-
- [RADIO] Qui a peur de Netflix ? [INTÉGRALE]
- Écouter dans une nouvelle fenêtre
Née en 1997 comme une petite société de location de DVD par voie postale, Netflix est devenue vingt ans plus tard un acteur majeur de la diffusion et de la production de films et de séries en ligne.
En 2018, l’entreprise a investi plus de huit milliards de dollars dans la production [1]. Son nombre d’abonnés – 139 millions dans le monde pour l’instant – ne cesse de croître de façon exponentielle. En France, Netflix a gagné 1,5 millions d’abonnés en un an, et dépasse désormais les 5 millions, soit plus que Canal+, leader historique de la télévision par abonnement en France [2].
L’entreprise américaine cotée en bourse séduit donc les spectateurs du monde entier par son offre de films et de séries de plus en plus diversifiée, mais vient bouleverser en France un secteur très réglementé dont elle se tient soigneusement à l’écart. Si le film Roma du mexicain Alfonso Cuarón a gagné le Lion d’or à la Mostra de Venise, les films Netflix sont toujours bannis des festivals français, tant qu’ils ne sont pas projetés en salles. Or si Netflix acceptait de diffuser un film en salles, la plateforme devrait attendre trois ans pour le proposer à ses abonnés selon la « chronologie des médias » française, pensée pour préserver les salles de cinéma et la diversité de la production. Une contrainte impensable pour Netflix, qui refuse également de contribuer au financement du cinéma français (comme le font tous les acteurs de la filière en France), tout comme elle ne paie pas d’impôt sur les bénéfices en France.
Bref, à l’image d’autres plateformes comme Uber ou Airbnb, Netflix enfonce la porte d’un secteur, grâce à l’attractivité de ses services et en s’affranchissant des règles. Alors Netflix va-t-elle tuer les salles de cinéma ? Mais les films et les séries produites par Netflix valent-elles vraiment le coup de s’inquiéter ? Qui a peur de Netflix ?
Un entretien de Jonathan Duong avec Thibault Henneton, journaliste, auteur de l’article « Les recettes de Netflix » dans Le Monde diplomatique de février.
Programmation musicale :
Théo Sarapo : J’préfère aller au cinéma