d’extrême droite proche des mouvements néo-nazis allemands. L’AFD est crédité de 20 % d’intentions de vote pour les législatives du 23 février et Elon MUSK, qui possède une importante usine TESLA à Berlin, est venu lui apporter son soutien avec ce message diffusé sur toute la planète : « only the AfD can save Germany » (« seul l’AfD peut sauver l’Allemagne »).

  • « Déportation de masse maintenant » Une dame avec une pancarte Abonnés

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    Dans un flot d’images, un torrent, un gavage d’images, voilà une seule photo dans un meeting de Trump, une dame avec cette pancarte : « MASS DEPORTATION NOW ».

    Elle est tout heureuse, toute ravie, le genre de mamie qui sait choisir les airelles pour la dinde de Thanksgiving, qui s’occupe de l’entraide dans son église, quelque part en Alabama et qui adore gâter ses petits-enfants.

    Comment en est-elle arrivée à arborer cette pancarte ? Comment en est-elle arrivée à exiger une déportation de masse, là, maintenant avec ce grand sourire ? Dix à treize millions d’hommes, femmes, enfants doivent être « déportés », elle l’exige.

    Elle applaudit quand Trump, pour la millième fois, dit qu’il vient sauver ce pays envahi par « des criminels dangereux, dont beaucoup proviennent de prisons et d’institutions psychiatriques et qui sont entrés illégalement dans notre pays depuis le monde entier ».

Une sélection :

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991 avec Jean-Luc Einaudi. Radio. PODCAST 17 octobre 1961 (1) : « Si c’était vrai, ça se saurait » Accès libreÉcouter

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Soixantième anniversaire du 17 octobre 1961. Mais c’est aussi le trentième anniversaire de la fin d’un silence de trente ans. De 1961 à 1991, ce pogrom qui eut lieu en plein Paris, au vu et au su de tous, fut passé sous silence malgré quelques courageuses publications. Oui, trente ans d’omerta. Quiconque interrogeait ou voulait témoigner s’entendait répondre : « si c’était vrai, ça se saurait ». En 1991, enfin, La Bataille de Paris, le livre de Jean-Luc Einaudi, a été un évènement important dans la prise de conscience de ce massacre. Films, articles, débats ont marqué alors la fin de ce silence. Sur France Inter, fin 1991, Là-bas si j’y suis diffusait une suite de reportages qui ont contribué à révéler ce crime d’État au grand public.