Un article de Normand LESTER

Hiroshima, Nagasaki : des crimes de guerre américains

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Seule la vengeance explique l’utilisation de la bombe atomique contre le Japon qui était vaincu et sur le point de se rendre.

Dans sa déclaration sur la destruction d’Hiroshima par une bombe atomique le 6 août 1945, le président Truman affirme que ce sont des objectifs militaires qui ont été attaqués. Il ment. Le point de visée était le centre-ville, pas le parc industriel ou les installations militaires négligeables situées à la périphérie. Bilan : 90 000 morts.

Sans même une pause pour évaluer les résultats de la frappe et la réaction japonaise, le 9 août, une seconde bombe atomique pulvérise Nagasaki (75 000 morts), le cœur du catholicisme nippon depuis le XVIe siècle.
Seule la vengeance explique l’utilisation de la bombe atomique contre le Japon qui était vaincu et sur le point de se rendre. Le président Truman le reconnaît lui-même : « Nous l’avons utilisée contre ceux qui nous ont attaqués sans avertissement à Pearl Harbor, contre ceux qui ont affamé, battu et exécuté des prisonniers de guerre américains et contre ceux qui ont abandonné toute prétention d’obéir aux lois internationales de la guerre. »

Le Japon avait commis de terribles atrocités contre les populations civiles en Chine et en Corée, il avait maltraité des prisonniers de guerre et avait commencé la guerre. Mais un crime n’en justifie pas un autre. Et, à Pearl Harbor, la marine nipponne a attaqué des installations militaires et des navires de guerre américains, pas des civils.

Ces exterminations de masse de civils japonais ne se sont pas arrêtées là. Quatorze heures après que l’empereur Hirohito eut annoncé la reddition sans condition du pays, le commandant des forces aériennes américaines du Pacifique, le général LeMay décide d’un acte de vengeance final. Le 14 août 1945, l’US Air force mène son dernier et plus important raid aérien de la guerre du Pacifique en lançant 1014 bombardiers B-29 contre des objectifs japonais, la plupart civils. Cette attaque constitue le plus grand raid aérien de l’histoire de l’humanité pour le nombre d’avions engagés, mais pas le plus meurtrier. C’est celui mené avec des bombes incendiaires contre Tokyo dans la nuit du 9 au 10 mars 1945. Les superlatifs épouvantables ne manquent pas dans cette histoire.

Le principal architecte de la guerre du Vietnam, le secrétaire à la défense Robert McNamara qui servait alors sous les ordres du général LeMay, était chargé d’analyser l’efficacité destructrice et meurtrière des bombardiers B-29 en fonction de leurs coûts d’exploitation. Soit, établir en quelque sorte leur « rendement diabolique. »

Dans le documentaire de 2003 d’Errol Morris sur sa vie, McNamara avoue à propos de son rôle auprès de LeMay : « Nous avons brûlé à mort 100 000 civils japonais à Tokyo – hommes, femmes et enfants ; quelque 900 000 civils japonais sont morts en tout. LeMay a dit que si nous avions perdu la guerre, nous aurions tous été poursuivis comme des criminels de guerre. Et je pense qu’il a raison. Nous nous comportions comme des criminels de guerre. » Puis il pose la terrible question sur leur rôle : « Qu’est-ce qui rend cela immoral si vous perdez et non immoral si vous gagnez ? »

Le général LeMay n’a aucun problème de conscience d’avoir tué près d’un million de civils japonais. Interrogé après la guerre sur la moralité de la campagne de bombardements contre les villes japonaises, le monstre galonné répond : « Tuer des Japonais ne me dérangeait pas beaucoup à ce moment-là... Je suppose que si j’avais perdu la guerre, j’aurais été jugé comme un criminel de guerre... Mais toute guerre est immorale et si vous laissez cela vous déranger, vous n’êtes pas un bon soldat. »

La stratégie américaine d’assassinats de masse de civils pour forcer l’ennemi à céder est aussi appliquée en Corée. En 1950, l’armée de l’air américaine, en réponse à l’invasion de la partie sud du pays, aplatit la Corée du Nord, un crime de guerre systématique et impitoyable. Interrogé en 1984 par les services historiques du Pentagone, le général LeMay – encore lui – qui commandait alors le Strategic Air Command, révèle au sujet de la Corée du Nord : « Pendant une période de trois ans environ, nous avons tué 20% de la population. »
Curtis LeMay est le principal innovateur stratégique et le promoteur des politiques américaines visant à cibler les villes ennemies, du Japon au Vietnam en passant par la Corée. En cela, il est emblématique du mode de guerre américain qui émerge de la Seconde Guerre mondiale.

