AIR FRANCE, EXIGEONS LA RELAXE ! L’Huma si j’y suis
Virer 2 900 salariés ? Pas de souci. Une chemise déchirée ? C’est un crime Abonnés
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Ils s’appellent Miguel Fortea, Mhedi Kemoun, Julie Morel, Karine Monsegu, Laurent Dhayot, Adeline Teyssier et Mathieu Cascino. Hôtesse au sol, steward, agent d’escale, syndicalistes Cgt, tous sont salariés d’Air France ou l’ont été. Tous sont en colère et le disent bien fort à Là-bas si j’y suis, autour d’Anaëlle Verzaux. La perspective du procès devant le Tribunal de Grande Instance de Bobigny (93) les écœure.
Les 27 et 28 septembre, seize salariés d’Air France doivent comparaître dans l’affaire dite de la « chemise arrachée ». Parmi eux, quatre ont été déjà été licenciés, le cinquième, délégué du personnel CGT des ateliers d’Air France, vient de l’être, après que la ministre du Travail a donné son autorisation méprisant la décision de l’inspection du travail qui s’était opposée au licenciement de ce salarié protégé.
Aux raisons de cette colère, il faut ajouter le manque de preuves avancées par la direction d’Air France contre ceux qu’elle poursuit pour violences en réunion et dégradations après la manifestation du 5 octobre 2015 ; la criminalisation de la résistance sociale ; l’acharnement judiciaire ; le refus des recours et la disjonction des deux procès. Un procès intenté par la compagnie aérienne, et un procès mené par la CGT contre la direction d’Air France, prévu pour le 9 décembre.
« On nous parle de la violence des salariés mais jamais de celle qui la déclenche, c’est à dire l’annonce par la direction de la suppression d’emplois [11 000 depuis 2010 et 2 900 supplémentaires prévus en 2017, ndlr] et la destruction des conditions de travail », affirment tous les participants à cette table ronde. Action, réaction. Ou plutôt, attaque, légitime défense.
À l’ouverture du procès, la CGT va demander à l’État d’abandonner ses poursuites et contraindre Air France de faire de même.
Une émission enregistrée en direct à la Fête de l’Huma, avec, autour de Anaëlle VERZAUX :
–Miguel FORTEA, secrétaire général de la CGT Air France
–Mehdi KEMOUN, steward et secrétaire général adjoint CGT-Air France
–Julie MOREL, hôtesse au sol (CGT Air France)
–Mathieu CASCINO, ancien salarié d’Air France au chômage
–Karine MONSEGU, CGT Air France
–Laurent DHAYOT, CGT Air France
–Adeline TEYSSIER, agent d’escale Air France
Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.
journaliste : Anaëlle VERZAUX
réalisation : Jérôme CHELIUS, Franck HADERER et Sylvain RICHARD
préparation : Marie GALL et Sylvie COMA
photos : Grégory SALOMONOVITCH
(Vous pouvez podcaster cette émission en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)
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Chaque semaine, Dillah Teibi vous propose un aperçu de ce que donnera Le Guide du routard version Bolloré. On a en effet appris début octobre que le co-fondateur du Routard, Philippe Gloaguen, avait vendu la marque au groupe Hachette, contrôlé par Vincent Bolloré. Le milliardaire va-t-il transformer le plus célèbre des guides comme il a transformé CNEWS, Europe 1 et Le Journal du dimanche ? Cette semaine, direction l’Italie et le petit village traditionnel de Predappio, en Émilie-Romagne.
C’est une évidence, Donald TRUMP a pris UBU comme modèle. TRUMP, c’est UBU et UBU, c’est TRUMP. Et la France doit en être fière car UBU a été créé en France, UBU est un produit français, on l’oublie trop. Nous avons Notre-Dame, Napoléon et le camembert mais, MERDRE ! nous avons aussi le père UBU. Il est temps que Macron exige des indemnisations pour une telle exploitation de notre patrimoine.
Les médias cherchent à augmenter toujours plus leur audience, les élus font tout pour séduire leurs électeurs. Mais il arrive que la majorité des médias et la majorité des élus s’opposent à la majorité des citoyens.
