Toute sa vie on l’a présentée comme « la petite fiancée de Guy Môquet », résistant fusillé par les nazis à l’âge de 17 ans, le 22 octobre 1941 à Chateaubriand avec 27 autres camarades. C’est un peu avant qu’Odette, elle aussi jeune communiste résistante, l’avait rencontré. Toute sa vie elle a porté cette mémoire en semant partout les étincelles de la rébellion. Odette Nilès (née Lecland) vient de mourir, à l’âge de cent ans, le 27 mai, date anniversaire du CNR, le Conseil National de la Résistance. Il y a 20 ans, dans notre série d’émission sur les « lettres de fusillés »,elle a bien voulu témoigner. Une de nos émissions parmi les plus écoutées, la voici en hommage.
« Mon écriture est peut-être tremblée, c’est parce que j’ai un petit crayon ».
Dernières lettres bouleversantes des résistants fusillés, lues par des anonymes dans cette série d’émissions, « La vie à en mourir » en 2003. C’est là que nous rencontrons Odette Nilès, qui évoque Guy Môquet, mais nous la découvrons elle-même. À 17 ans elle était elle aussi communiste et engagée dans la Résistance. Arrêtée par la police française, elle est condamnée à mort dans le même camp que Guy Môquet. Elle réchappe à la mort, mais elle sera internée dans une suite de prisons et de camps. Elle finit par s’échapper du camp de Mérignac, en Gironde, en 1944 et elle rejoint le maquis jusqu’à la Libération. C’est là qu’elle rencontre celui qu’elle épousera, Maurice Nilès, maire de Drancy (93) de 1959 à 1997.
À l’heure du « Ni droite ni gauche », à l’heure ou le discours médiatique dominant fait l’amalgame entre l’extrême droite et l’extrême gauche, « les deux extrêmes », il est essentiel de rappeler ce qu’a étée la lutte contre l’extrême droite en France, contre l’occupant nazi et contre la France de Vichy. Ce courant nauséabond longtemps en veilleuse est revenu en force à cause de ceux qui l’ont poussé à se développer, en faisant le calcul cynique d’apparaitre ensuite comme le bouclier et l’unique alternative face à la peste brune. Pour les Odette et les Guy Môquet d’aujourd’hui, le véritable ennemi c’est bien cet amalgame entre ce cynisme néolibéral et cette extrême droite qui gagne du terrain. C’est contre ça qu’Odette Nilès a voulu transmettre l’esprit de la Résistance jusqu’au bout, sans jamais oublier ses camarades à commencer par Guy Môquet et la lettre qu’il lui a adressée, la dernière lettre qu’elle a gardée toute sa vie.
« Je vais mourir sans avoir eu ce que tu m’avais promis » lui écrit Guy Môquet. Ah, mais qu’avait-elle promis ? On n’ose pas demander mais on brûle de savoir !
C’est ce que vous allez découvrir...
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