La plupart des Centres de Rétention Administrative (CRA) ont été vidés de leurs occupants, risque sanitaire oblige. Mais des personnes en situation irrégulière y sont encore retenues, au total 184, entassées, sans hygiène et sans protection, comme au CRA du Mesnil-Amelot, près de l’aéroport de Roissy.
Samedi 11 avril, la pression est montée, la cinquantaine de retenus se sont révoltés.
Ils ont sauté les grilles et occupé la cour pour attirer l’attention et dénoncer le désastre sanitaire dans lequel ils sont retenus. Toilettes bouchées, deux douches au total en état de marche pour 50. La police est intervenue sans douceur selon les témoignages. Et par mesure de représailles, près de 10 « révoltés » ont été transférés dans d’autres CRA. Notamment Rouen et Lille.
Considérés comme les meneurs, Samir et Martin font partie des 10 qui ont été transférés.
Aujourd’hui, ils continuent leur combat pour être libérés. En pleine grève de la faim, ils témoignent.
Un reportage de Dillah Teibi :
Samir revient sur la révolte du samedi 11 avril. Il a 23 ans. Après 2 années en prison, ses papiers ne sont plus valables. Il est visé par une OQTF, une obligation de quitter le territoire français, direction la Tunisie...
Martin est lui aussi menacé par une OQTF, direction le Portugal alors que son frère, en France depuis 25 ans, peut l’héberger.
Face à ces conditions indignes et illégales, plusieurs associations ainsi que le groupe Alternative écologique et solidaire (AES) au conseil régional d’Ile-de-France demandent au préfet de Seine-et-Marne la fermeture du CRA du Mesnil-Amelot. Alors que le ralentissement du trafic aérien ne permet quasiment plus aucune reconduite des retenus dans les pays d’origine, le groupe Alternative écologique et solidaire exige « que ces personnes soient immédiatement relâchées et testées. »
De son coté, le président de la Ligue des droits de l’Homme Malik Salemkour appelle le ministre de l’Intérieur à « arrêter toute nouvelle mise en rétention et à mettre fin à toutes celles en cours » alors que les risques de contamination au Covid-19 sont élevés et que les expulsions sont de plus en plus illusoires.