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Jésus a-t-il existé ? Gérard Mordillat vous répond

Suite à notre émission « Pour l’enseignement du fait religieux à l’école », nous avons reçu de nombreux commentaires, dont certains s’interrogent sur l’existence historique de Jésus. Gérard Mordillat leur répond :

« Les ami-e-s,

Contrairement aux âneries débitées par Onfray par exemple, il n’y a aucun doute sur l’existence d’un juif nommé Jésus, crucifié par les Romains sous l’accusation de roi des Juifs. La crucifixion et le titre de la croix, dans l’évangile selon Marc, étant même pour les historiens les plus radicaux les deux points où l’on peut affirmer que la tradition évangélique touche à l’histoire. En réalité, derrière la négation de l’existence historique de Jésus, il y a la négation de sa judéité. On veut bien que Jésus n’existe pas, qu’il soit un alien, un spectre ou je ne sais quoi, mais on ne veut surtout pas qu’il soit un juif du premier siècle, exécuté par les Romains comme tant d’autres. Partant de là, il ne faut pas confondre le Jésus historique et le Jésus-Christ de la chrétienté. Henri Barbusse l’a dit de façon définitive : « du temps où vivait Jésus, il n’y avait pas de Jésus-Christ ; quand Jésus-Christ est apparu, il y avait longtemps que Jésus était mort ». Donc cessons ce débat stérile et ridicule : cessons de penser comme des catholiques déçus de leur religion et ignorant leurs textes fondateurs.

En ce qui concerne Mahomet et Ali (troisième personnage de l’islam), l’analyse est la même : du Mahomet historique on ne sait rien, le Coran est quasiment muet à son sujet et sa figure construite à partir de textes rapportés deux siècles après sa mort ; idem pour Ali dont, d’après les chiites, tout ce qui le concernait a été effacé du texte sacré par ses ennemis et sa figure reconstruite ultérieurement par ses partisans. Comme pour Jésus, il y a un gouffre entre le Mahomet historique et le Mahomet de la foi, remis en selle par le calife Abd Al-Malik après soixante-dix ans de silence. Quant à Ali, c’est et demeura un fantôme ; ce qui ne signifie pas qu’un Ali historique n’a pas existé…

L’injonction fondamentale des rabbins, c’est de scruter les lettres. N’hésitons pas à le faire. Vive l’historico-critique ! »

Gérard Mordillat
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Chacun a en soi un bourgeois qui sommeille François Bégaudeau : « Je rêverais qu’une assemblée populaire administre France Inter » AbonnésVoir

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Je suis un bourgeois et j’en suis fier. Personne ne dit une chose pareille. Le bourgeois, c’est l’autre, le bobo, le faux-cul, le gras du bide. Et encore, ça se dit plus, bourgeois, c’est désuet. Depuis longtemps, le bourgeois a appris à se déguiser. Une casquette de pêcheur, une veste de paysan, un blue jean comme les ouvriers. Il a entonné des discours indignés et révoltés contre le mal, contre le fascisme et contre les cons. C’est un libertaire, le bourgeois. Contre l’impôt, contre le voile, contre les flux migratoires incontrôlés. Il proclame la révolution. C’est le titre du livre d’Emmanuel Macron, RÉVOLUTION. Il est progressiste aussi. Le mouvement qui soutient Macron se proclame « progressiste ».

C’est le printemps !!!! Accès libreÉcouter

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Musicale pour fêter l’arrivée des beaux jours...
avec Edith Piaf "Enfin le printemps", Jacques Prévert "Le temps perdu", Aznavour "C’est le printemps", Bourvil, Lester Young "Two to tango" et les Fabulous troubadours "Y des Garçons"

Connaissez-vous Gerhard Haderer ? AbonnésLire

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On ne remerciera jamais assez le cancer et Jésus.

Oui, tout d’abord, merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait eu la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous allez (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences dans le genre grinçant.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, un surfeur drogué à l’encens, ce qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’Islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’album, qui atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.