Les prisons sont pleines mais elles sont vides de sens.

PRISON, t’es moins qu’un rat Abonnés

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On marche dans la merde de rat dans la prison, il y en a partout, on est bouffé par les poux et les punaises de lits, la bouffe est pourrie, on est neuf par cellule, on se fait cogner par les surveillants. L’horreur carcérale revient régulièrement à la une, 31 prisons ont été condamnées par la justice française et 17 fois par la Cour européenne des droits de l’homme (source : Observatoire International des Prisons)

Cette fois, c’est la prison de Fresnes qui fait l’objet d’un rapport explosif. Nous recevons Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, et Yoan Karar, surveillant membre du Syndicat National Pénitentiaire FORCE OUVRIÈRE.

Une ancienne ministre de la Justice disait : « nos prisons sont pleines, mais elles sont vides de sens. »

Un entretien de Daniel MERMET et Thibaut CAVAILLÈS.


Avec plus de 69 000 détenus (pour 58 000 places), la France est à un niveau historique Au moins le pouvoir socialiste aura réussi à remplir les prisons. Monsieur Valls a même prévu la construction de 33 nouvelles prisons. Monsieur Valls sait bien que la prison est l’école du crime, la pire fabrique de la violence, 61% des détenus sont ré-incarcérés dans les cinq ans, alors que, selon le ministère de la Justice, les sanctions « non carcérales » ont un taux de récidive de 32%, soit moitié moins.

Au moment où la France emprisonne davantage, d’autres pays font dans la décroissance carcérale, en Irlande, Allemagne, Finlande, Pays-Bas et même aux États-Unis, on commence à réduire pour deux raisons : ça coûte trop cher et ça encourage la récidive. " Un moyen onéreux de rendre les délinquants encore plus délinquants "

Mais avant tout, les prisons sont les prisons de la misère

En France, selon le ministère de la Justice, huit hommes sur dix, soit 80% des incarcérés, présentent des troubles psychiatriques ou des problèmes d’addiction ; chez les jeunes, 80% n’ont aucun diplôme et 40% sont illettrés, les suicides sont dix fois plus nombreux que dans la population générale.

Le sort des surveillants n’est pas plus enviable, la violence est permanent. À Fresnes, on compte un surveillant pour 120 détenus, 70% seraient des stagiaires, leur nombre n’a pas augmenté alors que Fresnes compte 2 474 détenus pour 1 226 places.

Depuis longtemps, toutes les études amènent aux mêmes conclusions : la prison ne diminue pas le taux de criminalité, la prison provoque la récidive, c’est la fabrique de la délinquance, elle précipite les familles des détenus dans la galère. « Ouvrez une école, vous fermez une prison », disait déjà notre Victor Hugo. Au contraire, avec leur affligeante stratégie électoraliste, Monsieur Valls et le pouvoir socialiste ont préféré la démagogie carcérale. « Quand ils sont dedans, ils ne sont pas dehors », comme dit le très droitier Monsieur Éric Ciotti.

De peur de passer pour « laxiste », ils ont fait une politique sans rapport avec l’évolution de la criminalité, qui est stable, voire même en diminution. Mais on connaît les vieilles ficelles : en période d’accroissement des inégalités économiques et de montée de l’insécurité sociale, la fabrication de boucs émissaires tels que l’immigration ou la petite délinquance permet de masquer la question sociale et la demande de justice.

Les différentes séquences de l’émission :

Merci à Adeline HAZAN et Yoan KARAR.

Programmation musicale :
 La Brigade : Zonzon
 La Rumeur : Le Dortoir Des Grands

Nous attendons vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

journalistes : Daniel MERMET et Thibaut CAVAILLÈS
réalisation : Khỏi NGUYEN
montage : Grégory SALOMONOVITCH
vidéo : Cécile FREY et Jonathan DUONG

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