« Police, gendarmes, pompiers, merci ! » Ils étaient 10 000 pour le retour de l’ordre, contre la violence des « gilets jaunes », ces parasites séditieux qui ruinent le pays depuis des semaines. « Populiste, t’es foutu, les républicains sont dans la rue », ont-ils répété. Puis ils sont rentrés chez eux. Un dimanche tranquille pour les CRS. Reportage de Dillah Teibi et Jonathan Duong [21’44] :
Bien sûr, ce n’était pas le million du 30 mai 1968 sur les Champs-Élysées, la grande manif’ organisée par Charles Pasqua, qui mit fin aux barricades. De Malraux à Michel Debré, tout le gouvernement était bravement en tête de l’immense cortège, braillant La Marseillaise aussi fort qu’ils avaient eu peur de cette chienlit. Ce dimanche, aucun élu, aucun ministre ne s’est officiellement montré avec cette « France silencieuse ». On ne dit plus « majorité silencieuse » aujourd’hui. Et puis les Champs-Élysées, c’est la canaille qui s’en est emparée depuis novembre. Du coup, on leur a pris leur parcours, Nation-Bastille, et aussi le rouge de leur drapeau.
C’est le monde à l’envers ? Non, voler le peuple est une vieille coutume pour le bourgeois, connu aussi pour son imagination un peu courte. Bourgeoisie ? Oui, bourgeoisie de droite ou de gauche, bourgeoisie d’affaires ou bourgeoisie intellectuelle, petite ou grande, mais bourgeoisie. Derrière ces charmantes mamies, et ces marcheurs décidés, c’est toujours ce vieux monde qui s’accroche et qui s’accrochera de toutes ses ruses, de toutes ses violences et de tous ses calculs glacés. Mais un beau jour...