C’est ce qui vient d’arriver avec la taxe Zucman. Selon toutes les enquêtes, plus de 80 % de l’opinion s’est déclarée favorable à l’instauration d’un impôt plancher de 2 % sur les très hauts patrimoines qui échappent à l’impôt sur le revenu, soit 1 800 personnes disposant de plus de 100 millions d’euros.
C’est l’idée que défend inlassablement l’économiste Gabriel Zucman depuis des mois. Rien de révolutionnaire, rien d’anticapitaliste, une simple affaire de justice et d’égalité. Pourtant, malgré le consensus populaire, une majorité de droite et d’extrême droite a rejeté ce projet de loi.
De même, la plupart des médias se sont déchaînés pour défendre ces quelques super-privilégiés comme le bon chien de garde défend son maître.
Et alors ? Le peuple a pris la rue en réclamant l’abolition des privilèges ? En promenant quelques têtes de milliardaires au bout d’une pique ?
Trump mange sa casquette. Un an jour pour jour après son élection, Zohran Mamdani, son contraire exact, est élu à la mairie de New York.
34 ans, démocrate tendance Bernie Sanders qui le soutient à fond, il est le premier maire musulman de la plus grande ville des États-Unis. Un retournement inattendu et le début d’une nouvelle vague de résistance à la fois contre Trump et vis-à-vis d’un Parti démocrate sclérosé.
Furieux, Trump a menacé de sauver sa ville des mains de ce « communiste cinglé » en avertissant que « toute personne juive qui vote pour Zohran Mamdani (…) est une personne stupide !!! » . On comprend que Trump va être un adversaire de taille, il a déjà menacé de couper les fonds fédéraux de la ville.
Soutien de la cause palestinienne, Zohran Mamdani a déclaré : « en tant que maire, je ferais arrêter Nétanyahou s’il venait à New York. C’est une ville où nos valeurs sont conformes au droit international. »
En attendant, aujourd’hui ,Trump mange sa casquette et nos fachos bouffent leurs chapeaux.
TAXONS LES RICHES ! GELONS LES LOYERS ! LIBÉRONS LA PALESTINE !
Où peut-on gagner avec des slogans pareils ? À NEW YORK ! La capitale économique et financière du monde vote pour son maire. ZOHRAN MAMDANI est en tête avec un programme franchement anti-Trump et même plus à gauche que le Parti démocrate.
Jeune, charismatique, socialiste, pro-palestinien, musulman, il a gagné l’opinion en promettant de geler les loyers, de rendre les crèches et les bus gratuits, de créer des épiceries municipales à prix réduit… tout ça étant financé par une augmentation des impôts.
Largement en tête dans les sondages, il est rattrapé par l’ancien gouverneur démocrate, le « sulfureux » Andrew Cuomo soutenu par Trump qui menace les New-Yorkais des pires punitions s’ils votent mal.
En mars 1997, Jacques Chirac n’a pas encore dissout l’Assemblée nationale. Alain Juppé, « le meilleur d’entre nous » (l’expression est de Jacques Chirac), est son premier ministre et Jean-Louis Debré son ministre de l’Intérieur. Le fils de Michel Debré veut, dans la droite ligne de ses prédécesseurs, encadrer les « conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France », en créant notamment un ficher des personnes hébergeant des sans-papiers en France. Ces dispositions vont susciter un vaste mouvement d’opposition de la part du monde culturel et artistique, parmi lequel ces 11’30 contre les lois racistes qui réunissent dix-neuf grands noms du rap français. Olivier Besancenot vous raconte les dessous de ce morceau devenu culte.
Inonder la zone de merde. Flood the zone with shit. Vous n’avez pas pu échapper à la vidéo de Trump suite à la manif « NO KINGS ». Même Sarkozy dans sa prison s’en est régalé et prévoit de s’en inspirer dès sa sortie contre toutes ces racailles.
Contre ces sept millions d’opposants « no kings » qu’il qualifie de « loosers », Trump applique à la lettre le principe de Steve Bannon, son illustre conseiller, ami de Marine Le Pen et gourou du nouveau fascisme : « chaque jour, nous devons leur balancer trois choses. Ils en mordront une et nous pourrons faire nos affaires. Bang, bang, bang, ils ne s’en remettront jamais. »
C’est la technique de l’hippopotame.
