Rencontre avec André Pochon (93 ans), militant de l’agriculture paysanne (PODCAST|33’40)

Une autre agriculture est possible : l’expérience d’André Pochon

Le

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Agriculture paysanne, c’est possible et ça marche 


Écouter le reportage :

[RADIO] Une autre agriculture est possible. L’expérience d’André Pochon
Son combat, le combat de toute sa vie, c’est l’agriculture paysanne, une agriculture qu’il pratique et qu’il défend depuis des années de façon probante. Il n’est pas le seul, depuis longtemps des alternatives existent mais sont toujours repoussées à la marge. Sauf qu’il y a urgence. Un reportage de Jean-Michel Dumay avec André Pochon (27 mai 2016).
Là-bas si j’y suis

Des fermes de plus en plus grandes et de moins en moins nombreuses. C’est l’agrobusiness qui l’emporte sur l’agroécologie. On peut le regretter mais c’est le choix qui s’est imposé, que voulez-vous, il faut vivre avec son temps.

Et voilà. L’astuce est très simple :
1. Faire croire qu’il y a un choix
2. Faire croire qu’il s’est imposé

1. Faire croire qu’il y a un choix entre les indiscutables dégâts sur la santé humaine et sur la biodiversité, d’une part, et, d’autre part, une agriculture respectueuse de la vie. Que choisir en clair : la mort ou la vie ? Question superflue puisque c’est « le choix qui s’est imposé ».

2. « Choix imposé », mais par qui et par quoi ? Lobbies, médias, scientifiques de plateaux et de réseaux, camelots politiciens... Le système est bien connu.

Alors on a perdu ? Non, bien sûr. Mais pour se donner des chances de faire dérailler la machine il faut se demander comment on en est arrivé là.

De la roue à la machine à vapeur, de l’imprimerie aux vaccins, les vraies révolutions viennent de la technologie. Aux humains d’inventer la vie qui va avec. À nous de chevaucher ces grands bouleversements. On galope jusqu’au sommet, ou bien on se fout la gueule dans le mur, ça dépend. Les plus importantes de ces révolutions ne sont pas toujours en tête dans la mémoire collective. Les engrais chimiques, par exemple. Ce fut pourtant un bouleversement planétaire dans l’agriculture mondiale dans les années d’après-guerre. Des effets incalculables, des peuples vont sortir de la famine, des fortunes vont se bâtir, l’histoire redistribue les cartes et les redessine dans le même geste. Les effets négatifs ? On ne les voit pas, on ne veut pas les voir. Devant la balance avantages/risques, on ferme les yeux car il s’agit de l’essentiel : nourrir l’humanité.

En France, le monde paysan, avec ses rites identiques depuis Virgile, disparaît en quelques années. C’est le tracteur, c’est le remembrement, c’est des rendements sans précédent. Dans une novlangue qui explose, un mot écrit au néon clignote sur le siècle : « moderne ».

Il y a plusieurs raisons à ce bouleversement, mais la cause principale c’est l’apparition de ces engrais chimiques. Adieu tous les savoirs, les manières de faire et de voir qui se transmettaient, adieu les secrets et tous les dieux des petits riens. Mais aussi quelle libération ! Adieu l’énorme tas de fumier devant la ferme, finis les tonneaux de purin pour éradiquer une touffe de chiendent. Grâce à la potion magique, en France, on est en Amérique.

Sauf que…

Vous connaissez la suite. Et vous connaissez le résultat. Les dégâts sont énormes. Santé humaine, environnement, biodiversité. La potion magique est un poison magique. D’abord quelques voix contestent, mais on s’en fout, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Mais quand même, peu à peu, il faut se rendre à l’évidence, les dégâts sont considérables et c’est les enfants qui passent à la caisse.

Et alors ?

Alors sans surprise, selon sa bonne vieille méthode, le pouvoir va tout changer afin que rien ne change. On organise des « grands débats » qui ne servent scrupuleusement à rien. À Marseille en avril 2022, Emmanuel Macron affirme : « ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ».

En décembre 2023, alors que plus de 80 % de l’opinion est favorable à la mobilisation des agriculteurs en colère, Macron, Attal et la FNSEA ont réussi à rendre responsable « l’écologie punitive » et à « mettre en pause » des programmes, pourtant bien modestes, mis en place par son gouvernement contre le désastre. On fustige ces écolos fanatiques et ces terroristes des Soulèvements de la Terre. « On est chez nous ! » hurle la Coordination rurale, qui verrait bien Marine à l’Élysée ou Zemmour, pas mal non plus. Partout l’extrême droite en Europe est aux avant-postes pour transformer la colère des agriculteurs en colère électorale.

