En Marche !
par Là-bas si j'y suis
par Là-bas si j'y suis
La légion d’honneur c’est comme les hémorroïdes, n’importe quel trou du cul peut l’avoir Jean Yanne
Le
…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance : rejoignez-nous !
Pour recevoir gratuitement nos infos par mail.
-
Georges Ibrahim Abdallah est enfin libre au bout de 40 années d’emprisonnement. Une joie pour celles et ceux qui le soutiennent depuis des années et qui n’ont pas cessé de dénoncer cet énorme scandale politique.
À 74 ans, le plus ancien prisonnier politique d’Europe, libérable depuis la fin des années 1990, va quitter la prison de Lannemezan pour rejoindre en héros son village natal de Kobayat au nord du Liban. Au terme d’un interminable combat judiciaire, après qu’une dizaine de demandes de remise en liberté aient échoué, la cour d’appel de Paris a enfin accepté sa libération ce jeudi 17 juillet. Une victoire judiciaire et un énorme scandale politique sous les pressions inlassables à la fois des États-Unis et de tous les présidents français successifs.
-
Dès 1981, il a entretenu une correspondance secrète avec le président de la République François Mitterrand, puis avec son successeur Jacques Chirac et enfin avec Nicolas Sarkozy. À travers ces échanges épistolaires, c’est une partie mal éclairée de notre histoire qui apparaît en montrant le rapport entre ces grands hommes et un modeste citoyen comme Hervé.
-
On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.
-
Pierre Bourdieu a passé les dernières années de sa vie à étudier la peinture d’Édouard Manet. On pourrait trouver un même goût de la rupture et du défi chez l’un et l’autre. Située en pleine crise de l’Académie, la rupture inaugurée par Manet (1832-1883) a abouti à un bouleversement de l’ordre esthétique. La nouvelle vision du monde qu’elle a engendrée a imprimé sa marque jusqu’à nos jours. En abordant la genèse des tableaux de Manet comme une série de prises de position qui sont autant de défis lancés à l’académisme conservateur des peintres pompiers, au populisme des réalistes, à l’éclectisme commercial de la peinture de genre et même aux « impressionnistes », Bourdieu a montré qu’une telle révolution est indissociable des conditions d’émergence des champs de production culturelle.
-
George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre Islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de 1984. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.
Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.
Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. »
-
« Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Du sang sur les feuilles, du sang sur les racines
Un corps noir se balançant dans la brise du Sud
Étrange fruit pendant aux peupliers »
Une chanson peut-elle changer le cours de l’histoire ? À elle seule, peut-être pas, mais c’est sans doute ce qu’a contribué à faire cet étrange fruit, ce « strange fruit » chanté par Billie Holiday pour la première fois en 1939 au Café Society, à New York. À l’époque, Time Magazine qualifia la chanson d’« œuvre majeure de propagande musicale pour la NAACP », la fameuse organisation de défense des droits civiques aux États-Unis.
-
Notre film du mois, c’est LE ROND POINT DE LA COLÈRE , un formidable documentaire sur les « gilets jaunes ». Du coup, Olive LAPORTE nous envoie ce clip fait avec des collègues musiciens de Poitiers, histoire de se réchauffer et de ne pas perdre la main.
-
Si ça vous étonne, c’est que vous ne connaissez pas « Browser Ballett » ! « Browser Ballett », c’est l’émission satirique de la ZDF, la deuxième chaîne de télévision publique allemande. Inconnue de ce côté-ci du Rhin, l’émission connaît depuis 2016 une grande popularité en Allemagne. Pour affronter ces temps difficiles, Là-bas si j’y suis vous a traduit quelques-uns de leurs sketches parmi les meilleurs. Comme aurait dit Coluche : « et vous trouvez ça drôle ? »
-
Cheney, c’est la star de notre prochain film HOWARD ZINN, UNE HISTOIRE POPULAIRE DES ÉTATS-UNIS, la deuxième partie. Mais avant tout, nous devons (…)
-
Elle est née il y a cinq minutes dans ce canot de migrants qui dérive vers les îles Canaries. Elle est vivante, elle est sauvée, sa mère aussi. Les secours sont arrivés quinze minutes après l’accouchement. C’est les secours en mer qui ont diffusé cette photo. Un chef-d’œuvre. Voyez le visage infini de la mère, les mains qui se tendent vers l’enfant nue, les bras qui protègent et toute cette grave grappe humaine… Tout notre monde tient dans cette image. Un infime battement de vie dans une barbarie planétaire.
