La queue basse, les fanfarons de l’anticommunisme se font discrets

LA CHUTE DE LA CHUTE DU MUR

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« La prochaine fois, on fera mieux », Marx-Engels-Platz, Berlin

Le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin arrive sans tambour ni trompette. La queue basse, les fanfarons de l’anticommunisme se font discrets. Il a fallu le titre du Monde Diplomatique évoquant L’ANNEXION pour qu’ un Cohn-Bendit et quelques insurgés médiatiques s’agitent, mais au fond le coeur n’y est plus, le vent a tourné et les vestes aussi. À cela, plusieurs raisons : un néolibéralisme de plus en plus brutal et discrédité, un désastre climatique lié au productivisme et au consumérisme, une domination de l’extrême droite dans les Länder de l’ex-République démocratique allemande (RDA) tout ça ressemble au crépuscule d’une autre illusion. La leur. Celle d’il y a trente ans, celle de la fin de l’histoire, celle du capitalisme triomphant à jamais, sans autre alternative possible.

C’était la mondialisation heureuse, la gauche libérale s’y vautrait avec entrain. Faire entendre un bémol, une modeste dissidence, et vous voilà repeint en « rouge-brun » à la machine à café par les vrais journalistes de la rédaction. C’est ce qui nous est arrivé pour nos premiers reportages à Berlin, il y trente ans, lors de la chute du mur. Nous n’imaginions pas que nous nous lancions dans un sport de combat pour au moins les trente années suivantes. À l’époque, oser dire « oui, mais maintenant, qui est-ce qui va faire peur aux riches ? » ou encore, voir dans cet effondrement « l’avènement d’un temps sans promesses » faisait de vous l’équivalent de celui qui aujourd’hui aurait des complaisances affichées pour le djihad islamique.

Dans ces premiers reportages, c’était la parole des dissidents qui chagrinait le camp du bien, c’était la parole de ceux qui depuis des années se battaient de l’intérieur pour faire exister une autre voie, qui ne soit ni stalinienne ni capitaliste. C’était un vaste mouvement populaire contre la dictature, mais qui voulait aussi garder et développer les réussites sociales.

Des foules se réunissaient chaque lundi dans les églises, scandant le fameux « wir sind das Volk », d’abord à l’église Saint-Nicolas à Leipzig puis à travers le pays. On réclamait la liberté d’agir et de circuler mais surtout, nous disait Markus, un étudiant, « tout ce qu’on voulait, c’était réaliser les idéaux socialistes qu’on nous avait inculqués depuis l’enfance ».

Et c’est exactement ça qui fut écrasé par la chute du mur, voilà ce qu’il fallait absolument étouffer. C’est pourtant ce profond mouvement de l’intérieur qui a fait basculer l’histoire, et non pas le néolibéralisme triomphant. Encore aujourd’hui, pour beaucoup de ceux de l’Est, la chute du mur fut une révolution volée, et on peut voir dans cette dépossession une des causes du succès actuel de l’extrême droite dans la région.

C’était l’un de nos premiers « grands » reportages. Pour une émission qui devait être cousue de belles histoires, de voyages pittoresque dans le genre « étonnants voyageurs », c’était loupé. C’est surtout l’entretien avec l’écrivain Harald Hauser qui choquait. Cet ami de Bertolt Brecht disait que le communisme renaîtrait de ses cendres, tout comme le christianisme avait survécu à la Sainte Inquisition. Nous l’avions rencontré après une balade à Kreuzberg :

[RADIO] Balade à Kreuzberg [18 janvier 1990]
Reportage - Janvier 1990, retour à Berlin. Des milliers de pèlerins, marteaux et burins à la main, viennent du monde entier pour cogner sur le mur de Berlin.
(un reportage de Daniel Mermet et Giv Anquetil à Berlin, diffusé la première fois sur France Inter le 18 janvier 1990)

Soudain, des cris et des sirènes, un début d’incendie plus haut dans la rue. Une petite foule furieuse tentait de pénétrer dans le local de la Stasi pour récupérer des archives compromettantes. La monstruosité du contrôle de tous par tous allait masquer tout le reste. On n’irait pas plus loin dans le bilan des quarante années d’existence de la RDA. Une grande prison, un grand goulag, voilà tout. Tout était prêt pour applaudir la réunification grâce à la générosité de l’Ouest et de l’Europe. La page était tournée. Les millions de tonnes de gravats de la chute du mur allaient écraser toutes les issues et inhiber toutes les voix dissidentes durant des années. Comme toujours, les vainqueurs écrivirent l’histoire.