Alors, tout est foutu ?

Mais non, bien sûr, car contre tous ces escrocs et ces gros méchants, nous avons notre héros : DÉDÉ POCHON !

C’est lui que nous retrouvons aujourd’hui dans ce reportage de Jean-Michel DUMAY de 2016. « Dédé » allait alors sur ses 85 ans. Aux dernières nouvelles, il se porte parfaitement bien. Son combat, le combat de toute sa vie, c’est l’AGRICULTURE PAYSANNE, une agriculture qu’il pratique et qu’il défend depuis des années de façon probante. Il n’est pas le seul, depuis longtemps des alternatives existent mais sont toujours repoussées à la marge. Sauf qu’il y a urgence.

Et la même question revient : pour nourrir l’humanité, l’agriculture sans pesticide est-elle possible ? La réponse est oui. Oui, c’est possible. Car on vous l’a dit mille fois : « c’est bien joli, mais avec ton agriculture bio, comment tu nourris la planète ? ». Les études scientifiques se multiplient à travers le monde. Et toutes rejoignent les intuitions et les expériences de gens aussi têtus que Dédé Pochon. C’est possible avec des modifications : la réduction mondiale de la consommation de viande, la réduction des pertes et des gaspillages, la réintroduction de certaines plantes, les retours à certains cycles, etc.

Une petite balade dans l’histoire suffit à nous rappeler que ce qui semblait définitif peut changer rapidement, d’un coup d’épaule.

Prenons simplement l’histoire des haies dans notre douce France.
Aujourd’hui il faut les replanter, des programmes sont en cours. Il y a urgence. À elles seules les haies racontent la destruction de ce pays par l’agrocapitalisme.

Ringard, passéiste, borné, réac. Le racisme social n’a jamais été tendre avec le paysan. Le plouc, le pécore, le cul-terreux, le pedzouille. On l’a héroïsé aussi, lui trouvant les plus profondes vertues. La terre, la nature, la frugalité, la piété, les grandes choses éternelles, simples et profondes, le bon sens surtout. Ah, le bon sens ! Et n’oublions jamais la faucille avec le marteau. Oui, la faucille. Avec ses jacqueries et ses révoltes, de Brueghel l’Ancien à Vincent van Gogh, de Le Nain à Millet, il avait ses lettres de noblesse agricole, on comptait sur lui pour le grand soir.

Mais sa chute fut brutale, sa déchéance irrésistible, son exode pathétique. Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer... Au lendemain de la guerre il fallait retrousser ses manches, il y avait un monde à reconstruire, il fallait produire, produire, produire.

Dans la crainte que certains pays d’Europe ne glissent dans l’enfer soviétique, nos gentils grands frères américains, après nous avoir libérés, nous ont prêté des sous pour que nous puissions nous moderniser en leur achetant tout un tas de choses merveilleuses. Des tracteurs par exemple. C’était le plan Marshall. Je te prête de l’argent (avec juste un petit intérêt) et avec ça, tu m’achètes des belles choses (je te dis lesquelles) et je prends ma petite commission.

En peu de temps les tracteurs étaient partout dans les campagnes. Les chevaux, les milliers de chevaux de trait ont pris le chemin de l’abattoir et des boucheries chevalines. Le souci c’est que souvent on avait des petits champs, quelques arpents biscornus, avec trois pommiers au milieu, des talus, des mares à grenouilles et des chemins creux pour aller jusque-là. Ou jusque là-bas. Et des haies autour de tout ça. Bref, tout ce qui fait un paysage.

Et tous ces champs avaient des noms. Regardez une vielle carte d’état-major comme celle-ci vers l’Eure-et-Loir. Les Filardeaux, les Douze-Arpents, les Cormiers, la Bruyère du rendez-vous, la Manivelle, les Badelins, les Déserts…

Balayé tout ça. Rayé, arraché, aligné, agrandi, quadrillé. Il fallait moderniser, rationaliser, augmenter le rendement. Il fallait échanger des terres avec des voisins. Tout mettre au carré. Du jour au lendemain, le prof de dessin vous faisait passer de Théodore Rousseau à Mondrian.

