Quelle retraite pour les ESSENTIELS de la DEUXIÈME LIGNE ? Un reportage de Dillah Teibi (PODCAST)

CE N’EST QU’UN DÉBUT !

Le

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Macron, ta réforme, on n’en veut pas !


Écouter le reportage de Dillah Teibi :

[RADIO] Ce n’est qu’un début ! [INTÉGRALE]
Quelle retraite pour les essentiels de la deuxième ligne ? Un reportage de Dillah Teibi

C’est un non clair et net !

Les grands médias promettent un « jeudi noir », des usagers pris en otage, des black blocs qui vont tout péter, mais malgré ça, seulement 26 % sont hostiles à cette journée de grève et 51 % l’approuvent. Reste à concrétiser ces sondages et ensuite, il faudra tenir, il va falloir de la solidarité. Appeler à la grève générale, c’est très beau, mais perdre une journée de salaire pour faire grève, c’est un gros sacrifice pour beaucoup. Pour les « essentiels » et les « deuxième ligne » surtout. C’est eux que Dillah a rencontré à la veille du début de cette lutte.

Qui a oublié ce qu’ Emmanuel Macron disait de ces gens là ? « Il faudra se rappeler que notre pays tout entier repose aujourd’hui sur les femmes et sur les hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». C’est pourtant bien eux qui doivent faire les frais de cette réforme. Trois sur dix, plus d’un tiers, ne passent pas du travail à la retraite.

Vous vous souvenez ? Pendant la crise du Covid, 4,6 millions de salariés du secteur privé continuaient d’apporter à la population les services indispensables à la vie quotidienne. Malgré le risque de contamination, ces petites mains essentielles ont notamment porté et mis en rayons des tonnes et des tonnes de produits alimentaires. Selon l’INSEE, ces travailleurs modestes (en moyenne 1215 euros par mois) ont beaucoup plus de risques d’avoir une retraite courte (- de 10 ans) voire très courte (- de 5 ans). Ils sont deux fois plus souvent en CDD ou en intérim et ils connaissent plus souvent le chômage. Et quand ils sont en CDI, ils ont peu d’opportunités d’évolution de carrière. Du coup, l’usure professionnelle finit par travailler leur corps.

La mesure emblématique du projet gouvernemental c’est l’âge légal de départ à la retraite. Le gouvernement Borne veut le faire passer de 62 à 64 ans. Mais un autre volet attire moins l’attention : cette réforme des retraites ne prévoit pas de réintégrer 4 critères de pénibilité qui ont été supprimés en 2018, à savoir :
 Les postures
 Les charges lourdes
 Les vibrations mécaniques
 Et l’exposition aux agents chimiques

Les syndicats (CGT, FO, CFDT,…) réclamaient leur réintégration dans le calcul des pensions mais pour Élisabeth Borne, c’est non. Pour l’exécutif, le maitre mot pour lutter contre la pénibilité c’est la prévention via un fonds qui va se voir octroyer 1 milliards d’euros. En clair, encore des aides aux entreprises MAIS rien de contraignant pour réduire la pénibilité.

Rarement les inégalités se sont montrées avec autant d’obscénité

Jamais les riches ne se sont autant enrichis. Selon le tout récent rapport d’Oxfam [1], depuis 2020, 1% des plus riches ont capté 63% des richesses produites.
Selon le même rapport :

TAXER LES FORTUNES DES MILLIARDAIRES FRANÇAIS À HAUTEUR DE 2% PERMETTRAIT DE FINANCER LE DÉFICIT ATTENDU DES RETRAITES

Car c’est ce déficit à venir dans les quinze prochaines années qui est brandi comme une terrible menace. Mais tout dépend de la façon de calculer et tout dépend de la façon de planifier. Dans l’immédiat le système qui collecte 300 milliards d’Euros par an, est à l’équilibre.

Depuis le 19ème siècle, les luttes sociales ont entrainé une réduction constante du temps de travail et des conquêtes en matière d’assurance sociale et de retraite. Ces progrès ont toujours été arrachés de haute lutte et les possédants n’ont jamais renoncé à reprendre leurs billes.

Cette fois, la ficelle est grosse. La baisse des prélèvements obligatoires sur les entreprises doit être comblée par des économies sur les dépenses publiques. Autrement dit, on prend sur les retraites pour donner aux entreprises. Caricatural ? Non, ça figure dans le « Programme de stabilité » adressé à la Commission européenne en Juillet 2022. On parle des grosses entreprises, bien sûr. Chaque année, 200 milliards d’aide publique sont accordés aux entreprises. Un petit peu pour les petites et beaucoup pour les grosses, celles qui ont mis Macron au pouvoir et auxquelles Macron renvoie gentiment l’ascenseur.


De nombreuses études montrent que le financement des retraites peut être assuré durablement sans imposer un report de l’âge légal de départ à la retraite et un allongement de la durée de cotisation.

Pour les syndicats, il existe d’autres voies pour pérenniser notre système de retraites :
 Augmentation des salaires
 Baisse du temps de travail
 Création d’emplois
 Revenir sur les exonérations de cotisations sociales consenties aux entreprises.

La mobilisation de 1995 est dans tous les esprits. Le pays avait été paralysé pendant trois semaines contre le plan Juppé : 6 millions de grévistes, et des millions de manifestants avait finalement sonné le glas de la réforme des retraites ainsi que du gouvernement Juppé.
Alors ? Bis repetita en 2023 ? Beaucoup l’espèrent… notamment les salariés de la deuxième ligne !

L.B.

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