On connaît un collège, une rue Jean Zay, mais guère plus. Depuis des années, des fidèles, des chercheurs, des enseignants s’efforçaient de faire connaître et reconnaître Jean Zay, assassiné à 40 ans, en 1944, par la milice de Vichy. Leur travail a porté ses fruits, maintenant que « la patrie reconnaissante » a rendu hommage à un homme constamment attaqué par l’extrême droite, jusqu’en 2015 encore où certaines associations d’anciens combattants condamnaient son entrée au Panthéon. Il aurait « insulté » le drapeau, symbole national, dans un poème jamais publié… argument déjà utilisé dans les années 1930 par les violents détracteurs antisémites de Jean Zay, dans leur combat contre l’« anti-France ».
Jean Zay fut le très jeune ministre de l’éducation nationale et des beaux-arts du Front populaire, en 1936, à 32 ans. En l’espace de trois ans (1936-1939), il allait non seulement créer le festival de Cannes, mais aussi le musée de l’Homme, le musée d’Art moderne, il allait organiser l’exposition universelle de 1937, lancer la Cinémathèque française, rénover la Bibliothèque nationale, restaurer le château de Versailles et la cathédrale de Reims, fonder le CNRS et même l’ENA, instaurer l’obligation scolaire jusqu’à 14 ans, imposer l’éducation physique à l’école, la médecine préventive scolaire…
De Gringoire à Je suis partout, la presse de droite et d’extrême droite s’est acharnée sur « Zay le franc-maçon », le « bolchévique » mais surtout sur le « juif Zay ». En 1940, il est arrêté par Vichy, emprisonné jusqu’en 1944. Le 20 juin, des miliciens viennent le chercher dans sa prison, l’abattent et le jettent dans un ravin. Son corps ne sera identifié qu’en 1948.
Quatre-vingts ans après sa mort, une évocation de Jean Zay avec ses deux filles, Catherine née en 1936 dans l’effervescence du Front populaire, qu’Anaëlle Verzaux avait rencontrée avant sa disparition, et Hélène née en 1940, lorsque son père est emprisonné. Le parcours d’un homme de gauche au temps où « la gauche essayait ».
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Merci à Hélène et Catherine Zay, à l’INA, à Christian de Montlibert, sociologue, à Gérard Boulanger, avocat et essayiste.
Programmation musicale
– Julien Porret : La voix du Front populaire
– Georges Moustaki : Nous sommes deux
– Chilly Gonzales : Wintermezzo