-
On connaît le penchant des instituts de sondage à s’arranger avec la réalité. On se souvient tous par exemple d’élections récentes où l’écart entre les intentions chiffrées en pourcentage et la réalité finalement sortie des urnes dépassait largement la marge d’erreur ordinaire – ne prenons pas la peine de rappeler dans quel sens. Disons simplement que les instituts de sondages sont des entreprises florissantes aux mains d’une élite patronale fort bien nantie et qu’on ne voit pas bien pourquoi ils se gêneraient. Mais avant de crier au traficotage des chiffres, on peut déjà s’interroger sur la méthode. Le panel, la forme des questions, leur place dans l’actualité : les variables propices à orienter une enquête vers le résultat voulu ne manquent pas. Parmi tous ces procédés, il en est un particulièrement pernicieux : l’enquête de perception. L’outil est redoutable et mérite qu’on l’observe de près. Quelques exemples.
-
Entre l’image triomphale de De Gaulle qui descend les Champs-Élysées à pied parmi la foule et l’image de Macron qui se prend une claque et des insultes, l’histoire du bain de foule reste à écrire. Une très vieille histoire.
-
On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste. Il avait raison l’ami Gébé.
On est gavés de buzz, tabassés d’infos, bombardés d’images, flashés, piégés, gazés. « ON SAIT TOUT MAIS ON COMPREND RIEN ». Un gars disait ça au comptoir. Pas faux. Réfléchir est un remède contre les passions tristes qui nous bouffent comme des punaises de lit. Comprendre, faire comprendre, résister, tenir tête, pour ça, il faut du carburant.
-
Comment donner à voir la violence du séparatisme des riches si bien décrite par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot depuis tant d’années ? En ayant un appareil photo, en étant un peu malin et en mettant le pied dans la porte si souvent fermée des lieux ultra-sélects où la crème de la crème aime se retrouver : c’est ce qu’a fait le photographe Gwenn Dubourthoumieu, qui publie avec Monique Pinçon-Charlot un livre de ses meilleures photographies. Rencontre avec la sociologue et le photographe.
-
Il est bien sûr l’un des plus grands poètes palestiniens, mais aussi sans doute le poète de langue arabe le plus lu dans le monde, dont la renommée est toujours internationale, quinze ans après sa disparition.
Riche de dizaines de publications en vers mais aussi en prose, son œuvre a été traduite dans le monde entier. C’est l’ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, Elias Sanbar, qui l’a traduit en français. Si on ne mesure pas forcément en France toute l’importance de Mahmoud Darwich, c’est que les Français n’accordent plus à la poésie la place qu’elle occupe toujours dans le monde arabe, et singulièrement Pour les Palestiniens. Comme l’explique Elias Sanbar, « dans la culture palestinienne, dans la mesure où c’est un peuple qui est privé de ses lieux, il peut habiter le poème. C’est pour cela que par exemple quand l’exil commence en 1948, les gens transportent avec eux des poèmes, et pas des romans ».
Le
La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.
Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.
Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !
Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…
Le
« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.
Le
L’historienne et militante Michelle Perrot est une mémoire vivante de l’histoire des femmes, du mouvement ouvrier et du système carcéral français. Rien que ça ! Grand entretien sur ces luttes d’émancipation d’hier à aujourd’hui.
Le
Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.