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    Le colonisateur peut gagner des batailles mais il perd toujours la guerre. De l’Algérie à l’Irlande, du Vietnam au Mozambique, partout le colonisateur a fini par perdre. Même les autochtones anéantis dans les Amériques reprennent peu à peu leur place dans l’histoire. Le sionisme est né au temps du colonialisme triomphant au XIXe siècle avec l’idée de créer un État comme refuge pour le peuple juif persécuté. Mais où ? Le lieu, comme le projet, étaient très loin de faire l’unanimité dans le monde juif où le sionisme a connu beaucoup d’adversaires. Le débat a persisté et se ranime aujourd’hui dans le monde au moment où Israël s’enfonce dans l’impasse sans issue d’une violence sans borne. Dans un livre court, les deux universitaires spécialistes de l’histoire du judaïsme, Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, familiers d’Israël et soutiens de la cause palestinienne depuis toujours font part de leur questionnement.

  • Le géographe Pascal Clerc publie « Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle » aux éditions Autrement « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Abonnés

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    Qu’est-ce qu’un géographe ? Un chercheur qui étudie les paysages, l’organisation des espaces et la façon dont les humains arpentent ces espaces. Appliquer sa méthodologie à l’école, c’est ce qu’a fait le géographe Pascal Clerc qui publie Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle aux éditions Autrement. La sociologie nous enseigne que les « formes informent », mais également que les « formes forment ». Alors nos écoles de la République ressemblent-elles à des monastères ou à des prisons ? Comment les a-t-on dessinées et construites ? Ces lieux où nos enfants passent toutes leurs journées sont-ils des lieux d’émancipation ou des lieux de contrôle et de discipline des corps et des esprits ? Puisque les espaces définissent le type d’apprentissage qu’on y fait, on devrait concevoir les écoles en fonction des objectifs pédagogiques. « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Éléments de réponse avec le géographe Pascal Clerc, qui est l’invité de Laurence De Cock dans ce nouveau numéro de « Si j’aurais su ».

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Tout un été Là-bas La vérité, un concept étranger à Raphaël Enthoven AbonnésVoir

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Dimanche 12 mai, le très médiatique Raphaël Enthoven était invité de Benjamin Duhamel dans son émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur BFMTV. L’occasion pour le talentueux orateur d’asséner une de ces belles sentences dont lui seul a le secret : « nous périssons de la criminalisation de l’opinion d’en face ». Criminaliser l’opinion d’en face, c’est pourtant exactement ce que le philosophe a fait pendant toute l’émission, en repeignant systématiquement en odieux antisémite toute personne qui critiquerait les bombardements israéliens sur Gaza. Et ce grâce à une série d’approximations, de contre-vérités et de mensonges dont le nombre et l’ampleur – en seulement vingt-sept minutes d’entretien – forcent le respect. Extraits.

L’État d’Israël contre les juifs. Dialogue avec Sylvain Cypel (2e partie) (VIDÉO | 50:02) AbonnésVoir

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La Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la force » s’obtient par l’« esprit ». Or aujourd’hui en Israël, un dicton populaire a transformé ce message, c’est devenu : « ce qui ne s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force ». Comment en est-on arrivé là ? Comment une extrême droite raciste et suprémaciste est-elle arrivée au pouvoir ? Un gouvernement soutenu par toutes les extrêmes droites du monde, y compris les plus antisémites ?

Tout un été Là-bas Alain Gresh : « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » AbonnésÉcouter

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Ben oui, mais c’est la guerre, que voulez-vous… Rarement un conflit aura été accompagné par tant de mauvaise foi, par tant de mensonges, de désinformation, d’affabulation. Rarement le manichéisme n’aura autant dominé et fait oublier la profondeur historique d’une crise que nous redécouvrons à chaque conflit. Rarement la politique française n’aura été aussi lâche, se contentant d’un suivisme affligeant à l’égard du gouvernement israélien et de son parrain américain.

Tout un été Là-bas : réécoutez ce grand entretien, trois jours après le 7 octobre 2023, avec l’ex-ambassadrice de Palestine LEÏLA SHAHID : APRÈS LA TERREUR, LA TERREUR Accès libreÉcouter

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« Il ne peut y avoir aucune explication », disait le premier ministre socialiste Manuel Valls, « car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Malgré cette forte pensée, nous vous proposons cet entretien à chaud avec Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine, témoin et actrice engagée en première ligne et toujours militante de la cause palestinienne. Sommée de dénoncer le terrorisme islamiste, elle répond : « toute action contre des civils, qu’elle soit une action palestinienne, israélienne ou française, est un crime contre l’humanité ».