Une émission de Gaylord Van Wymeersch

Yémen : on sait, mais on se tait ! Abonnés

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Dans le monde de l’armement, il est un domaine auquel il ne faut surtout pas risquer de s’intéresser de trop près en ce moment : les ventes d’armes par la France à l’Arabie Saoudite. Les journalistes qui s’y sont frottés ont tous immédiatement été convoqués devant la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Comme Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, que nous recevons aujourd’hui pour en parler avec Pierre Conesa, ancien haut-fonctionnaire à la Défense.

Une émission de Gaylord Van Wymeersch :

Pas moins de sept journalistes ont été auditionnés récemment par le service des renseignements intérieurs pour « compromission du secret de la défense nationale » suite à leur travail sur la guerre au Yémen.

Car, comme le dit si bien la ministre des Armées Florence Parly, « nous n’avons pas de preuves, d’éléments de preuve, selon lesquelles des victimes au Yémen sont le résultat de l’utilisation d’armes françaises [1] ».

C’est bien dommage, car les journalistes Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, du média indépendant Disclose, qui ont enquêté sur le sujet et révélé un document interne du ministère des Armées, semblent avoir des choses intéressantes pour vous, Madame la Ministre.

Tout comme Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire à la Défense, qui a travaillé au plus proche des dossiers de négociations des contrats de vente d’armes.

Face aux éléments des ONG et de médias indépendants qui depuis des mois mettent en cause le rôle des ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite dans le drame humanitaire qui se joue au Yémen, la ministre Florence Parly semble s’obstiner dans une « fake news » de débutante.

Et pour cause. L’industrie de l’armement, c’est 398,2 milliards de dollars en 2017 pour les cent plus grosses entreprises mondiales, soit l’équivalent du produit intérieur brut de la Norvège [2].

Avec un peu plus de 9 milliards d’euros de ventes, le savoir-faire hexagonal en matière d’armement est un secteur en croissance (+30 % l’année dernière) [3]. Et un de nos plus gros et fidèles clients depuis des années n’est autre que l’Arabie saoudite, la monarchie wahabite qui mène une guerre terrible depuis cinq ans contre la rébellion houthiste au Yémen.

On ne va pas se fâcher pour si peu, voyez les enjeux !

La France est devenue une championne des exportations d’armes depuis le quinquennat Hollande. Le « pays des droits de l’Homme » a réussi l’exploit de monter sur la troisième marche du podium mondial des vendeurs de canons en doublant l’Allemagne, avouez que ce n’est pas rien.

Alors, on sait, mais on se tait.

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