LE SALUT DE L’AGRICULTURE (1ère partie) Abonnés

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JE SUIS ÉLEVEUR, JE MEURS. En France, 200 fermes disparaissent par semaine mais l’agrocapitalisme se porte bien. Ferme des mille vaches, des 23 000 cochons ou des 690 000 poulets. Bon appétit, les amis !

Chute des cours, surproduction, guerre des prix menée par la grande distribution… l’agriculture française se meurt et les agriculteurs avec. Tous ? Pas forcément. Mais déjà ceux qui ont versé dans le modèle productiviste, endettés et aujourd’hui parfois pris à la gorge. Reportage en deux volets, après les huées contre Hollande au dernier Salon de l’agriculture. Avec, pour commencer, une virée chez des éleveurs de porc bretons entre colère et désespoir.

En 25 ans, plus de la moitié des exploitations agricoles ont disparu en France. Celles qui subsistent ont élargi leur taille, se sont spécialisées dans des filières (lait, viande bovine, porcine, céréales), ont investi souvent massivement dans du matériel coûteux pour moderniser l’appareil de production.

Hélas ! C’était sans compter la fluctuation des prix du marché : prix de l’aliment pour l’élevage en amont, prix de vente en aval resserré par les intermédiaires de la distribution… Et la fin, dans certaines filières, d’un système jadis encadré par les pouvoirs publics (système des quotas, par exemple, pour éviter la surproduction de lait). Résultat : ceux qui se sont endettés ne peuvent plus faire face aux remboursements.

En Bretagne, où est produite la moitié de la viande de porc française, se succèdent depuis plusieurs mois des manifestations d’agriculteurs en colère. Pourquoi ? Bertrand Hourdel, éleveur à Pordic (Côtes-d’Armor), patron d’une grosse exploitation (450 truies), explique les ferments du malaise et du mécontentement. Il dit ce sentiment d’être abandonné par les politiques, la concurrence exacerbée des pays gros producteurs de l’Union européenne (Espagne, Allemagne, Danemark), non soumis aux mêmes normes environnementales. Et cette rage de ne plus pouvoir voir rémunérer la qualité.

À quelques kilomètres, à Quintenic, Emmanuel Rault, petit éleveur jadis salarié dans la filière porcine pendant vingt ans, installé à son compte il y a deux ans, juste avant que les cours ne s’effondrent, se demande si la messe envers les « petits » comme lui n’a pas déjà été dite. Le prix n’y est plus. Et ne se profile devant lui qu’une perspective de vie – intenable – à crédit.


Bertrand HOURDEL, éleveur de porcs à Pordic (Côtes d’Armor)

Les différentes séquences de ce reportage :

01. Je suis éleveur : je meurs
Là-bas si j’y suis

Emmanuel RAULT, éleveur de porcs à Quintenic (Côtes d’Armor)


Merci à Bertrand HOURDEL et à Emmanuel RAULT.

Programmation musicale :
 Daniel HÉLIN : Les Cochons
 Boule et Caillou : Le Cochon

Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

reportage : Jean-Michel DUMAY
réalisation : Jérôme CHELIUS et Guillaume GIRAULT

(Vous pouvez podcaster ce reportage en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)

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