Mais aujourd’hui, trente ans plus tard, la fête est finie, la brutalité de la réunification a mis à nu la stratégie du camp néolibéral. On ne peut pas tout maquiller tout le temps. Il y a encore dix ans, pour le vingtième anniversaire en direct de Berlin, la direction de Radio France avait eu l’idée très originale d’inviter le philosophe BHL pour mettre en garde l’auditeur face à l’enfer totalitaire communiste, si jamais il le trouvait sur son chemin. Et peu importe que la bête immonde fut morte et enterrée depuis vingt ans, car son ventre est toujours chaud malgré le temps qui passe, comme vous devez le savoir. L’émission animée par Nicolas Demorand, avec Bernard Guetta et leurs invités, reste un moment d’anthologie où l’arrogance des justiciers se déboutonne sans vergogne.

À LIRE : Mathias Reymond, « BHL, Bernard Guetta et Nicolas Demorand sous le mur de Berlin », Acrimed, 16 novembre 2009

À Berlin, dans cette célébration unanime, à nouveau comme vingt ans auparavant, Là-bas faisait tache. Tache rouge naturellement. Voilà qui nous donna la chance de ne pas être invités aux agapes de la direction et de sortir boire avec des étudiantes berlinoises peu intéressées par ces commémorations et qui ignoraient jusqu’à l’existence de BHL. C’était pourtant une grande journée spéciale Radio France à Berlin, dont le président fit rapporter à grands frais un énorme morceau du mur qu’il fit installer triomphalement devant la maison de la Radio. Qui sait ce qu’est devenu cet encombrant trophée qui intriguait nos amis maliens qui passaient la cireuse dans nos couloirs ? C’était vingt ans après l’événement, mais le temps ne compte pas pour les défenseurs de la liberté et du rapprochement entre les peuples.

À quelques rares reporters près, aucun des collaborateurs de Radio France à cette grande journée n’était sorti de Berlin, voire de son hôtel, alors même que ce petit monde était censé faire comprendre les réalités allemandes à quelques millions d’auditeurs, pas forcément tous comblés par les fines analyses des deux Bernard, Guetta et Henri Lévy. À quoi pouvait ressembler la vie de ces « Ossies » (ceux de l’Est) en dehors du film Good Bye, Lenin ! ? Pas la moindre idée. Aussi nous voilà à Templin, ville natale d’Angela Merkel, dans l’ex-RDA. Et voilà quelques dames à peu près du même âge qu’Angela. Aimables et joyeuses, elles nous racontent leurs vies d’aujourd’hui et d’hier. Une fois enjambée la nostalgie, peu à peu elles dessinent ce qui fut leur vie quotidienne dans cette RDA. La tyrannie du pouvoir, l’enfermement, le contrôle permanent de la Stasi, voilà pour l’ombre, l’ombre lourdement portée. Mais ce n’est pas tout. Il y avait l’éducation gratuite, comme la santé, le logement, il y avait le travail garanti, l’absence de propriété, des projets écologiques, la place des femmes, la place des personnes âgées… certainement pas le paradis sur terre mais des expériences qui laissent entrevoir les possibilités d’un monde libéré du capitalisme. Des possibilités dont nous n’avons pas encore idée.

[RADIO] Les dames de Templin [09 novembre 2009]
Reportage - Quelle vie en RDA ? Certainement pas le paradis mais des expériences qui laissent entrevoir les possibilités d’un monde libéré du capitalisme.
(un reportage de Daniel Mermet et Giv Anquetil, diffusé la première fois sur France Inter le 09 novembre 2009)

À l’heure où nous découvrons ahuris l’ampleur du désastre où nous conduisent le productivisme et le consumérisme, ces expériences vécues méritent d’être mieux connues. Aujourd’hui, le mur est encore dans les têtes et le décalage reste important. Selon une étude récente, près de 60 % des « Ossies » se considèrent comme des citoyens de seconde zone, leur revenu est inférieur de 20 % par rapport à l’Ouest et le taux de chômage est le double [1].

