LÀ-BAS Hebdo n°46

SYNDICATS DEBOUT ? Dialogue entre Frédéric Lordon et Jean-Pierre Mercier Abonnés

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Voilà maintenant un mois que le mouvement Nuit Debout se réunit sur les places publiques, et que tout le monde y appelle de ses vœux la « convergence des luttes ». Convergence des luttes. Beau slogan, vieux slogan qui ne date pas d’hier. En 1968, il y avait la Sorbonne et Sochaux. En 1995, Pierre Bourdieu et les grévistes en lutte contre Juppé.

Le 30 mars dernier à Tolbiac, la veille de la première Nuit Debout, c’est Frédéric LORDON qui a lancé le premier pavé dans la mare : « Nous ne revendiquons rien. » De quoi faire bondir celles et ceux qui luttent au quotidien, et dont les revendications ont permis des avancées sociales depuis des décennies.

Alors quelle convergence possible entre Nuit Debout et les syndicats mobilisés contre la loi El Khomri ? À quoi sert un intellectuel dans un mouvement social et politique ?

D’un côté, un chercheur, universitaire, économiste, philosophe, propulsé malgré lui figure du mouvement Nuit Debout, depuis le 31 mars dernier. Agitateur malgré lui, car « la Nuit Debout n’a besoin de personne pour s’agiter toute seule. » Pour autant, Frédéric LORDON cherche à être un intellectuel qui « serve à quelque chose en politique. »

De l’autre, un syndicaliste, délégué CGT au groupe PSA, qui s’est battu contre la fermeture du site PSA-Aulnay, militant de Lutte Ouvrière. Jean-Pierre MERCIER se présente comme un « ouvrier communiste révolutionnaire ».

Ni porte-parole, ni représentant, Frédéric LORDON fuit la peoplisation du système médiatique qui cherche à en faire le « gourou » de la Nuit Debout. C’est pourquoi il décline toutes les sollicitations des médias français. Il fait une exception pour Là-bas si j’y suis et pour cette rencontre avec Jean-Pierre MERCIER. Un dialogue stimulant, à écouter en intégralité dans sa version RADIO, et à retrouver bientôt en VIDÉO dans une version courte.


Entretien : Daniel MERMET


Les différentes séquences de l’émission :

01. Vos messages sur le répondeur
Là-bas si j’y suis


La reprise du travail aux usines Wonder, un documentaire de Jacques Willemont (1968)

Lorsque l’équipe d’étudiants en cinéma se présente dans la matinée du 09 juin 1968 à l’entrée de l’usine Wonder pour filmer son occupation depuis trois semaines par les ouvriers, ceux-ci viennent de voter la reprise du travail. Une jeune femme refuse de rentrer. Elle crie : « Je ne rentrerai pas, non je ne rentrerai pas », « je ne veux plus refoutre les pieds dans cette taule dégueulasse . » Autour d’elle des ouvriers s’attroupent. Les délégués syndicaux, artisans de la reprise, s’approchent et tentent de la calmer. Un étudiant de passage met de l’huile sur le feu.

réalisation : Jacques Willemont
caméra : Pierre Bonneau
son : Liane Estiez-Willemont

Programmation musicale :
 Les Octaves : Nous ne bougerons pas
 NTM : Qu’est-ce qu’on attend

Marie GALL attend vos messages sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.

entretien : Daniel MERMET
chronique : Gérard MORDILLAT
réalisation : Jérôme CHELIUS
montage : Grégory SALOMONOVITCH
photos : Jeanne LORRAIN et Jonathan DUONG

(Vous pouvez podcaster cette émission en vous rendant dans la rubrique « Mon compte », en haut à droite de cette page.)

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

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