Le 2 mars dernier, un missile russe a été tiré contre la tour de le télévision de Kiev. Cette tour haute de 300 mètres a été détruite à proximité du site de Babi Yar, là où des milliers de Juifs furent exterminés en septembre 1941. Le mémorial n’a pas été touché mais l’émotion a été très grande et la guerre n’est pas finie. Une occasion pour (ré)écouter deux survivants que nous avions rencontrés en 1993, il y a presque trente ans.
Parmi des centaines de reportages et de rencontres, jamais Zoé Varier ni moi nous n’oublierons les voix de Rebecca Schwarzmann et de Jacob Kaper.
C’était en 1993, à Kiev, dans le chaos qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique. Ils étaient, l’un et l’autre, les tout derniers survivants du massacre de Babi Yar, les 29 et 30 septembre 1941, il y a donc 80 ans aujourd’hui.
Le nom enfantin de ce lieu, Babi Yar, qu’on appelle aussi le « ravin des bonnes femmes », est lié à des crimes innommables. En deux jours, près de 34 000 Juifs ont été fusillés par les Einsatzgruppen nazis et leurs collaborateurs locaux, dont 22 000 en moins de 12 heures, ce qui fut nommé par les historiens la « Shoah par balles ».
Par la suite, jusqu’en 1943, Babi Yar fut un lieu d’exécution des résistants, des Tsiganes, des prisonniers soviétiques, des handicapés mentaux et autres « ennemis judéo-bolchéviques ». Longtemps, ces drames furent occultés et objets de concurrences victimaires. En 1961, un texte du grand poète Evgueni Evtouchenko a révélé cette tragédie, il fut présent en France à la Maison de la Mutualité en 1963. Aujourd’hui, Rebecca et Jacob ne sont plus de ce monde, mais leurs voix bouleversantes resteront vivantes tant que l’humanité aura des oreilles. Et une conscience.

Cette photo a été retrouvée sur le corps d’un officier nazi tué en Russie. Elle a été prise en 1942 lors d’une exécution dans le ravin de Babi Yar

Ce cliché datant de 1944 montre la découverte de corps dans le ravin de Babi Yar par l’armée rouge
Programmation musicale :
– Josh Waletzky : Shtil, di nakht iz oysgeshternt
– Adrienne Cooper : Shtiler, shtiler