Saturer l’espace médiatique planétaire jour et nuit, choquer, émouvoir, influencer. Avec l’informatique, et maintenant l’IA, jamais la propagande n’a été aussi puissante et insidieuse dans l’histoire humaine. Rien que pour la France, avec plus de 500 000 citations dans les médias français pendant les six premiers mois de 2025, Donald Trump est deux fois plus cité que le président français Emmanuel Macron.
L’Amérique de Trump fait rêver la France de Bolloré et de Bernard Arnault, la France qui gagne, la France de demain. Ce numéro spécial du GUIDE DU DROITARD vous emmène à la découverte de cette Amérique grande à nouveau (great again) grâce à sa politique sur la sécurité, l’immigration, le fascisme écologiste, les services publics et surtout contre le wokisme !
Ce numéro spécial est aussi destiné à TOUTES LES FORTUNES FRANCAISES QUI S’APPRÊTENT A QUITTER LA FRANCE DE ZUCMAN pour retrouver le monde libre !
LES RICHES À VERSAILLES, LES PAUVRES SUR LA PAILLE !
LES HOMOSEXUELS, C’EST PAS NATUREL !
Voilà quelques-uns des slogans de la GRANDE MANIF DE DROITE à Paris le 12 juin 2007. C’était juste après la victoire de Nicolas Sarkozy le 6 mai et son discours triomphal place de la Concorde.
Enfin la vraie France osait s’exprimer dans la rue pour dire tout son rejet de l’esprit pervers et destructeur de MAI 1968 qui avait amené le pouvoir socialo-communiste de 1981. Cette MANIF de DROITE, à la fois acte de résistance et de vérité, fut une renaissance qui allait ouvrir la porte à la France qui vient !
Déserter « comme acte politique, philosophique, poétique pratique » !
Elle s’appelle Jeanne Mermet mais aucun lien de parenté, c’est une simple homonymie.
Elle est diplômée de l’École polytechnique, la plus prestigieuse de la République. Elle est de ce que Pierre Bourdieu appelle la « noblesse d’État ». Et pourtant elle déserte, elle refuse d’exercer ce métier d’ingénieure. Je refuse de nuire, dit-elle.
On se souvient des étonnantes déclarations des jeunes ingénieurs d’AGROPARISTECH en 2023 qui, diplôme en poche, ont refusé de collaborer à ce « système ». La vidéo a fait des millions de vues (voir notre MERCREDITO du 10 février 2023).
Et depuis ? Que devient ce mouvement ? Ce BIG QUIT ?
Simple poussée de fièvre avant de retourner du côté du manche après un peu de tourisme révolutionnaire ? Caprice de privilégié qui se la joue sauveur du monde en prenant la Bastille sur son compte Instagram ?
Le 27 octobre 2005, Zyed et Bouna, 15 et 17 ans, poursuivis par la police, courent se planquer dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (93). Pas la moindre infraction, pas le moindre délit mais la peur d’un contrôle alors qu’ils n’ont pas pris leurs papiers sur eux.
Jeudi 27 octobre 2005. 17h20. Deux policiers repèrent trois jeunes qu’ils soupçonnent de cambrioler un cabanon de chantier à Livry-Gargan, ville limitrophe à 800 mètres du transformateur. Les jeunes s’enfuient, rejoints par un autre groupe, soit au total entre 6 et 9.
Alors que la police procède à l’interpellation, une partie de la bande s’échappe. Les policiers coursent les fuyards mais abandonnent et conduisent 6 mineurs au commissariat.
Au moment où un fonctionnaire entame la rédaction de son rapport, panne d’électricité : Zyed et Bouna viennent de mourir, il est 18h16.
En ce temps-là, les propriétaires de France Inter parlaient dans leur radio.
Les propriétaires, c’est-à-dire les auditeurs. France Inter étant un service public entièrement financé par le public, il était donc normal que nous autres, animateurs ou journalistes, nous leurs laissions un peu la parole. Aussi chaque jour, pendant une vingtaine d’années, ils ont pu laisser des messages, qui, soigneusement choisis par l’équipage de Là-bas, étaient diffusés en début d’émission.