Et malheur à celui qui rechignait, qui refusait ces mornes plaines, qui pleurait cette France défigurée et ces paysages séculaires frappés d’alignement. Tout ça encadré par l’État. Certains disaient que c’était comme l’occupation allemande. C’est pour dire. Il y eut des conflits, des suicides, des meurtres et des enrichissements fabuleux.

On mit beaucoup d’énergie pour détruire les haies et araser les talus. 70 % des haies ont disparu des bocages français, soit 1,4 million de kilomètres. Une catastrophe pour la biodiversité. Les poètes avaient raison, les rêveurs approximatifs ont vu juste. Et le plus souvent, bien sûr, les paysans eux-mêmes. Comme cette fermière qui sait bien que faute d’une haie d’arbres pour les protéger du vent, ses vaches auront froid et donneront moins de lait. Depuis plus de cinquante ans, des voix attirent l’attention sur la destruction des haies. Aujourd’hui des programmes de replantation sont lancés.

En son temps (des années 1950 aux années 1970), André Pochon, précurseur et avocat d’une agriculture saine et durable, criait déjà dans un désert. Alors que l’agriculture française versait dans l’intensif industriel, le jeune agriculteur des Côtes-d’Armor prônait une agriculture plus harmonieuse avec la nature, respectueuse d’immuables règles agronomiques. Sa trouvaille d’éleveur : placer du trèfle blanc dans les prairies, rien que de très naturel, en lieu et place des engrais azotés.

Aujourd’hui retraité dans la banlieue de Trégueux, on le retrouve à l’heure de l’apéro au coin du feu, après avoir croisé des dizaines d’ouvriers du cochon en colère aux abattoirs de Lamballe. Pourfendeur de l’élevage hors-sol (où les bêtes sont alimentées par des céréales en stabulation et non par de l’herbe en prairie), « Dédé » Pochon a fondé le Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome (Cédapa) en 1982. Le déjeuner terminé, il nous guide auprès de Jeanne et Dominique Calvez, jeunes éleveurs, récemment installés près de Lamballe. D’heureux producteurs de lait bio, ayant choisi de vivre et travailler avec les méthodes Cédapa.

Pendant ce temps, nombres de créatures attendent impatiemment que des haies soient plantées pour venir y loger. La crise du logement ne concerne pas que les humains. Sans parler des hérissons, des lapins, des taupes et de tous les insectes possibles ou impossibles, sans parler des mûres, des baies, des aubépines impatientes de fleurir, je me limite à citer quelques oiseaux en demande de logement : le coucou gris, la grive musicienne, le merle noir, le troglodyte, le chardonneret élégant, le pinson des arbres, le verdier d’Europe, la fauvette des jardins, la mésange à longue queue…

Daniel Mermet

Programmation musicale :
 Monsieur Durand : Lucien, Agriculteur
 Pascal Parisot & Charlie-Rose Parisot : Mes parents sont bios
 Jules Marquard : 20 ans à la campagne

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    C’est pas tout le monde qui sait parler à tout le monde.

    Parler à quelques-uns, entre soi, entre convaincus, c’est courant, entre ceux du même parti et du même monde. Mais c’est autre chose que de parler à tout le monde, aux mômes qui se marrent, à la mère qui conduit l’auto, au maçon qui a mis la radio, au grand philosophe qui se gare et aux peuples coloniaux qui sont en train de couper les ponts avec les grands ciseaux de l’histoire. Et ça, ça ne plait pas à tout le monde.

    C’est en 1952 que Jacques Prévert et André François envoient cette lettre. Le combat anticolonialiste se développe partout et la répression n’est pas tendre. La France massacre à Madagascar et va cogner en Indochine. La majorité approuve le pouvoir. À l’époque, sous ses airs poétiques et bon enfant, cette histoire est un grinçant pamphlet anticolonialiste. Les indépendances arriveront plus tard avec cette interminable traînée de sang.

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  • Là-bas 2024 : douze mois, douze articles « Indépendance cha cha » : l’hymne de l’indépendance du Congo Abonnés

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    Parmi l’histoire mondiale de toutes les exploitations, celle du Congo et des Congolais par le roi des Belges est sans doute l’une des plus effroyables et des plus exemplaires. Exemplaire jusques et y compris l’« indépendance » du pays, officiellement décrétée le 30 juin 1960.

