« Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a agressé un policier mobilisé pour le protéger. »
Ces mots sont ceux du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, hier matin, jeudi 2 mai. Tenant là une bonne occasion de salir le mouvement social, le gouvernement a tenté de faire croire qu’une bande de manifestants du 1er mai avait sauvagement « attaqué l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière ». Condamnation unanime, emballement médiatique. Hélas, à l’heure des réseaux sociaux, un tel mensonge ne pouvait pas tenir longtemps. Plus la journée d’hier s’écoulait, et plus les articles pleuvaient [1], démontrant, témoignages et vidéos à l’appui [2], que le groupe de manifestants s’était en fait réfugié dans l’hôpital pour esquiver les matraques et les lacrymo.
Nous avons recueilli jeudi soir en exclusivité les témoignages des gardés à vue de la Salpêtrière, qui démontent une bonne fois pour toute ce qu’il faut bien appeler un mensonge d’état. Ici Jacques Leuleu, 67 ans, retraité d’EDF qui, en plus d’être parfaitement clair et précis après 30h de garde à vue, a l’immense qualité d’être abonné à Là-bas si j’ suis ! Et Jacques nous le confirme : « Il était évident que nous n’étions pas venus pour attaquer [l’hôpital]. »
Nous avons également recueilli la version de Victor, étudiant en philosophie à Paris 1, lui aussi gardé à vue près de 30h pour "intrusion dans la Pitié-Salpêtrière et dégradations" : « On se faisait charger de tous les côtés [...] pris de panique, on a essayé de se réfugier. »
Enfin, voici une vidéo que nous avons tournée devant l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Elle donne à voir une autre image des événements de l’après-midi du 1er mai : vers 16h35, retranchés a l’intérieur de la cour de l’hôpital, les policiers arrosent le cortège de gaz lacrymo qui se répandent aussi vers l’intérieur de l’hôpital. Un projectile enflamme un buisson dans la cour de l’hôpital. Sans réaction de la police, ce sont les manifestants qui éteignent eux-mêmes les flammes.
Face à l’ampleur de la désinformation qui a suivie et au caractère mensonger des déclarations gouvernementales, le groupe des 34 gardés à vue de la Salpêtrière envisage de mener une action collective en justice.