Tout un été Là-bas

Moi j’aime l’amour qui fait mal

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

Tout un été Là-bas, c’est le temps de prendre son temps : le temps de (re)découvrir le meilleur de Là-bas, des surprises, des idées, des plaisirs…


« Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny / Moi j’aime l’amour qui fait boum ! » Bien sûr, la chanson de Boris Vian était parodique, mais la géniale interprétation de la splendide Magali Noël disait tout autre chose. Sortie en 1956, la chanson fut interdite sur la radio nationale, ce qui contribua à son succès. Les infaillibles censeurs avaient immédiatement mesuré la retentissante subversion de cette ballade sur la mince frontière entre la douleur et le plaisir. De nos jours, soixante ans plus tard, la ménagère se fait livrer cravache, paire de menottes et plug anal par Amazon. La perversion n’est plus ce qu’elle était, mais le mystère reste entier. Qui aime bien châtie bien. Nos deux « sexploratrices », Anne et Élisa, sont allées voir de plus près.
[RADIO] La fessée [22 mars 1999]

Programmation musicale :
- Les frères Jacques : Les Fesses
- Magali Noël : Fais-moi mal, Johnny !

reportage : Anne Riou
réalisation : Bruno Carpentier

Notre illustre illustrateur de la semaine, c’est le grand Mihály von Zichy, les dessins de la série OH, LIEBE, longtemps restés secrets, à (re)découvrir.

« Une part de son œuvre dessiné est pornographique. » Wikipédia est obligée de le dire d’une seule phrase, mais sinon on passe ça sous le tapis. On évoque cet artiste hongrois devenu peintre officiel au service de quatre tsars successifs à Saint-Pétersbourg, fils d’une famille noble déchue et célèbre de son vivant. On évoque son séjour à Paris de 1874 à 1881, où il rencontre Théophile Gautier, Gustave Doré et Victor Hugo, on montre sa maîtrise prodigieuse du dessin et de la peinture sous toutes les formes et toutes les techniques, qui font de lui un des plus grands du romantisme hongrois, on mentionne ses idées modernes, libérales et humanistes, on indique cette grande toile, Le Triomphe du Génie de la Destruction, qui fut refusée pour antimilitarisme, on salue l’œuvre considérable qu’il laisse à la postérité, des centaines de toiles et de dessins superbes, mais on oublie soigneusement les quarante dessins de la série Oh, Liebe. Et il faut remercier les tartuffes qui redonnent à ces croquis toutes les saveurs de l’interdit.

Mihály Zichy, Le Triomphe du Génie de la Destruction, 1878, Budapest, Galerie nationale hongroise

Est-ce bien à Paris que Mihály von Zichy peignit cette série d’aquarelles devenues ensuite des gravures réalisées quelques années après sa mort ? On peut le supposer, d’autant que c’est dans ce Paris bohème qu’il rencontre Félicien Rops, dont le nom est toujours suivi de l’adjectif « sulfureux », et qui aimait évoquer ses origines hongroises. On peut rapprocher les œuvres de l’un et de l’autre, sans savoir qui inspire qui, dans un goût commun de dépasser les bornes.

Lassé de faire le peintre de la cour et des grandes scènes pompeuses, Zichy attache soudain son art à tout autre chose. Il est rare qu’un artiste d’une telle maîtrise et d’une telle renommée prenne le risque de se compromettre ainsi. Si Zichy fait encore partie aujourd’hui du cercle des irrécupérables, c’est que certaines scènes choquent notre bienséance actuelle. Mais rien ne prouve qu’il approuve et rien non plus ne prouve qu’il désapprouve. Il montre, et l’humour, qui échappe souvent aux historiens d’art, est souvent présent, humour grinçant, bien sûr, à côté de figures d’une grâce florentine. Oui, irrécupérable.

Daniel Mermet

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Noam CHOMSKY et Jacques BOUVERESSE. Dialogue au Collège de France avec Daniel MERMET (texte, vidéo et PODCAST) CHOMSKY, ORWELL, RUSSELL : LA VERITÉ, POUR QUOI FAIRE ? Que peut la vérité face au complotisme d’extrême droite ? AbonnésVoir

Le

Pour George ORWELL, c’est un point fondamental. « Ce qu’il y a d’effrayant dans le totalitarisme, ce n’est pas qu’il commette des atrocités, mais qu’il s’attaque au concept de vérité objective : il prétend contrôler le passé aussi bien que l’avenir. »

Le 31 mai 2010, à l’occasion du colloque « Rationalité, vérité et démocratie : Bertrand Russell, George Orwell, Noam Chomsky » organisé par Jacques Bouveresse au Collège de France, Daniel Mermet s’entretenait avec Jacques Bouveresse et Noam Chomsky sur le thème du concept de vérité. Y a-t-il « une vérité objective, en dehors de nous, quelque chose qui est à découvrir et non qu’on peut fabriquer selon les besoins du moment » ?

Avec le texte intégral de cette rencontre, nous vous proposons la vidéo réalisée par les Mutins de Pangée.

Hommage à Pierre Seel Accès libreÉcouter

Le

Hommage à Pierre SEEL, récemment disparu, déporté au camp du Struhoff en Alsace parce que homosexuel.
Les homosexuels devaient porter un triangle rose, on estime que 10 000 à 15 000 personnes ont été tuées par les nazis selon lesquels l’homosexualité représentait un danger pour l’homme.

Trop longtemps abusés, invisibles et tondus jusqu’à l’os. Un reportage de Dillah Teibi MAIS QUI SONT CES GUEUX EN JAUNE ? AbonnésÉcouter

Le

À la cour du président des riches, on s’interroge. Qui sont ces gueux sous nos fenêtres ? Pourquoi ces brailleries et ce grabuge alors que nous faisons tout pour leur bien ? Du côté des experts médiatiques et des voyantes ultra-lucides, on se demande quelles sont ces gens-là , des beaufs racistes et violents ou juste des ploucs avec leurs bagnoles qui puent ? Des fachos ou des fachés ? Faut-il les lécher ou les lyncher ?