    Non contente de faire croire que l’indépendance du Congo fut l’aboutissement de la politique coloniale belge et une largesse généreusement accordée par le roi, la Belgique fit assassiner, avec l’appui de la CIA, son premier Premier ministre, Patrice Lumumba. Ses torts ? Avoir sollicité le soutien de l’URSS face aux impérialismes belge et états-unien, et s’être farouchement opposé à la mainmise de l’ancienne puissance coloniale sur la riche province minière du Katanga. La légende raconte que c’est Patrice Lumumba lui-même qui invita le chanteur Grand Kallé à venir jouer pour célébrer l’indépendance du pays. Il interpréta avec son groupe African Jazz ce qui devait devenir un tube pour les 65 années à venir : Indépendance Cha Cha.

  • Tous les mois, Là-bas offre plusieurs films gratos à ses chères abonnées et ses chers abonnés ! Le ciné Là-bas de janvier : chaque mois des beaux films pour nos abonnés adorés Abonnés

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    Fondateur avec Henri Langlois de la Cinémathèque française en 1936, George Franju fut le créateur, avec Les Yeux sans visage, d’un des mythes les plus fertiles de l’histoire du cinéma. Au-delà de ce classique, Franju ne cessa de mettre en scène la lutte des puissances anarchistes du rêve et de la nuit avec celles, aliénantes, du pouvoir.

    Le visage ciselé, idéal mais artificiel de Christiane recouvre un cauchemar : une face mutilée et crevassée de cicatrices noires. Ce masque de Colombine rêveuse est la prison des fantasmes de son père, mandarin gonflé de son pouvoir. Génessier a fait du visage de Christiane son chef-d’œuvre inconnu, sans cesse recommencé à partir de la peau qu’il arrache à d’autres jeunes filles. Le miroir obscur menant aux Yeux sans visage, Franju l’a d’abord traversé dans le documentaire. Dans le court métrage Poussières, la délicatesse et la blancheur de la porcelaine dissimulent les poumons cancéreux des ouvriers du kaolin. La belle visiteuse blonde du musée d’Hôtel des Invalides, qui se recoiffe dans un périscope, a quant à elle pour reflet les gueules cassées de 14. L’envers de la beauté, de la paix ou du confort est la maladie, la défiguration et le pouvoir qui s’exerce sur un peuple réduit à ce que Franju nommait les « métiers d’épouvante ». Ceux-ci se pratiquent sous la surface de la terre, les mines, le métro, ou dans les abattoirs des faubourgs, monde « noble et ignoble » (Cocteau, sur Le Sang des bêtes, 1949) dont le décor devient cet assemblage de peau, de viande fumante et d’os. Là réside l’épouvante pour Franju, dans un fantastique débarrassé de tout folklore mais qui touche à des angoisses profondes, et en premier lieu les siennes. Il déclarait souvent avoir tourné Le Sang des bêtes alors qu’il adorait les animaux, La Tête contre les murs alors que rien ne l’effrayait plus qu’être « contaminé par les fous », et Les Yeux sans visage alors que les lames le terrorisaient.

  • Là-bas 2024 : douze mois, douze articles Lucie Castets, pas seulement le tube de l’été ? Accès libre

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    Comme par magie, elle est sortie du chapeau de la gauche le 23 juillet 2024. La voix des dieux de gauche est sortie des nuages : « petite Lucie, tu vas faire première ministre ! ». « Quoi ? Moi ? Qui n’ai aucun mandat, qui ne demande rien, qui ne connais guère la jungle politicienne ? »

    La voilà poussée en pleine lumière et, miracle incroyable, toutes les gauches sont d’accord pour l’installer à Matignon. Après Léon Blum et François Mitterrand, la gauche unie s’appelle Lucie Castets. On l’acclame, on lui joue Lucy in the Sky, oui mais c’est qui ? Énarque, économiste, militante des services publics, ouverte au compromis et toutes gauches compatible. Dans les rédactions, on est partagé, doit-on écrire haut fonctionnaire ou haute fonctionnaire ? Vite fait la voilà médiatisée, la voilà peopolisée, la voilà dézinguée : Lucie et son rouge à lèvres, ce sera juste le tube de l’été, et basta. Matignon, c’était pour de rire, pour le carrosse c’est retour citrouille. Oui mais dans Castets, il y a castagne, la gauche ne l’a pas lâchée et pour la suite elle est très décidée. Mais décidée à quoi ? Dialogue avec Laurence De Cock.

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.