« L’électricité, c’est la vie, et nous, on est des "gilets rouges" ! » La formule est de Nicolas Noguès, un militant CGT. Avec des collègues syndicalistes, il occupe une ancienne boutique EDF à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis.
Leur opération a débuté le 14 novembre 2018, soit trois jours avant le premier acte des « gilets jaunes ». Alors c’est vrai, c’est moins spectaculaire. Et du coup, il y a moins de journalistes pour couvrir l’événement. Pourtant, là aussi, dans ce coin du 93, il est question de proximité et d’accès aux services publics pour des usagers sacrifiés sur l’autel de la dématérialisation.
EDF a fermé toutes ses boutiques en France. Par conséquent, pour faire des démarches, il faut téléphoner ou passer par Internet. Et alors, les « Gaulois réfractaires » seraient-ils rétifs à la modernité ? On fait surtout face à un océan d’inégalités. Tout le monde n’a pas forcément le temps ni les moyens de poireauter longtemps au téléphone. Certains ne maîtrisent pas assez bien le français, d’autres sont tout simplement perdus avec Internet.
Selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, « près d’un adulte sur cinq ne recourt jamais aux outils informatiques et numériques ou est bloqué en cas de difficulté [1] ». Soit 13 millions de Français qui « demeurent éloignés du numérique », comme le rappelle le gouvernement lui-même [2]. Autres chiffres : 22 % des Français n’ont pas d’ordinateur, et 7 millions ne se connectent jamais.
Les « gilets rouges » de la CGT ont donc décidé de rouvrir leur local tous les jours. Depuis la mi-novembre, plus de 600 usagers ont pu, grâce à eux, trouver des solutions.
Programmation musicale :
– Michel Propilosky et Virginie Rueff : La Fée Électricité