C’est une petite photo, mais c’est un grand moment pour nous. C’est Idir avec sa fille Tanina, qui chantent en soutien à Là-bas en juin 2014. Grande émotion ! IDIR était un vrai et fidèle ami.
Pierre Bourdieu, qui avait étudié le monde kabyle, disait : « ce n’est pas un chanteur comme les autres, c’est un membre de chaque famille ». C’est incroyablement vrai pour nous. J’ai rencontré Idir dans les années 1970, il était l’ami d’une amie, avec qui il venait chez nous, dans une maison pleine d’enfants, de chiens, de chats, de poules, de chèvres, d’ânes et de dangereux révolutionaires.
C’était au tout début du succès d’A vava inouva. Il ne savait pas qu’il allait devenir bien plus qu’un musicien et que le public allait l’investir d’un véritable rôle de griot, porteur de la poésie profonde de son peuple et de son histoire, mais ouvert aussi aux mouvements vivants du monde. Au contraire de l’enfermement « indigéniste », Idir a redonné de la fierté et du courage aux siens, mais avec fenêtres et portes ouvertes à tout les oiseaux de passage.
On se croisait de temps à autre, chacun a suivi sa piste mais en juin 2014, quand Là-bas si j’y suis a été viré de France Inter, Idir était là, à notre soirée au Cabaret Sauvage, simplement, en famille, en frangin, et le mot « fraternité » ce soir là est redevenu tout neuf.

Idir et sa fille Tanina au Cabaret Sauvage, le 3 juillet 2014, pendant la soirée de soutien à Là-bas si j’y suis (photo : Laurent Laborie/POLITIS)
Pour nous, le plus bel hommage c’est celui de Kamel, sur le répondeur aujourd’hui. Rien à ajouter.
Et pour les confinés que nous sommes, voici un documentaire étonnant : IDIR ET JOHNNY CLEGG A CAPELLA
Produit par Point du Jour, en association avec Internews, avec Idir et Johnny Clegg qui échangent par écran interposé, chacun chez soi, en France et en Afrique du Sud, à 10 000 kilomètres, pendant trois jours.
On a l’impression que c’était hier, mais le documentaire a été réalisé en 1993, et comme l’a écrit son réalisateur Jean-Jacques Birgé dans un blog de Mediapart qui décrit les coulisses du tournage, « à l’époque du tournage il n’y avait ni Skype ni téléphone connecté. La saga Vis à Vis avait été un exploit. Le film se terminait de manière freudienne, les deux chanteurs jouant ensemble à des milliers de kilomètres de distance en hommage à leurs mamans » [1] :