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    Baladar, une île heureuse, est envahie et exploitée par les continentaux de Tue-Tue-Paon-Paon attirés par la fièvre de l’or. Mais le balayeur municipal immigré, Quatre-Mains-à-l’Ouvrage, grâce à son courage et à son astuce, renverra à la mer les colonisateurs déconfits.

    C’est pas tout le monde qui sait parler à tout le monde.

    Parler à quelques-uns, entre soi, entre convaincus, c’est courant, entre ceux du même parti et du même monde. Mais c’est autre chose que de parler à tout le monde, aux mômes qui se marrent, à la mère qui conduit l’auto, au maçon qui a mis la radio, au grand philosophe qui se gare et aux peuples coloniaux qui sont en train de couper les ponts avec les grands ciseaux de l’histoire. Et ça, ça ne plait pas à tout le monde.

    C’est en 1952 que Jacques Prévert et André François envoient cette lettre. Le combat anticolonialiste se développe partout et la répression n’est pas tendre. La France massacre à Madagascar et va cogner en Indochine. La majorité approuve le pouvoir. À l’époque, sous ses airs poétiques et bon enfant, cette histoire est un grinçant pamphlet anticolonialiste. Les indépendances arriveront plus tard avec cette interminable traînée de sang.

    Aujourd’hui tout va bien, Donald Trump va coloniser le Groenland et Elon Musk la planète Mars.

    Nous, il nous reste les îles Baladar.

  • The witch Le Pen is dead ! Un reportage pour donner des idées à la jeunesse (PODCAST) J’irai danser sur ta tombe ! Ding, dong, the witch Le Pen is dead ! Accès libre

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    Le matin on est Charlie. La main sur le cœur, on défend la liberté d’expression et le droit au blasphème. Le soir, on envoie les flics contre des manifestants qui fêtent joyeusement la mort d’un antisémite, tortionnaire et raciste qui a ramené l’extrême droite au premier rang en France. Bien souvent, dans l’histoire, la mort du tyran déclenche la liesse populaire. On dit que dans l’heure qui a suivi la mort de Franco le 20 novembre 1975, on avait déjà bu tout le champagne de Barcelone. À Santiago du Chili, on se souvient des énormes feux de joie pour la mort de Pinochet en décembre 2006.

  • Laurence De Cock reçoit les professeurs et un ancien élève de l’école Vitruve (Paris XXe) « Entreprendre pour apprendre » : quand une école publique expérimente la pédagogie par projets depuis plus de soixante ans Abonnés

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    Voilà plus de soixante ans que l’école dite « Vitruve » fait figure d’exception. « Dite » Vitruve, car cela fait déjà trente ans que l’école a déménagé non loin de la place de la Réunion, passage Josseaume, même si tout le monde continue de l’appeler par son ancien nom, « école Vitruve ». L’exception, c’est que Vitruve est l’une des très rares écoles primaires publiques à s’autoriser une pédagogie différente, fondée sur l’organisation de projets et la responsabilisation des élèves. Alors à quoi ressemble le quotidien à l’école Vitruve ? Quels sont les principes de la pédagogie mise en œuvre à Vitruve ? Comment ce qui n’était en 1962 qu’un « groupe expérimental » initié par un inspecteur de l’éducation nationale pour lutter contre l’échec scolaire a-t-il pu se perpétuer jusqu’à maintenant ? Laurence De Cock reçoit Anna et Fabien, deux professeurs à l’école Vitruve, et Léo, ancien élève.

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    « La jeunesse emmerde le Front national, la jeunesse emmerde le Front national ! » Comment un appendice à une chanson de 1985, qui ne figurait même pas dans les paroles originales, est-il devenu un slogan antifasciste pour plusieurs générations, jusqu’à être entonné dans les rassemblements contre l’extrême droite en ce mois de juin 2024 ? Pour ce 37e numéro de ses « Chants de bataille », Olivier Besancenot revient sur la chanson des Bérurier noir : « Porcherie ».

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    Existerait-il des « faux » chants de bataille ? Des chansons qu’une écoute distraite attribuerait trop rapidement au mouvement ouvrier et aux luttes sociales alors qu’elles en sont en fait une caricature et une satire ? C’est peut-être le cas justement avec cette chanson notamment reprise par Marc Ogeret, Raoul de Godewarsvelde ou encore Pierre Perret. Qu’avait en tête Maurice Mac-Nab quand il écrit en 1887 les paroles du Grand métingue du métropolitain ? Olivier Besancenot a enquêté.

