Inonder la zone de merde. Flood the zone with shit. Vous n’avez pas pu échapper à la vidéo de Trump suite à la manif « NO KINGS ». Même Sarkozy dans sa prison s’en est régalé et prévoit de s’en inspirer dès sa sortie contre toutes ces racailles.
Contre ces sept millions d’opposants « no kings » qu’il qualifie de « loosers », Trump applique à la lettre le principe de Steve Bannon, son illustre conseiller, ami de Marine Le Pen et gourou du nouveau fascisme : « chaque jour, nous devons leur balancer trois choses. Ils en mordront une et nous pourrons faire nos affaires. Bang, bang, bang, ils ne s’en remettront jamais. »
C’est la technique de l’hippopotame.
Saturer l’espace médiatique planétaire jour et nuit, choquer, émouvoir, influencer. Avec l’informatique, et maintenant l’IA, jamais la propagande n’a été aussi puissante et insidieuse dans l’histoire humaine. Rien que pour la France, avec plus de 500 000 citations dans les médias français pendant les six premiers mois de 2025, Donald Trump est deux fois plus cité que le président français Emmanuel Macron [1].
Pendant que toute l’attention est fixée sur sa farce scatologique, Trump peut relancer les essais nucléaires à sa guise, faire déporter des millions de migrants, ces envahisseurs qui nous mènent tout « droit en enfer » selon lui, ou en finir avec le dérèglement climatique, « la plus grande arnaque » de l’histoire de l’humanité.
Et en plus sa grosse blague désarme la contestation qui s’échine contre lui. Un monarque est rigide, lointain, funèbre, il détient la force. Au contraire, la farce c’est le peuple. Face au tyran, l’arme du peuple c’est la force de la farce contre la farce de la force.
Au temps de Molière, le théâtre se divisait en trois genres : la tragédie c’était pour la noblesse, la comédie intéressait la bourgeoisie et la farce c’était le peuple, le grotesque, le mauvais goût, le rire contre le sérieux, le cul par-dessus tête, le pet sonore à l’église durant le sermon. De Rabelais à Coluche, la farce est l’arme et l’art du peuple. Depuis des années, Trump en est la cible. L’outrage est à la mesure de l’outrance. Voilà un petit florilège :


(illustration : O-Sekoer)


« L’examen médical auquel le président échoue régulièrement »
C’est vrai, bien souvent la satire ne fait que renforcer le tyran qui met les rieurs de son côté ou les envoie rigoler en Sibérie. Mais il arrive qu’une caricature, une chanson, un bon mot lui restent en travers de la gorge, l’étouffent et entraînent sa chute et parfois même lui font cortège jusqu’à l’échafaud. D’ici là, la satire abreuve la résistance et nourrit l’espoir de justice.
Sauf que là, Trump nous coupe l’herbe sous les pieds. Dans cette vidéo, c’est lui le bouffon. Et un bouffon n’est pas un fasciste, au contraire Charlot dénonce le dictateur, il est de notre côté. Sauf que le piège est là. Le nouveau fascisme n’arrivera pas au pas de l’oie avec des bruits de bottes, ni même avec le bras tendu du « plus jamais ça ». Pas besoin de tout ça puisqu’il est déjà là. 54 % des Français se disent prêts à voter pour l’extrême droite à l’avenir [2]. Voulez-vous « un vrai chef en France pour remettre de l’ordre » ? 73 % des Français répondent oui [3].
Nous aussi, comme en Amérique, on veut un chef dans son avion qui nous chie dessus !

Mr. Fish, « Si vous n’êtes pas préoccupé par le fascisme en Amérique, c’est que VOUS êtes un fasciste en Amétique »
