On est tout mou, on est tout flou, on est à bout et voilà une colère qui fait du bien, « QUE CRÈVE LE CAPITALISME ! » Pour Hervé KEMPF, il n’y a pas d’arrangement. L’oligarchie est aujourd’hui une caste criminelle. On ne la convaincra pas, on la contraindra. Des stratégies de résistance sont nécessaires, possibles et nombreuses.
L’adversaire est puissant, il est malin, et surtout il est en nous-mêmes. Pas facile de reconstruire le navire alors qu’on navigue tous à bord. Pourtant, il y a urgence et il y a évidence. La catastrophe écologique est enclenchée, la crise du coronavirus a fracturé le monde entier. En saccageant le service public de la santé, le capitalisme a transformé un épisode grave, mais gérable, en désastre. En poursuivant la destruction des écosystèmes, il a mis en contact des virus mortels avec la population humaine. En aggravant les inégalités, il a plongé des dizaines de millions de personnes dans la misère.
Peu importe. Pour le capitalisme, l’avenir sera technologique, fondé sur la numérisation et l’intelligence artificielle. Il conduira à une nouvelle élite hybridée avec les machines. Et la masse de l’humanité sera rejetée dans le chaos climatique, au prix d’un apartheid généralisé. Pour Hervé KEMPF, il faut rejeter cette vision mortifère et entrer en lutte. Le capitalisme vacille. Et c’est tant mieux : il est temps que s’ouvre le monde nouveau.
Un entretien de Daniel MERMET avec Hervé KEMPF, rédacteur en chef du site Reporterre, auteur du livre Que crève le capitalisme. Ce sera lui ou nous (Seuil, 2020).