Mais QUI veut Zemmour ? Un reportage étonnant de Dillah Teibi et Jonathan Duong à Béziers. VIDÉO et RADIO (PODCAST)

Zemmour ne donne pas envie de Béziers...

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Camelot ou escroc ? Les deux !
Gavé jusqu’à la nausée, on a trop compris ce que veut Zemmour en boucle devant toutes les caméras, mais QUI veut Zemmour ?

Qui sont ces 17 ou 18% qui voteraient pour lui, selon les récents sondages ? Bernard Tapie considérait que si Jean-Marie Le Pen était un salaud, ses électeurs aussi étaient des salauds. Mais bien sûr c’est faux. Ils ne sont pas plus salauds que le commun des mortels. Études, chiffres et analyses tentent de sonder les coeurs et les reins de ces foutus électeurs. Mais ces savants calculs s’avèrent presque toujours faux au moment des élections. Essayons donc le plus simple, parler, tout bonnement avec ces possibles électeurs, sans prétention exhaustive.
Dillah et Jonathan sont allés rencontrer le public lors du débat avec Michel Onfray le 04 octobre dernier, au Palais des Congrès.

Cette fois, changement de décor, c’est à Béziers qu’Éric Zemmour, invité par le maire -son ami Robert Ménard- venait rencontrer un public enthousiaste.
Et vous ?

Zemmour ne donne pas envie de Béziers
par Là-bas si j'y suis

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[VIDEO] Zemmour ne donne pas envie de Béziers...

journalistes : Dillah Teibi & Jonathan Duong
son : Sylvain Richard

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A Béziers, parmi mensonges et approximations, Zemmour s’en est pris à l’aide médicale aux étrangers. « L’hôpital est assiégé par une population venue du monde entier. Nous devons supprimer l’AME »
L’AME, c’est l’Aide Médicale aux Étrangers en situation irrégulière.
Cet AME coûte un milliard d’euros chaque année, soit 0,5% des 200 milliards des dépenses de l’assurance maladie.

Un médecin lui a répondu sur Facebook : (voir le post originel)

To be or not Toubib
Hier, à 00:30 ·
« L’hôpital est assiégé par une population venue du monde entier. Nous devons supprimer l’AME. »
Eric Zemmour, Béziers, 2021

Salut Éric,
Demain, à 00h, j’en serai à 64h de travail en une semaine en tant que senior aux urgences pédiatriques. Des urgences qui débordent, des urgences qui ont parfois l’air assiégées, des urgences où l’on se sent assiégé, nous, médecins, infirmières, aides-soignantes
Mais, ah... tu sais quoi Eric ? Y’a personne de bénéficiaire de l’AME qui assiège mon hôpital, ou bien c’est le siège le plus light de l’histoire des sièges.
Des personnes en situation irrégulière avec des enfants en situation irrégulière, j’en ai parfois, et c’est rare franchement.

D’ailleurs, tu sais Éric, la vérité, c’est que l’AME coûte environ 1 milliard... sur un budget de 200 milliards au total pour la Sécu, ce système que toi et tes copains politiques vous vous entêtez depuis des années à faire croire aux gens qu’il devrait générer des bénéfice et non un « trou », un système dont l’idée est d’être une solidarité qui ferait des bénéfices. C’est comme si demain, les restos du cœurs investissaient en Bourse.

Mais ça, Éric, t’en as rien à foutre, tu n’as jamais bossé dans un hôpital. Tu n’as jamais eu le salaire de misère d’une aide-soignante pour se casser le dos pour garder la dignité d’un malade.

Les malades pris en charge par l’AME, tu t’en fous encore plus, d’ailleurs on t’a jamais vu soigner une Tuberculose, qui pourrait faire des ravages en France si on ne prenait pas en charge ces gens qui vivent, quasi-toujours, dans des conditions que même un chien ne voudrait pas, qui sont employés au black sur des chantiers ou dans des restos, mais là, ça va, c’est cool.

J’ai déjà soigné des gens qui avaient l’AME, Éric. Pendant mon externat, en maladie infectieuse, des gens qui avaient fui et s’étaient réfugiés en France pour échapper à la mort, au viol, à la torture, à la mutilation, à la misère…
Ces gens que tu jettes en pâture aux autres citoyens que tu abuses.
J’en ai soigné aussi quelques-uns des gosses qui bénéficiaient de l’AME, dont l’un s’était enfoncé un clou dans le pied et que j’ai vacciné au passage parce qu’il avait fui son pays sans rien.

Et si demain j’ai d’autres patients qui viennent devant moi et qui ont besoin de soins en urgences, je les soignerais, même si on me l’interdit.
Et je t’emmerde, Éric.

Ce qui assiège vraiment l’hôpital aujourd’hui, c’est vous.
Les politiques, les financiers qui pensent que l’on peut monnayer une vie humaine, que l’on peut décider de laisser crever des gens sur notre sol parce qu’ils n’ont pas un bout de papier, pour ça quand vous balancez des milliards d’euros pour de l’évasion fiscale (#PandoraPapers #PanamaPapers) ou des millions d’euros pour des campagnes électorales...
Ce qui assiège l’hôpital, c’est le manque de moyens, le manque de lits, les salaires de merde, le manque de personnel, les heures interminables, le manque de prévention, le manque de pédagogie médicale au grand public, le manque de médecins formés, le manque de considération d’une classe politique qui s’en bat les couilles dès qu’ils ne risquent pas leur vie ou leur mandat.
Certainement pas les quelques pauvres femmes, hommes et enfants que l’AME permet de soigner comme des êtres humains et de ne pas les laisser comme des chiens dans un caniveau.

Je fais pas de politique, Eric.
Mais toi alors, fais pas de médical, parce que t’es pas médecin.
Et fais pas d’humanité, parce que tu sais pas ce que c’est.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.