Ce fut une petite révolution. À côté des hauts parleurs et des beaux parleurs, ces voix apportaient d’autres airs. On les croyait immédiats, provisoires, en passant, mais au contraire avec les années ils deviennent des témoignages, des documents, ils disent une époque. Exemple cette émission « spéciale messages » suite au drame de Clichy-sois-Bois et aux émeutes qui gagnent tout le pays.
Avec en prime la voix du génial et modeste ALAIN REY qui décortique le sens et la sève du mot « RACAILLE » !
Vous pensiez que la chanson ultra-célèbre de Cesária Évora évoquait le mal du pays, la nostalgie des plages du Cap-Vert, de leur sable fin et de leur eau turquoise ? Eh bien pas tout à fait, car c’est plutôt la nostalgie de la liberté et de l’émancipation dont il est question. Olivier Besancenot vous raconte le combat anti-colonial qui se cache derrière les paroles et la mélancolie chantée par la « diva aux pieds nus ».
« Assommons les pauvres ! » C’était le programme proposé par Baudelaire en 1869 dans l’un de ses fameux « petit poème en prose ».
Jean-Paul Delahaye s’est inspiré du poète pour trouver le titre de son roman : Frapper les pauvres. Jean-Paul Delahaye ? Inconnu du grand public, il est pourtant l’un des meilleurs connaisseurs en France du système éducatif.
Depuis la bourse qu’il a obtenue il y a 60 ans pour étudier au lycée d’Abbeville, dans la Somme, il a gravi tous les échelons de l’éducation nationale jusqu’à en devenir la tête, à savoir « directeur général de l’enseignement scolaire ». C’est comme ça qu’on appelle le « numéro 2 » du ministère de l’éducation nationale, chargé de la mise en œuvre de la politique décidée par le ministre. On était alors en 2012, le président de la République s’appelait François Hollande et son ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon.
Quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015, le philosophe Alain BADIOU donnait une conférence devant une salle comble pour, disait-il, « aider à ce que les meurtres de masse du vendredi 13 novembre, à Paris et à Saint-Denis, soient pensés au-delà des indispensables affects : horreur, barbarie, stupéfaction ». Il est rare que des intellectuels se risquent à analyser à chaud de tels évènements au moment même pourtant où le choc de l’émotion offre une opportunité à l’autoritarisme. Devant les victimes, devant tout un pays en état de choc, le pouvoir politique de l’époque répondait par « la guerre » et l’état d’urgence.
Extermination, déportation. Comme des métastases, le massacre de Gaza répand effroi, haine et aveuglement. Il est urgent de comprendre les racines de ce conflit qui a commencé bien avant le 7 octobre 2023. Dans cette étude historique et juridique implacable qui remonte à la naissance du sionisme, Monique Gemillier-Gendreau, grande spécialiste du droit international, montre que jamais Israël n’acceptera de reconnaître un État Palestinien vivant à ses côtés. D’autant qu’aujourd’hui, au massacre des êtres s’ajoute le massacre du droit. Adossé à la toute puissance des États-unis, le pouvoir israélien viole depuis toujours le droit international en toute impunité. C’est pourtant le moyen le plus important pour sortir de cette guerre coloniale qui n’en finit pas. La force du droit contre le droit de la force. C’est la conviction de l’autrice : « ramener le conflit sous la lumière du droit »
OMER BARTOV, historien israélien de la Shoah, dénonce l’aveuglement et la lâcheté devant le génocide de Gaza et s’inquiète de la radicalisation de la société israélienne. D’autres historiens de l’Holocauste comme Daniel Blatman ou Amos Goldberg ne cessent d’alerter sur le crime en cours, en direct, au vu et au su du monde. Autant de voix qui peinent à passer à travers l’énorme soutien, l’énorme indifférence et l’énorme ignorance.
Dans cette première partie de notre entretien, Sylvain Cypel, qui connaît depuis longtemps la scène américaine, éclaire ce divorce entre juifs américains et juifs israéliens « engoncés dans le tribalisme ».