Plus de patron, plus de chômage, vous en rêvez ? Et bien c’est simple, devenez freelance ! Suivez avec nous ce stage de quatre jours et vous allez devenir « le capitaine de vous-même » ! L’Académie du freelance vous attend. Emmanuel Macron le proclame : « la France est un pays d’entrepreneurs ». Toute enthousiasmée, Sophie Simonot a voulu rencontrer cette jeunesse pleine d’avenir. Miroir aux alouettes ?
Se mettre à son compte est un vieux rêve qui se réalise quelquefois, mais souvent au prix du stress et des galères de toutes sortes. Pourtant, le nombre de travailleurs indépendants est en augmentation, auto-entrepreneurs, intermittents, freelanceurs, etc. : l’Insee dénombrait 3,1 millions de travailleurs indépendants en 2016 [1].
Chacun devient un « individu entreprise ». Un moyen de sortir du chômage ou de ne pas y entrer, et aussi un moyen d’échapper à la soumission du salarié. Sauf que la tyrannie du patron est remplacée par la tyrannie du client. Il va falloir se vendre en permanence, construire un réseau de relations avant tout commerciales. Plus de frontière entre vie privée et vie professionnelle. Totale soumission au donneur d’ordre et au client, soumission totale aux aléas économiques. Souvent d’ailleurs, le client est un patron. Beaucoup de ces indépendants font la joie des employeurs qui n’ont plus de souci de cotisations sociales, qui peuvent révoquer immédiatement sans procédure ni indemnité, fini le Code du travail !
Bien sûr, le très néo-libéral Macron est un fervent militant de l’auto-entrepreneur. Fini le collectif, finie la possibilité de solidarités et de luttes collectives, finie la « grogne » de ces fainéants assistés, c’est le règne de la concurrence de tous contre tous. Bonjour, je vous présente ma petite entreprise, c’est moi-même. Présenté comme jeune, moderne et dynamique, ce statut nous renvoie aux temps anciens du travail à la tâche, à la pièce, à la course, tout ce contre quoi nos ancêtres ouvriers ont lutté jusqu’à y perdre parfois leurs vies. Le grand bond en arrière s’accomplit parfaitement. Nous voila revenus à la case départ, quelque part au XIXème siècle. Avec ses médias et ses think tanks , le Néo-libéralisme est une ardoise magique qui a tout effacé. Tout ? Non, mais la lutte repart à zéro. Un exemple : avec leurs cubes sur le dos, les livreurs à vélo s’organisent en CLAP, Collectif des Livreurs Autonomes de Paris. Macron et son monde ne sont pas éternels mais comme dit Lulu, "on a pas le cul sorti des ronces" !
D.M.
Un reportage de Sophie Simonot.
Écoutez le reportage par chapitres :
Merci à Adrien, Charles, Henri, à l’Académie du Freelance de 2i Portage et aux quinze participants du « boot camp ».
Programmation musicale :
– TTC : Travailler (Orgasmic Remix)
– Benjamin Biolay : Ma Petite Entreprise