C’est une première : un flic dénonce le racisme dont il est victime dans sa brigade à Strasbourg. Il porte plainte contre sa propre institution, la Police nationale.
Haykal Rezgui Raouaji est motard. Il a 37 ans. Un flic exemplaire. En 2016, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve en personne le décore après le sauvetage de deux enfants dans un incendie. Ses 16 ans de carrière sans tache l’ont mené à Nice, Nîmes, Vannes, l’Île-de-France et Strasbourg aujourd’hui. Et c’est là que, pour Haykal, les choses ont basculé. Dès son premier jour, en septembre 2018, un de ses collègues balance : « encore un nom bien de chez nous ! » Les saloperies racistes se succèdent, Haykal Rezgui Raouaji va vivre l’enfer. D’autant plus dur qu’il est venu pour vivre là avec sa femme, Françoise, policière elle aussi, et leurs deux enfants.
« Sale bicot », « bougnoule », « nègre », ça n’arrête pas. Haykal ne peut plus encaisser. Au bout de trois mois, il décide d’alerter sa hiérarchie. Réponse ? Sa carrière est stoppée net. Finie la moto, il se retrouve au placard, lui qui se fait une si noble idée de la police et de son rôle. Et bien sûr, les collègues racistes ne sont pas sanctionnés. Il se tourne alors vers l’inspection générale de la Police nationale (IGPN) de la région. Circulez, y’a rien à voir. Il tente tous les recours. En vain. Il s’enfonce dans la déprime. Mais finalement, avec le soutien de sa femme Françoise, il entame une démarche sans précédent, il porte plainte contre la Police nationale.
Depuis quelques mois, les langues se délient à l’intérieur de la police, contre l’impunité et l’omerta dans ce grand corps malade. Pour Haykal, c’est un long combat qui s’engage.
Voici son témoignage et l’analyse de son avocate, Maître Kaoutare Choukour :