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- [RADIO] Une heure avec un diable taliban [1er novembre 2006]
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En attendant que BHL ramène la démocratie et la liberté en Afghanistan, les talibans fêtent leur victoire à bord des engins militaires abandonnés par l’armée américaine dans sa fuite éperdue. Une victoire qui est tout sauf une surprise. En 2006, on annonçait déjà le retour des talibans. À Kaboul, nous avions rencontré l’ancien ambassadeur des talibans au Pakistan, Abdul Salam Zaeef, récemment libéré de Guantánamo. Une occasion de comprendre qui sont ces diaboliques talibans, complétée par les explications du politologue Olivier Roy.
Dans leur immense misère, une majorité d’Afghans préféraient la peste talibane au choléra Otan. Un rejet qui s’est amplifié depuis. Non pas qu’ils approuvent vraiment l’obscurantisme des turbans noirs, mais c’est qu’ils rejettent l’occupation des Américains et de leurs alliés depuis vingt ans. Ainsi, avec à peine 70 000 combattants contre une armée de 300 000 hommes, les talibans ont pris le pouvoir en très peu de temps. Une fragile victoire cependant, puisque la branche afghane de Daech conteste leur pouvoir avec des attentats-suicides comme celui du 26 août, qui a fait une centaine de victimes, dont des talibans et des soldats américains.
La victoire des talibans est d’abord une énorme défaite des États-Unis et de ses alliés. Selon l’ONU, plus de 160 000 afghans ont été tués, ainsi que 2 400 soldats américains. Une guerre (disons plutôt une défaite) qui a coûté 2 000 milliards de dollars. Selon Le Canard enchaîné (25 août 2021), un récent calcul du Pentagone indique que les guerres antiterroristes menées par les États-Unis en Afghanistan, Irak, Syrie, Somalie et Libye ont déjà coûté 6 400 milliards de dollars. Mais que voulez-vous, l’armée américaine, c’est 1 million et demi de personnes. Il faut bien quelques guerres par-ci par-là pour justifier leur activité et leur budget : 700 milliards de dollars. Sans compter l’énorme complexe militaro-industriel américain qui fait des merveilles. De ce point de vue, si les États-Unis encaissent une cinglante défaite militaire et politique, par contre les marchands de canon se frottent les mains. Et c’est bien ça le principal, non ?
Un reportage de Giv Anquetil et Daniel Mermet diffusé la première fois sur France Inter le 1er novembre 2006.