La deuxième vague de l’épidémie était redoutée, mais elle était attendue. Pendant la première vague, l’hôpital public a tenu le choc, surtout grâce au dévouement des soignants et à une autre gestion que celle de la bureaucratie. Les problèmes de l’hôpital public ont été unanimement reconnus :
– manque de lits
– manque de matériel
– vétusté des locaux
– manque de personnel
– manque de reconnaissance
La réponse a été le « Ségur de la santé », qui s’est tenu à la fin juin, censé apporter des solutions à coups de milliards d’euros et de promesses qui n’ont pas convaincu tout le monde. Infirmières et aide-soignants ont continué de quitter des emplois parmi les plus mal payés de l’OCDE. Le 28 octobre, Emmanuel Macron a rappelé tout ce qui a été mis en œuvre pour mieux armer l’hôpital public dans la guerre que livre le pays. Mais il n’a pas vraiment convaincu, surtout celles et ceux qui sont chaque jour sur le terrain.
Pourtant, syndicats et collectifs de soignants n’ont pas cessé d’alerter depuis des années. En 1988, après le « tournant de la rigueur » du pouvoir socialiste, les infirmières manifestaient en scandant « NI NONNES, NI BONNES, NI CONNES ». La lutte n’a pas cessé depuis. 100 000 lits ont été fermés entre 1993 et 2018. Cet été, entre les deux vagues de coronavirus, ces suppressions ont continué. Pire, en plein Covid, la chambre des comptes d’Occitanie vient de recommander la suppression de lits et de médecins au CHU de Toulouse, pour des raisons financières. Le document a été rendu public le premier octobre [1].
Aujourd’hui encore, une décision prise en pleine crise sanitaire illustre à elle seule la crise hospitalière : l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris vient d’annoncer la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu, le plus ancien hôpital parisien. Les soignants seront redéployés ailleurs, notamment à l’hôpital Cochin, pour pallier le manque de personnels face au Covid.
Écoutez-les. Nous avons demandé à des soignants, dans différents services, de répliquer à ces fake news d’État. La peur et le cynisme dominent à tel point qu’on oublie qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort.