BLACK BLOC. Rencontre avec l’historien FRANCIS DUPUIS-DÉRI (VIDÉO et PODCAST)

Black blocs : des idiots utiles ou des alliés efficaces ? Abonnés

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Pour eux, leur violence est insignifiante et purement symbolique face à l’énorme violence du capitalisme et de l’État qui, lui, détient le monopole de la violence. Pour les uns, ils sont des idiots utiles qui, par leur violence, permettent au pouvoir de discréditer les luttes populaires, des alliés objectifs du grand capital, en somme un genre de milice macroniste. Pour d’autres, qui s’empressent de dénoncer par principe toute violence, ils sont en fait des alliés dont la pression est efficace, surtout lorsque les très jeunes s’en mêlent comme aujourd’hui. Retrouvez cet entretien de 2019 avec Francis Dupuis-Déri, historien de l’anarchie, autour de son livre Les Black blocs. La liberté et l’égalité se manifestent (Lux, 2019).

Après des semaines de mobilisations parfaitement encadrées, avec des manifs énormes jusque dans les moindres bourgades, avec des grèves plutôt bien comprises et même soutenues par un pays unanimement opposé à un allongement de l’âge de départ à la retraite, rien n’a été obtenu, au contraire, le pouvoir a imposé son projet par décret au mépris de tout débat, ce qui a provoqué la violence dans les manifs, mais seulement à partir de là. C’est nettement le mépris du pouvoir qui a déclenché ces « débordements » qui sont, pour ce pouvoir, le moyen classique d’enclencher le pourrissement du conflit et le discrédit de la contestation. Sauf que la mobilisation ne fléchit pas, le pouvoir est toujours aussi impopulaire et au contraire, devant la violence, il propose des négociations. Le rapport de force est engagé.

Les mots comme « lutte » et « combat » sont devenus des euphémismes symboliques, mais les affrontements actuels font le lien avec toutes les violences et toutes les guerres sociales d’où sont nées parfois des progrès et parfois des monstres.

Dans la manif, il y a les gentils manifestants et il y a les méchants manifestants. Le pouvoir et les vrais grands médias ne cessent de vous le répéter. Il y a le brave peuple naïf et sincère (en jaune), mais hélas il y aussi ces casseurs, ces « black blocs » (en noir).

Mais qui sont ces bêtes noires ? Des idiots utiles ou des alliés efficaces ? Professeur de science politique à l’université de Montréal, Francis Dupuis-Déri, chercheur engagé, les connaît depuis longtemps de l’intérieur. La violence de la rue a montré la violence mille fois plus violente de l’arrogance des riches, du chômage, de la précarité, des inégalités et de la destruction des ressources humaines et naturelles.

Depuis longtemps, Francis Dupuis-Déri regarde le monde à travers le prisme de l’anarchie. Soit l’ordre moins le pouvoir. L’anarchie a une histoire multiple et têtue. Une manière de voir et de faire qui peut inspirer les temps qui courent devant l’histoire qui nous mord la nuque.

Daniel Mermet

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  • Les Black blocs. La liberté et l’égalité se manifestent

    Qui sont les black blocs, ces manifestants cagoulés, vêtus de noir, s’attaquant aux symboles du capitalisme et de l’état ? D’où viennent-ils ceux que les pouvoirs désignent comme des « casseurs, voire de terroristes ? Professeur de sciences politiques à l’université du Québec à Montréal, ancien militant dans des collectifs de sensibilité anarchiste, dresse leur portrait, leur histoire, leur rapport à la violence politique, les sources de leur rage, les critiques à leur égard et la violence de l’état contre eux. Ce livre est à sa quatrième édition tant l’intérêt pour ce livre est grand et tant l’évolution de ce mouvement est rapide.

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Une nouvelle traduction de « 1984 », de George Orwell, aux éditions Agone. Entretien avec Thierry Discepolo (RE) LIRE ORWELL AbonnésVoir

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George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre Islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de 1984. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.

Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.

Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. »

L’édito du mercredi, c’est le Mercredito ! par Daniel Mermet (VIDEO et PODCAST) Le Mercredito #09 : Pouvoir d’achat : les riches jettent des goodies aux pauvres, mais comment euthanasier les rentiers ? AbonnésVoir

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Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, s’est juste augmenté de 52% cette année, ça lui fait un petit 6 millions annuel, soit 500 000 euros chaque mois. Mais il pense à ses actionnaires qui ont reçu 8 milliards cette année, comme ça, sans rien faire, en dormant. Pensez-y en faisant le plein à la pompe en partant au boulot.

Un conte de Daniel Mermet Histoire du petit singe lécheur AbonnésLire

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C’était un petit singe qui chaque matin et chaque soir léchait les pieds de l’Empereur. Il le faisait si bien, avec tant de zèle, en poussant même des petits soupirs de plaisirs, que certains esprits s’en étonnaient.

Un jeune bonze un jour lui demanda :

« Est-ce que tu subis des pressions ? »

Le petit singe lécheur éclata de rire :

« Des pressions ? pas le moins du monde, je suis libre, je lèche comme je veux, jamais l’Empereur ne me demande quoi que ce soit, libre je suis ! »

Le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme ! Ben oui, mais comment ? Frédéric Lordon/Christophe Clerc : la controverse [INTÉGRALE] AbonnésÉcouter

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Quand le grantintélo de gauche publie un livre pour intellos de gauche, il y a quelques critiques, quelques entretiens, quelques rages et quelques pâmoisons. Mais rarement de débat critique et articulé, très rarement de controverse attentive et construite. C’est ce que nous a proposé Christophe Clerc, avec le livre de Frédéric Lordon, Figures du communisme. Un livre que nous avions trouvé important et stimulant, et dont Lordon était venu nous parler.

Christophe Clerc, lui-même chercheur (et avocat), est depuis longtemps un lecteur attentif et critique de Lordon. Il a voulu aller plus loin avec les propositions de ce livre, en proposant un débat point par point, en longueur, ce que Lordon a accepté.

Pour préparer cette controverse, Christophe Clerc a enregistré cinq objections, cinq brèves « chroniques lordoniennes » qu’il a soumises par avance à Lordon afin de rendre ensuite le débat plus éclairant :

- chaque jour de cette semaine, nous diffusons donc les cinq brèves CHRONIQUES LORDONIENNES de Christophe Clerc (podcast et texte) que vous pourrez commenter sur le forum de Là-bas

- et la semaine prochaine, le 12 septembre, nous diffusons « LORDON/CLERC, LA CONTROVERSE », en cinq épisodes vidéo et podcast (avec la participation exceptionnelle de Gérard Mordillat !).