Une journée avec Manu, « gilet jaune » éborgné par la police

« Ils m’ont arraché un œil mais je lutterai jusqu’au bout » Abonnés

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(photo : Dillah Teibi/LÀ-BAS SI J’Y SUIS)

Manu a été éborgné par une grenade lacrymogène alors qu’il manifestait paisiblement avec son « Gilet jaune » place d’Italie à Paris, le 16 novembre dernier. L’image a fait le tour du monde. Rentré chez lui à Valenciennes, il a témoigné pour Là-bas si j’y suis. Et nous sommes retournés passer une journée de manif avec lui et sa femme Séverine. Loin des plateaux de télé, loin des appareils et des experts en tout, une autre France ré-invente la révolte, une sous-France déterminée en gilet jaune ou rouge.
À Valenciennes un reportage radio de Dillah Teibi :

Avec sa femme et ses potes, Manu descend de Valenciennes à Paris pour l’anniversaire du mouvement des « gilets jaunes » le 16 novembre. Alors qu’il discute tranquillement il se prend une grenade lacrymogène qui lui éclate l’œil gauche. Œil foutu. « Ils ont coupé ma vie » dit Manu. « Ils », c’est qui ? Une minutieuse enquête menée depuis par Le Monde permet d’identifier le tireur. Mais pour Manu, c’est Manu, le tireur. Le Manu de l’Elysée. Faut pas confondre le chien et le maître.

Sa femme Séverine est elle-aussi déterminée : « Tous les jours, l’œil perdu de mon homme nous rappelle cette violence injustifiée. Pourtant, on est pacifiques et on le restera bien que maintenant on ait la haine ! »

Dans leur malheur, ils ont reçu avec soulagement l’enquête du journal Le Monde : dans ce sujet vidéo de 11 minutes, nos confrères ont retracé le fil des événements en se basant sur plusieurs heures de vidéo [1] du 16 novembre sur la place d’Italie à Paris. Un document qui permet d’identifier le CRS, auteur du tir de grenade.

Un soulagement pour notre cyclope au grand cœur et sa femme Séverine, « gilets jaunes » de la première heure, qui s’aiment encore plus forts depuis le drame du 16 novembre. Ils ont 8 enfants, vivent avec 2000 euros et c’est peu de dire qu’ils restent motivés. Pour la justice sociale, contre les violences policières et maintenant contre la réforme des retraites. C’était le jeudi 10 décembre à Valenciennes. Et ce n’est qu’un début.

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.