Vous ne savez pas comment licencier ? Michel le fait pour vous Abonnés

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Wes Anderson, Fantastic Mr. Fox, États-Unis, 1h27, 2009

Comment faire pour que vos salariés se licencient eux-mêmes avec le sourire ? N’en rêvez plus, amis patrons, faites appel à un « redresseur d’entreprises », qui saura faire en sorte que votre petit personnel se licencie lui-même. Impossible ? Pas pour Michel Rességuier, manager d’entreprise et président du cabinet Prosphères, qui a déjà « sauvé » plus de 150 entreprises !

Ces managers experts en plans de « restructuration » optent souvent pour le « bottom-up », mais pour mieux s’adonner au « top-down ». Un patois qui vous échappe peut-être mais qui pourrait vous être bien utile un jour dans votre entreprise qui ne craint pas (encore) la crise.

« Top-down », c’est-à-dire de haut en bas : on décide en haut, et à la base on s’écrase. Système classique mais dont la base se méfie et qu’elle rejette.
Alors que « bottom-up », c’est de bas en haut, c’est la base qui est d’abord consultée, afin de « tirer profit d’une approche collaborative ». Le scénario est simple. On présente l’entreprise comme étant en grande difficulté, avec plan social en perspective. Pour la sauver et sauver les emplois, il faut faire des économies. On demande aux salariés quelles sont leurs meilleures idées et on ne garde que les propositions qui vont entraîner des suppressions d’effectifs, ce qui est le but de l’opération exigé par l’actionnaire. Ainsi, croyant bien faire, les salariés sont amenés à détruire leurs propres emplois. Pas mal, non ?

C’est ce qui est arrivé dans une entreprise comme Pimkie. Voilà le métier de Michel Rességuier, fondateur du cabinet de redressement Prosphères. Un tueur qui fait le sale boulot ? Bien sur, il ne présente pas les choses comme ça. Il est un "redresseur d’entreprise", un genre de sauveur. Comme les dix-huit salariés de son cabinet, il intervient à la demande d’un actionnaire ou d’un redresseur judiciaire, et touche entre 15 et 20 % de plus que le patron dont il prend la place, soit en moyenne 40 000 euros par mois [1]. Oui c’est beaucoup. Mais c’est tellement mérité !

Le cabinet de Michel Rességuier s’est chargé du « redressement » d’environ 150 entreprises, dont le groupe Primavista, Agatha, JCB, Daxon, Bolloré Thin Papers ou encore Pimkie, une marque de prêt-à-porter, qui appartient à la famille Mulliez (groupe Auchan, 5ème fortune française avec 38 milliards d’euros). En janvier 2018 donc, les salariés de Pimkie apprennent que 208 postes seront supprimés et 37 magasins fermés. Puis ils voient débarquer le dynamique Michel Rességuier, redresseur sauveteur…

Programmation musicale :
 Anaïs : DRH
 Arnaud Cathrine et Florent Marchet : La Chanson du DRH

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.