  • Daniel Mermet reçoit Laurence De Cock pour son livre « Histoire de France populaire » Histoire de France populaire Abonnés

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    De la Gaule à de Gaulle, l’histoire de France est un scoubidou. Des fils de différentes couleurs tressés les uns avec les autres. Des couleurs qui ne veulent surtout pas se mélanger et d’autres qui s’accordent volontiers. Des fils qui aiment se nouer et d’autres qui sont des cordes en quête de pendus. Quel sens peut bien avoir cet interminable nœud ? Les puissants en ont fait de l’eau pour leur moulin avec des racines chrétiennes, des monarques exorbitants, des victoires sans pareil et des grandeurs éternelles. Autant de « valeurs » véhiculées par la puissante diffusion de la vulgarisation de l’histoire jusqu’au moindre interstice.

  • Là-bas 2024 : douze mois, douze articles « Indépendance cha cha » : l’hymne de l’indépendance du Congo Abonnés

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    Parmi l’histoire mondiale de toutes les exploitations, celle du Congo et des Congolais par le roi des Belges est sans doute l’une des plus effroyables et des plus exemplaires. Exemplaire jusques et y compris l’« indépendance » du pays, officiellement décrétée le 30 juin 1960.

    Non contente de faire croire que l’indépendance du Congo fut l’aboutissement de la politique coloniale belge et une largesse généreusement accordée par le roi, la Belgique fit assassiner, avec l’appui de la CIA, son premier Premier ministre, Patrice Lumumba. Ses torts ? Avoir sollicité le soutien de l’URSS face aux impérialismes belge et états-unien, et s’être farouchement opposé à la mainmise de l’ancienne puissance coloniale sur la riche province minière du Katanga. La légende raconte que c’est Patrice Lumumba lui-même qui invita le chanteur Grand Kallé à venir jouer pour célébrer l’indépendance du pays. Il interpréta avec son groupe African Jazz ce qui devait devenir un tube pour les 65 années à venir : Indépendance Cha Cha.

  • Tous les mois, Là-bas offre plusieurs films gratos à ses chères abonnées et ses chers abonnés ! Le ciné Là-bas de janvier : chaque mois des beaux films pour nos abonnés adorés Abonnés

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    Fondateur avec Henri Langlois de la Cinémathèque française en 1936, George Franju fut le créateur, avec Les Yeux sans visage, d’un des mythes les plus fertiles de l’histoire du cinéma. Au-delà de ce classique, Franju ne cessa de mettre en scène la lutte des puissances anarchistes du rêve et de la nuit avec celles, aliénantes, du pouvoir.

    Le visage ciselé, idéal mais artificiel de Christiane recouvre un cauchemar : une face mutilée et crevassée de cicatrices noires. Ce masque de Colombine rêveuse est la prison des fantasmes de son père, mandarin gonflé de son pouvoir. Génessier a fait du visage de Christiane son chef-d’œuvre inconnu, sans cesse recommencé à partir de la peau qu’il arrache à d’autres jeunes filles. Le miroir obscur menant aux Yeux sans visage, Franju l’a d’abord traversé dans le documentaire. Dans le court métrage Poussières, la délicatesse et la blancheur de la porcelaine dissimulent les poumons cancéreux des ouvriers du kaolin. La belle visiteuse blonde du musée d’Hôtel des Invalides, qui se recoiffe dans un périscope, a quant à elle pour reflet les gueules cassées de 14. L’envers de la beauté, de la paix ou du confort est la maladie, la défiguration et le pouvoir qui s’exerce sur un peuple réduit à ce que Franju nommait les « métiers d’épouvante ». Ceux-ci se pratiquent sous la surface de la terre, les mines, le métro, ou dans les abattoirs des faubourgs, monde « noble et ignoble » (Cocteau, sur Le Sang des bêtes, 1949) dont le décor devient cet assemblage de peau, de viande fumante et d’os. Là réside l’épouvante pour Franju, dans un fantastique débarrassé de tout folklore mais qui touche à des angoisses profondes, et en premier lieu les siennes. Il déclarait souvent avoir tourné Le Sang des bêtes alors qu’il adorait les animaux, La Tête contre les murs alors que rien ne l’effrayait plus qu’être « contaminé par les fous », et Les Yeux sans visage alors que les lames le terrorisaient.

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.