En mars 17, c’est d’abord les femmes qui se soulèvent à Petrograd, pour le pain, pour la paix, contre le tsar. À l’Ouest, c’est la guerre, les hommes meurent par milliers sur le front, en quelques semaines la révolte gagne, le tsar abdique, soldats et ouvriers s’unissent, c’est la création du soviet de Petrograd, Lénine en train rentre de son exil, la Révolution a donné le pouvoir à la bourgeoisie, c’est le prolétariat qui doit prendre le pouvoir.
Le 7 novembre 1917, l’insurrection est victorieuse. Un beau jour, mais beaucoup de lendemains, et des lendemains qui ont plutôt déchanté. Comment une telle espérance a pu virer au totalitarisme et à la terreur sanglante ? C’était fatal ou non ? Un siècle plus tard, les questions sont toujours là. Est-ce qu’il y a des choses à garder dans toute cette histoire ? L’horreur stalinienne a-t-elle à jamais aboli le vieux rêve communiste du Manifeste ? Il y a trente ans, lors de la chute du mur, ces questions ne se posaient même plus, c’était la fin de l’Histoire, mais aujourd’hui, devant les désastres sociaux et environnementaux, c’est tout le système néo-libéral qui est de plus en plus rejeté. Il y a ceux qui voient le monde comme il est et qui ne demandent pas pourquoi, et il y a ceux qui voient le monde tel qu’il pourrait être et qui demandent pourquoi pas. Bien sûr, l’histoire ne repasse pas les plats, mais ceux qui ne renoncent pas encore, ceux qui osent poser la question de l’émancipation humaine peuvent trouver et retrouver dans les gravats du commencement de cette histoire ce qu’Edgar Quinet appelait « la foi dans l’impossible ».
Un entretien de Daniel Mermet avec Marc Ferro, historien, et Olivier Besancenot, du Nouveau Parti Anticapitaliste.