Anatole, conducteur de train à Saint-Lazare. Un reportage d’Anaëlle Verzaux

Cheminot, le train-train de vie d’un nanti Abonnés

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Le

Cheminot.
C’est de la faute du cheminot. 
Autrefois on disait lampiste, c’est de la faute du lampiste,
l’ouvrier avec sa lampe, c’était de sa faute.
Manière de rigoler.
Faire porter le chapeau au plus modeste.

Pour Emmanuel Macron, c’est le cheminot, c’est de la faute du cheminot. Le privilégié c’est lui, si les trains sont en retard, c’est lui, si la SNCF a des dettes, c’est le cheminot...

Mais qui sont ces privilégiés ?
À quoi ressemble le boulot d’un cheminot, le train-train quotidien d’un privilégié ? 

Anatole est conducteur de train, il a 30 ans, travaille à la SNCF depuis ses 19 ans et gagne 1500 euros net par mois sans ses primes, 2500 euros net avec les primes, et donc les heures de nuit, et les « découchés », au dortoir de Mantes-la-Jolie.

Un salaire de privilégié !

Et sa retraite ?
Il peut faire valoir ses droits dès 52 ans. Il fait en effet partie des 14 000 conducteurs de train qui bénéficient de ce droit, soit 10% des cheminots - pour les 90 % restants, c’est 57 ans minimum.

Mais s’il veut toucher sa retraite à taux plein, étant né après 1973, Anatole devra cotiser 43 ans, comme n’importe quel salarié.

« Dans les faits, rappelle le journal Marianne [1], un cheminot qui souhaite quitter son poste à 57 ans en ayant cotisé 38 ans ou moins, ce qui correspond à tous les salariés embauchés après l’âge de 19 ans, ne touche donc que… la moitié de son dernier salaire à titre de retraite ». Pas énorme pour des « privilégiés »…

Une journée dans la vie d’un cheminot.

C’est un reportage d’Anaëlle Verzaux
Réalisation Jérôme Chelius

Programmation musicale :
 Eric Toulis : Dans les T.G.V
 D. Ace : SNCF

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