Ensemble, Palestiniens et Israéliens ont créé le Cercle des parents : « trouver un sens à la mort de leurs enfants tués dans les guerres »

CE QUE CES FEMMES ONT EN COMMUN : DONNER DU SENS À LA DOULEUR

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L’une Palestinienne, l’autre Israélienne, chacune a perdu un enfant dans la guerre

(photo : Dan Perez)

Ce que ces femmes ont en commun : donner du sens à la douleur [8 octobre 2003]
Le « cercle des parents » est une des mouvances pacifistes les plus actives. Nous les avions rencontrés en 2003 lors de la seconde intifada.

Bushra Awad est palestinienne, Robi Damelin est israélienne. Leur amitié est née dans le sang de leurs enfants morts dans les affrontements armés. Elles font partie du Cercle des parents. Un des plus importants mouvements pacifistes né en 1994 et qui compte environ 600 familles des deux communautés qui luttent ensemble. Des familles qui ont perdu des enfants au cours des affrontements continuels depuis des années.

En juillet 1994, Arik est tué par le Hamas alors qu’il faisait du stop.
Fou de douleur, son père Yitzhak Frankenthal veut briser l’engrenage vicieux de haine et de vengeance. Il est religieux, il se dit « patriote israélien » et « vrai sioniste ». Il fait se rencontrer les parents des camps ennemis dont les enfants ont été tués. Un moyen de sortir de la terreur et de la loi du talion. Et ça marche. Le Cercle des parents est une des mouvances pacifistes la plus active.

En août dernier, avec le gouvernement de Netanyahou, le plus à l’extrême droite de l’histoire d’Israël, le ministère de l’Éducation a interdit leur activité dans les écoles secondaires. Motif ? Leur action déshonore l’armée et ses soldats.

Nous les avions rencontrés en 2003 lors de la seconde intifada. Des utopistes bisounours ? « J’ai perdu mon fils, mais j’ai pas perdu la tête », dit l’un deux. Leur démarche est à la fois morale, politique et rationnelle.

On ne peut faire la paix qu’avec ses ennemis.

D.M.

Nurit Peled-Elhanan (photo : Mikhail Frunze/OPERA MUNDI)


Dans cette mouvance, il faut évoquer l’israélienne Nurit Peled-Elhanan. Universitaire, prix Sakharov et animatrice du tribunal Russell, elle est la fille de Matti Peler, général de l’armée israélienne lors de la guerre des Six Jours en juin 1967 et qui s’est ensuite élevé contre la politique de colonisation.

Après avoir perdu Smadar sa fille de 14 ans dans un attentat kamikaze le 4 septembre 1997, Nurit Peled interdit aux officiels israéliens, dont Netanyahou, de venir aux obsèques. Elle accuse non pas les Palestiniens mais la politique coloniale et notamment Netanyahou qu’elle connait depuis leurs jeunesses. "Je suis persuadée que si les Palestiniens nous avaient traités comme "nous" les traitons, "nous" aurions semé chez eux une terreur cent fois pire."

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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