Les civils en Normandie ont payé un lourd tribu à nos grands libérateurs. 20 000 morts entre juin et septembre 44, des dizaines de milliers de sinistrés, des villes entièrement détruites, des pillages et des viols.« Des scènes de sauvagerie et de bestialité » selon la Presse de Cherbourg. Des centaines, voire des milliers de Françaises ont été violées par des GI’s entre 1944 et avril 1945. Beaucoup de ces femmes se sont tues, beaucoup ont disparu, mais les recherches et les témoignages dévoilent peu à peu cette histoire.
ll y a vingt ans déjà, nous avions rencontré des historiens et des témoins du côté obscur de ces pages héroïques. Le D DAY est un mythe capital dans la course à la domination du monde. Il s’oppose et efface la terrible victoire de Stalingrad en 1943. On fait admirer aux enfants le sacrifice héroïque de ces braves GI’s. Ils se sont sacrifiés ou bien ils ont été sacrifiés ? Quelles ont été les relations entre les forces américaines et la population normande entre 1944 et 1946, alors que la ségrégation raciale sévissait pleinement dans l’armée américaine ?
Voilà de précieux éclairages de l’époque avec l’historien Stéphane Lamache, André Poirier, Madeleine et Michel (Reportage Claire Hauter).
Écouter le reportage :
« Les françaises sont folles des yankees, voilà pourquoi nous nous battons » écrit le journal de l’armée Stars and Stripes le 9 septembre 1944. « Les Françaises sont insatiables » affirme le New York Times. Selon l’historienne américaine Marie Louise Roberts, 152 GI’s ont été jugés pour viol de femmes Françaises par les tribunaux militaires américains présents en France, 49 ont été condamnés pour viol et 29 ont été exécutés dont 25 afro-américains. Plus violeurs les hommes Noirs ? C’est ce qui a été affirmé. En vérité la ségrégation sévissait ouvertement et même légalement, les afro-américains seront les boucs émissaires. L’admirable armée américaine était parfaitement ségrégationniste. Dans les navires les GI’s Noirs étaient parqués dans les soutes. Un témoignage précieux est celui de l’écrivain Louis Guilloux, l’auteur du « Sang noir » qui a été interprète pour l’armée américaine, ce qu’il raconte dans « OK,JOE ! » publié en 1976 et qui fait l’objet d’un excellent film récent de Philippe Baron en accès libre.
Macron avec les chefs du monde célèbre le D DAY. Ça devient aussi chouette que le Puy-du-Fou. Avec Sardou qui braille « Si les requins n’étaient pas là ! ».
OK JOE !, Philippe Baron, 2023 (52’)
Synopsis :
En août 1944, dans le climat chaotique de la Libération, des GI américains commettent des viols et des meurtres envers les populations civiles françaises. L’armée américaine met en place une cour martiale pour les juger. Presque par hasard, elle embauche l’écrivain Louis Guilloux comme interprète. Peu à peu, le romancier découvre que seuls les soldats afro-américains sont condamnés, souvent à des peines capitales. Il le raconte dans un court récit : Ok, Joe !.
En confrontant son récit à la réalité historique et aux souvenirs de témoins et de descendants, ce documentaire révèle plusieurs tabous de la 2e Guerre Mondiale : les exactions de l’armée US envers des populations civiles, les viols des femmes, la ségrégation raciale, les châtiments cruels et sélectifs qu’elle inflige à ses soldats noirs. Le film raconte une facette méconnue de la 2e guerre mondiale.