Une grande histoire dessinée, voilà notre façon de célébrer avec vous la fête des travailleurs cette année.
LE DROIT UNIVERSEL À PORTER LA MOUSTACHE
Lutter pour porter la moustache ? Tu rigoles. C’est pas une vraie lutte, une de ces grandes luttes des mineurs ou des sidérurgistes. Pourtant, Mathieu Colloghan se souvenait vaguement de cette histoire, une grève des garçons de café pour le droit de porter la moustache. Mais quand ? Pourquoi ? Et d’abord, avaient-ils gagné ? Mystère. Ça le turlupinait, mais chaque fois, il se répondait à lui-même : « on n’invente pas une grève pour le droit à la moustache ».
Mais, confinement oblige, il a fini par faire des recherches. Il s’est replongé dans Trop jeune pour mourir, le pavé de Guillaume Davranche sur le mouvement ouvrier révolutionnaire d’avant 14 [1]. Sans succès.
Il a trouvé une phrase (et des dates) sur le sujet dans Ces messieurs de la CGT [2]. Mais guère plus. Et même le Maitron, la bible du mouvement ouvrier, rechigne à livrer plus d’infos. Google renvoie vers des sites de coiffeurs barbiers ou des blogs sur les grandes brasseries qui, tous, évoquent en trois lignes la même info sans plus de détails. Manifestement, le sujet n’a pas passionné les historiens.
Reste le journalisme.
Et là, très excité, Colloghan raconte : « équipé uniquement de l’année et de la saison de ce mouvement social, je me plonge dans les quotidiens de l’époque sur le site de la Bibliothèque nationale de France. Et là, délice ! Je découvre que cette lutte ne fut en rien clandestine. Toute la presse, de l’extrême droite aux anarchistes, couvre quotidiennement le mouvement, par le menu. Les communiqués de la préfecture, les AG à la bourse du travail, les faits divers et les bruits de couloirs ministériels. Au quotidien, des centaines d’articles qui racontent ce mouvement oublié par le menu. Et c’est passionnant. Haletant. Le préfet a-t-il réussi à verrouiller la bourse du travail ? Je me précipite sur l’édition du soir de L’Aurore. Et l’AG reconduit-elle la grève ? C’est dans L’Huma du lendemain. »
De quoi faire une belle histoire, que voici !