Un symbole phallique ? Une marque ésotérique ? Un signe cabalistique ? Non, un entonnoir. Sur l’une des pierres de la Blaquière, cette superbe bergerie construite par des centaines de défenseurs du Larzac dans les années 1970, on peut voir ce signe en forme d’entonnoir. Pourquoi ?
Hier encore, les médias confondaient zadistes et djihadistes, mais depuis la victoire contre l’aéroport, le vent a tourné, et des flots de journalistes s’arrachent le moindre paysan, le moindre barbu, le moindre mouton. Que va devenir Notre-Dame-des-Landes ? La question revient en boucle.
Quelle issue ? Quel programme ? La lutte du Larzac peut-elle servir d’exemple ? Après la victoire en 1981, une société civile a été créée, la SCTL (Société Civile des Terres du Larzac), pour permettre aux agriculteurs de gérer les terres (6 300 hectares) confiées par l’État pour une longue durée. Ainsi, les paysans font usage de la terre mais sans en être propriétaire. Un modèle pour Notre-Dame-des-Landes ? Pour comprendre, voici un retour sur le Larzac en 1995, avec Jean-Bernard, le copain journaliste et les héros modestes de cette histoire dont un inconnu du grand public à l’époque, un certain José Bové.
Ah, j’oubliais l’entonnoir ! C’était le couvre-chef attribué à Michel DEBRÉ, ministre d’État chargé de la Défense nationale, fervent promoteur du projet d’extension du camp militaire. Soyons reconnaissants envers ce grand homme. Sans son projet stupide, nous n’aurions pas vécu cette aventure superbe et peut-être pas non plus Notre-Dame-des-Landes. Au nom de la patrie reconnaissante, nous irons déposer sur sa tombe un entonnoir géant !
Un reportage de Daniel Mermet, diffusé la première fois sur France Inter le 7 septembre 1995.
Programmation musicale :
– Dominique Laquais : Le chant du Larzac
– Francis Gaye : Gardons la Larzac