— Le , par Philippe Pierpont.
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CLERMONT-FERRAND - Des militants syndicaux convoqués par la police
Suite à la manifestation des professeurs contre la tenue des épreuves anticipées du bac en classe de première, samedi dernier au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand (nous l’avions documentée ici), et qui avait donné lieu à l’investissement du lycée, quatre militants syndicaux au moins ont été convoqués par la police sous le régime de l’audition libre mercredi prochain. Ils devront répondre des faits "d’intrusion non autorisée dans un établissement d’enseignement", un délit créé en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy au prétexte de faits divers d’intrusions de bandes dans des établissements scolaires.
Les personnes visées sont pour l’instant : Didier Pagès, porte-parole de SUD éducation dans le Puy-de-Dôme, Frédéric Campguilhem, co-secrétaire académique de la CGT-Education, et deux militants de l’Unef.
Ce nouvel épisode de répression syndicale intervient après la plainte contre X déposée par la proviseure de l’établissement, Mme Muriel Falibaron, pour cette "intrusion", alors même que l’ensemble des personnes présentes avaient quitté les lieux dans le calme après l’annonce du report des épreuves et sans qu’aucune dégradation n’ait eu lieu. Les lycéens de Blaise-Pascal avaient massivement manifesté leur approbation de cette action, inquiets des mauvaises conditions d’organisation de l’épreuve et des inégalités qu’elle génère.
Le recteur d’académie, Karim Benmiloud, avait pourtant publié un communiqué à la suite de cette action dans lequel il qualifiait la manifestation de "troubles". Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, avait promis, dans la foulée, des poursuites.
Les syndicats engagés dans la contestation contre la réforme des retraites et du bac promettent une réponse forte, avec probablement des actions de soutien mercredi devant le commissariat de l’avenue de la République à Clermont-Ferrand (les premières convocations sont à 9 heures du matin). Le mercredi 29 janvier est également le prochain jour de mobilisation nationale appelé par l’intersyndicale.
Hasard du calendrier, les lettres de convocation arrivent au lendemain de la déclaration de Macron sur Radio J dénonçant les "discours politiques, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’il y ait une forme de dictature qui s’est installée" et alors que le ministre Jean-Michel Blanquer apparaît comme complètement désavoué par la majorité des enseignants.