On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.
On peut continuer ce genre de nouvelles, la liste est longue, le ciel est sombre, la coupe est pleine et on n’a plus qu’à se jeter par la fenêtre.
Mais…
Mais voilà une lumière. Un trait de lumière qui vous retient.
Juste une histoire.
L’histoire de Meir Baruchin, un prof israélien accusé de trahison.
C’était il y a un an, le 8 octobre 2023, il publie deux textes courts pour dénoncer la mort des civils palestiniens tués par les frappes israéliennes sur la bande de Gaza. Il demande à son gouvernement de « stopper cette folie ».
Il est arrêté, placé à l’isolement, pieds et poings liés, comme « détenu à risque », longuement interrogé durant quatre jours. Il perd son emploi de prof d’éducation civique avant d’être réintégré. À son retour, ses élèves l’insultent et lui souhaitent de crever d’un cancer. Mais Meir Baruchin tient bon. Il balance : « dans trois générations, les enfants demanderont à leurs parents, comment avez-vous pu ne pas vous opposer à cette folie ? ».
Depuis un an, sans jamais avoir fait la une, cette histoire a été reprise dans les médias à travers le monde. « Nous avons atteint le plus bas de la moralité dans l’histoire du peuple juif. »
Ils sont peu nombreux en Israël à résister au coup (et au coût) de l’émotion, de la haine aveugle et de la répression. Exemple : la professeure d’arabe Sabreen Masarwa, Palestinienne qui vit en Israël et enseigne à l’Université hébraïque, elle a été suspendue de son poste pour avoir participé à une marche de commémoration de la Nakba, l’exil forcé des 700 000 Palestiniens chassés lors de la création d’Israël en 1948.
La résistance, c’est souvent d’abord solitaire, d’abord le fait d’une minorité, d’une poignée de poings. Ça se casse souvent les dents ou ça se les fait casser. C’est comme les brins de chiendent entre les plaques de béton, ça crève étouffé ou bien ça refait des prés et des forêts. C’est cet esprit de résistance qu’il faut cultiver, apprenez-le aux enfants. C’est comme les bulles d’oxygène dans l’aquarium, sans ça les poissons crèvent.
Voyez Julian Assange. Libéré en juin après des années d’enfermement et de diffamations médiatiques pour avoir dévoilé la réalité crue du pouvoir américain [1]. Celui que Joe Biden qualifie de « terroriste » va tenir son premier discours officiel en France, à Strasbourg, au Conseil de l’Europe, le premier octobre. En liberté. Un beau moment pour celles et ceux qui depuis des années à travers le monde militent pour la libération de Julian.
Il y a un an, sur sa messagerie, juste avant son arrestation, le prof Meir Baruchin a cité le poète britannique Samuel Johnson : « celui qui devient une bête échappe à la douleur d’être un homme ».
Dites quand même aux enfants que c’est les méchants qui perdent à la fin.
Et attendez qu’ils s’endorment pour ajouter : « en principe ».
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