MÉMOIRE DE LÀ-BAS. Le témoignage unique d’une survivante du génocide arménien rencontrée en 1995

Génocide arménien, la voix de Zepur

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Pour la première fois, ce 24 avril 2019, 104 ans après, la France commémore le génocide arménien. À Là-bas si j’y suis, on s’en souvient chaque année, en réécoutant ce fabuleux témoignage de Zepur l’arménienne, 95 ans (en 1995), qui avait raconté à Zoé Varier, dans son « français cassé », son histoire et son périple pour quitter l’Arménie. L’une des rencontres les plus marquantes de Là-bas.
[RADIO] Génocide arménien, la voix de Zepur [06 juin 1995]
Là-bas si j’y suis


Zepur Medzbekian avait 95 ans en 1995 lorsque Zoé Varier l’a rencontrée à la maison de retraite arménienne de Montmorency. C’est un des témoignages les plus bouleversants de l’histoire de Là-bas si j’y suis.

C’est d’abord quelque chose de profond qui passe entre Zepur et Zoé, puis toute l’émotion, la force et la précision de ce témoignage à vif et à nu qui a frappé des millions d’auditeurs, qui pour beaucoup ont découvert alors le génocide des Arméniens par la voix de Zepur et son « français cassé ».

Zepur (Zéphyr) Medzbekian était née Veledian le 23 avril 1900 à Kérassonte, près de Trébizonde. Elle est décédée en 2007 à 107 ans (!). Des historiens et des Arméniens attachés à leur histoire ont souvent utilisé cette émission, plusieurs fois rediffusée et qui a valu à Zoé Varier le Prix Goretta.

« Quand je suis partie, j’étais seule, (…) j’avais juste un tablier de l’école et un manteau, j’avais 14 ans. (…) Un mois après, j’ai trouvé ma mère dans un autre groupe, toute nue, une chemise de nuit, les cheveux, il n’y a pas de peigne pour peigner, j’ai senti comme une mendiante ma mère, j’étais très bouleversée. Alors comme ça, nous sommes ensemble, continuer notre chemin. J’avais deux frères, deux sœurs plus petits que moi. Après huit jours à peine, mon frère est mort, huit ans, le matin je suis levée, il est mort à côté de moi. (…) Après quelques jours, c’est ma mère – mort ou pas mort, je ne sais pas. Nous sommes tombés dessus pour pleurer et le gendarme est venu : "allez ! Marchez ! Marchez !" (…) En pleurant, nous avons quitté ma mère, qui était mort ou pas mort, je ne sais pas. "Allez ! Marchez ! Marchez !" Qui est mort, il reste ! Ma mère était chaude quand nous sommes partis (…), on a pas laissé même pleurer un peu. »

Programmation musicale :
 Collectif Medz Bazar : Yelnink Sare

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.